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Un écrivain atypique et un dramaturge hors du commun
Publié dans La Nouvelle République le 05 - 11 - 2019

Romancier de grande envergure, Kateb a été aussi poète de vocation et dramaturge de talent au style inclassable donnant à voir des scènes historiques et authentiques de la société algérienne.
Nul homme de plume n'a pu réussir une aussi belle renommée pour sa brillante carrière au cours de laquelle il a produit une œuvre immense faite de nombreux et beaux textes journalistiques, de romans, de nouvelles, de pièces de théâtre. A titre indicatif, il nous a été donné de relire un petit texte édité par le journal où il a travaillé qu'il a composé en 1949 et paru par le même journal «Alger Républicain ; c'est d'une beauté incomparable tant par le fond que par la forme. Il a décrit en style esthétique un après midi d'une journée de ramadhan en une vingtaine de lignes d'un petit texte plein de poésie, de la taille d'un fait divers extrêmement condensé où tout a été dit moyennant de belles images métaphoriques où rien n'a été omis de ce moment d'une journée de ramadhan décrit à la manière d'un grand artiste qui fait une peinture minutieuse.
Telle est la manière d'écrire de Kateb dont chaque phrase d'un contenu très condensé peut être commenté à l'infini. Cet écrivain à la plume bien affûtée avait ses moments préférés pour écrire. Quand il avait un long projet d'écriture, un roman ou une pièce théâtrale, il s'enfermait pour un temps. «Quand j'écris, je suis comme un torrent sous un orage inattendu» disait-il, quand il se mettait à écrire. Kateb Yacine a connu une adolescence perturbée. A seize ans, il a été exclu du lycée de Sétif pour avoir pris part à la révolte de 1945, alors qu'il y était un excellent élève ; ce qui a gâché sa scolarité qui lui aurait permis de se destiner à une brillante carrière universitaire et à une branche professionnelle pour devenir un génie.
Ses études qui auraient fait de lui un génie s'il avait poursuivi ses études ; il les a arrêtées en 3ème de l'ancien temps à cause de la répression. Devenu libre, Kateb va s'adonner à la lecture des grands auteurs comme Faulkner et de l'ensemble du théâtre grec. Comme c'était quelqu'un d'extrêmement intelligent et qu'il retenait tous les ouvrages qui lui passaient sous la main, il est devenu un génie de la pensée et de l'écriture.
Œuvre romanesque de Kateb
Ses romans sont de vrais chefs d'œuvre construits selon la technique du nouveau roman, pas de linéarité. Il n'y a ni début ni fin, quand on lit on tourne en spirale. Bien des lecteurs ne sont pas arrivés à déchiffrer un roman de Kateb tant ils sont denses et font tourner en rond. Il n'y a pas d'histoires linéaires avec un début, une fin, un déroulement en plusieurs étapes, un dénouement comme dans tous les romans traditionnels. Le roman de Kateb Yacine se déroule en suivant le mouvement de la pensée de chacun, celles des personnages qui interviennent tour à tour, c'est la raison pour laquelle le lecteur non averti s'embrouille et n'arrive pas à saisir la trame du roman. On connait de Kateb deux romans : «Nedjma» et «Le Polygone étoilé», ce qu'ils ont de particulier, c'est qu'on retrouve les mêmes personnages, y compris dans les œuvres théâtrales.
Certains critiques ont même osé dire que Kateb est l'auteur d'un seul livre. Mais si les acteurs sont les mêmes, le contenu est à chaque fois différent. L'autre particularité chez Kateb, c'est que le roman est aussi une pièce théâtrale et un long poème. «Nédjma et Le Polygone étoilé» peuvent être joués comme des tragédies, et de vraies portent parce qu'ils en eux des péripéties de la révolution, les années de la colonisation où la vie avec la communauté européenne est insupportable, celles des exploiteurs se méfient toujours des exploités. Là-dessus, il y a un une scène qui illustre bien cette situation dans «L'exception et la règle» de Bertold Brecht.
«Nedjma» éponyme du roman est un personnage féminin, une héroïne Nedjma est une actrice pas comme les autres, on ne sait pas à qui elle appartient, et c'est un personnage mythique et symbole du pays. Il en est de même des autres acteurs non négligeables avec chacun sa symbolique et son rôle : Lakhdar, Mustapha, Rachid, Keblout. Et dans le roman, chaque mot a un sens comme la phrase la mieux constituée jusqu'à la moindre onomatopée, tout est d'un grand poids sémantique. Jugez-en par cette phrase : «L'Algérie qui n'en finit pas de venir au monde». C'est une belle phrase et il y en a de plus belles. Ces quelques phrases du Polygone Etoilé» peuvent susciter aussi un intérêt pour la lecture du roman. «Mon père versifiait avec impertinence, et ma mère souvent lui donnait la réplique, mais elle était surtout douée pour le théâtre. Que dis-je ? A elle seule, elle était un théâtre.
Œuvres théâtrales de Kateb yacine
C'est le domaine qui l'a le plus intéressé et où il a été prolifique après celui des articles de presse. Kateb a fait ses débuts dans la presse, très jeune il a travaillé à Alger Républicain. De nombreux textes ont paru sous sa signature, selon le même style. Ces articles ont été rassemblés pour être édités, le nombre a donné un livre assez copieux qui se vendait dans les librairies, partout en Algérie, parce que c'est d'une lecture enrichissante.
Cependant, le théâtre occupe une bonne place, la plus importante par rapport au reste de sa production littéraire. Kateb avait des idées géniales et une forte inspiration. En mettant bout à bout des histoires de Djeha, il a produit une comédie assez consistante qui, mise en scène et jouée par des comédiens de talents, a donné la preuve que le spectacle de rue peut être suffisant pour alimenter les écrivains en mal d'inspiration.
La comédie a été remarquablement intitulée «La Poudre d'intelligence». Mais la révolution libératrice a été pour Kateb la principale source d'inspiration. «Le cadavre encerclé» c'est une tragédie de la guerre de libération telle qu'elle été vécue par les Algériens des villes et des montagnes. Kateb l'a composée pendant la guerre et qu'elle a été mise en scène par Jean Marie Serreau, en Belgique en 1958. Il y a retracé quelques péripéties importantes du climat de répression subi par le peuple face à l'armée ennemie qui a utilisé toutes les méthodes pour venir à bout de la lutte de libération nationale.
La pièce a été structurée selon les pièces de théâtre de la Grèce antique : Le chœur, le coryphée, les mêmes personnages que les romans. Dans les pièces de Kateb, nous retrouvons Nedjma, Lakhdar, Hassan, Mustapha, Marguerite, l'avocat le défenseur des causes justes, l'ouvrier, noms symboliques. Il y'a le coryphée qui interviennent en chantant, le chœur. On voit à quel point le théâtre de Kateb est un théâtre qui peut être joué sur la place publique comme le théâtre de Sophocle, d'Euripide, ou D'Eschyle destinée à être joué devant un public d'ouvriers, de marchands, de tout le monde qui constitue le peuple. Après une belle conférence donnée, on l'a vu avec sa troupe de Bel-Abbès, jouer à la salle des actes de l'université d'Alger, une séquence qui a émerveillé le public, surtout que l'ensemble des acteurs a exécuté en chœur un chant qui rentrait dans la structure de la pièce. Une autre tragédie de Kateb porte sur les ancêtres, thème essentiel pour tout Algérien voulant chercher ses racines c'est-à-dire ses origines.
Cette tragédie s'intitule «Les ancêtres» redoublent de férocité. C'est une pièce dure à suivre, mais c'est une merveille surtout qu'on y fait jouer un vautour tournant au dessus de tout le monde et qui incarne l'omniprésence des ancêtres comme pour dire aux vivants : agissez mais soyez dignes de vos aïeux qui vous regardent en permanence. Sur le plan théâtral, on n'a pas connu de dramaturge aussi prolifique que Kateb Yacine. Il a écrit et fait jouer «La guerre de deux mille ans», un travail de génie, puis l'autre chef d'œuvre «L'homme aux sandales en caoutchouc», toutes ont été conçues dans la perspective de la défense des causes justes.


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