« La meilleure façon de prévoir l'avenir est de le créer. » Nul ne doute que gérer dans des circonstances exceptionnelles exige une capacité non seulement de compréhension du contexte, mais également la possibilité de prévoir les retombées de ses décisions. «La gestion dans les crises exige une anticipation claire et précise des conséquences à long terme. » (Michael Porter). Nonobstant les secteurs d'activités, l'application des textes réglementaires rigides peut produire des effets néfastes sur la question à traiter, et elle peut même aggraver la situation. Certes, gérer est un art ; néanmoins, il n'est pas uniquement qualifié par des performances numériques. Atteindre les objectifs assignés peut donner la priorité à des considérations sociales, humaines ou même sécuritaires. « Les résultats ne sont pas toujours mesurables par des chiffres, mais par la manière dont nous influençons la vie des autres. » (Peter Drucker). La gestion selon les besoins du terrain Être un bon gestionnaire, c'est avoir la capacité de prendre la décision qu'il faut, au moment qu'il faut, de la manière qu'il faut. « Le gestionnaire compétent est celui qui sait quand faire preuve de flexibilité. » (Henry Mintzberg). Il s'agit parfois même de contournement de la réglementation par le gestionnaire pour ne pas dire la transgresser. L'esprit de géométrie chez le décideur garantit une solution convenable à la crise ou à la rigueur la diminution de ses aléas. Le politicien, qualifié de menteur, monte effectivement toute pièce pour servir l'intérêt de la communauté. Être diplomatiquement compétent ne peut nullement être limité à la maîtrise des dossiers politiques que le politicien a entre les mains, mais également aux capacités de négociation, de prévision ; il doit être charismatique et capable de sensibiliser. Des capacités de lobbying sont un atout. « Le charisme, c'est la capacité à rayonner de la force intérieure même dans les moments les plus difficiles. ». (Nelson Mandela). La compétence et la réalité sociale Charger un diplomate de missions diplomatiques ne signifie pas toujours que les compétences administratives ou son bagage cognitif soient les critères les plus importants, mais plutôt sa capacité à traiter dans les coulisses des affaires qui peuvent échapper aux communs des mortels. « La compétence est la capacité de transformer les défis en opportunités. » (John F. Kennedy). La compétence relative à l'application rigoureuse des textes et le respect des dispositions réglementaires contenues dans les textes promulgués pour gérer la chose publique doit être mise en balance avec les exigences du terrain. « Un leader n'est pas celui qui suit les règles, mais celui qui sait quand il est nécessaire de les enfreindre. » (Steve Jobs). La compétence en temps de crise Lorsque Paul Valéry dit « Un homme compétent est un homme qui se trompe selon les règles », il cautionne l'idée d'une compétence incompétente. L'Algérie est une nation riche socialement, culturellement et géographiquement. La dimension culturelle de sa composante humaine présuppose de prendre en considération la réalité quotidienne et la structure hiérarchique de la communauté. Nommer une femme comme responsable à la tête de certaines structures et dans certaines régions peut avoir un effet escompté, car la compétence dans son acception classique peut refléter une incapacité de s'adapter aux exigences du terrain. « La compétence ne réside pas seulement dans le savoir, mais dans la capacité à s'adapter à des situations inédites. » (Albert Einstein). L'importance de l'accompagnement militaire et civil L'institution militaire, certes, est basée sur la discipline, mais la dimension relationnelle et affective est grandement présente lorsque l'institution militaire est appelée à accompagner les autorités civiles dans la gestion du quotidien des citoyens. « La cohésion militaire est la clé de la stabilité dans une nation en crise. » (Général Charles de Gaulle). Les décisions d'accompagnement de l'institution militaire des établissements publics civils doit être vu comme un renfort des capacités et une assistance valeureuse, car cette assistance reflète un sacrifice et une charge additionnelle à applaudir et non pas a voir avec suspicion. Les dépassements et les dérives de toutes sortes qui sont connus par tous dans nos administrions et si des dépassements peuvent exister mêmes au sein des établissements militaires, elles sont moins significatifs en les comparant avec le secteur publique. Gérer la collectivité : Etre compétent et ne pas être incompétent. Evoquer la gestion des collectivités territoriales présuppose une démocratie participative qui se distingue localement, ce qui pousse le législateur algérien à laisser une marge de manœuvre aux citoyens de la commune d'agir en conformité avec les impératifs locaux. Si gérer est un n'est pas un model standard. Gérer peut également signifier gérer les mentalités sans s'ingérer dans les motivations de la nomination des responsables à tous les niveaux, qui peut relever des considérations d'ordre exclusivement exceptionnel. « Une démocratie qui fonctionne est une démocratie dans laquelle la population est impliquée à tous les niveaux. » (Abraham Lincoln). La gestion et la confiance du citoyen Relever certains responsables de leurs fonctions peut soulever de multiples réactions d'indignation de la part soit des subordonnés, soit des partenaires sociaux, à l'instar de la signature des pétitions ou des slogans d'indignation des citoyens. Toutefois, la prise de décision et ses aboutissants ne peuvent être connus du citoyen ordinaire. Le bagage académique et le diplôme sont importants, mais pas suffisants pour faire du gestionnaire un artiste en gestion. « La confiance en gestion est la pierre angulaire du succès organisationnel. » (Stephen Covey). Bien gérer, c'est bien générer la quiétude, la satisfaction et le sentiment d'appartenance au même destin. « La gestion efficace est la gestion qui inspire confiance. » (Warren Bennis). La notion de compétence : plus qu'un savoir-faire Avoir confiance, c'est être confiant. Renforcer le front interne décidé par les pouvoirs publics ne doit pas perdre de vue que « pêcher dans l'eau trouble » par les guetteurs trouve du terrain fertile pour semer le trouble et la zizanie entre les composantes des communautés. Relever un responsable de ses fonctions ne doit pas toujours être vu comme une sanction ; il peut être une récompense dans l'optique de faire passer le flambeau aux autres cadres de la nation pour servir à leur tour la communauté. La sanction n'est pas de relever, mais d'incarcérer. Relever, c'est permettre aux personnes de se disposer. » (Pablo Picasso). Gestion et rentabilité : les enjeux de la société D'autre part, les exigences de l'efficience économique ne peuvent être généralisées, car elles ne sont aucunement la règle. Un établissement administratif à vocation sociale n'est pas censé satisfaire un besoin lucratif imminent. Sa vocation et la nature de ses missions ne peuvent pas être assujetties à la notion de profit. Le secteur de la santé, par exemple, vu sa vocation, reflète fort le slogan de « la santé n'a pas de prix, mais elle a un coût. » Un coût qui peut être fatal lorsque les dépenses faramineuses ne sont pas accompagnées de résultats concrets sur la santé des citoyens. Certes, »L'éthique doit toujours primer sur la rentabilité. » (Bill Gates). Une gestion à l'échelle nationale La nature stratégique des établissements étatiques exige l'impératif de mettre l'intérêt national avant toute priorité, car la sécurité n'est pas uniquement une sécurité territoriale. La sécurité alimentaire, sanitaire, la sécurité en eau et la sécurité énergétique, entre autres, doivent être considérées. « La sécurité énergétique est désormais un pilier fondamental de la stabilité nationale. » (Ban Ki-moon). Cette dernière devra refléter non seulement une compétence en production, mais également en raffinage en distribution et en accompagnement dans les marchés internationaux. Les secteurs stratégiques doivent être gérés par des sages, une sagesse décisionnelle, une sagesse prévisionnelle basée sur une lecture ,une structure qui aboutit à une rupture avec la crise. Conclusion La gestion en temps de crise, bien plus qu'un simple savoir-faire, exige une approche nuancée qui allie compétence, flexibilité et adaptation aux réalités sociales et culturelles du terrain. Comme le soulignent les grandes figures du management et de la politique, la véritable compétence ne réside pas uniquement dans l'application rigide de règles, mais dans la capacité à naviguer avec discernement dans l'incertitude, à prendre des décisions éclairées et à ajuster les stratégies en fonction des besoins immédiats et des enjeux à long terme. En ce sens, l'art de la gestion dépasse les frontières de la simple gestion des ressources pour englober des dimensions humaines, sociales et politiques essentielles à la réussite des missions en temps de crise. Les décisions doivent être guidées par un sens profond de la responsabilité, de la prévoyance et de la vision stratégique, tout en prenant en compte les spécificités locales et les contextes propres à chaque situation. De plus, la compétence ne se limite pas à un savoir académique ou technique, elle se mesure également dans la capacité à comprendre et à naviguer dans les dynamiques humaines et sociétales complexes. Cela implique de bâtir une relation de confiance avec les citoyens, de promouvoir une gouvernance participative et d'encourager l'engagement à tous les niveaux de la société. En conclusion, la gestion en temps de crise ou comme prévision de la crise est un défi de taille qui requiert un équilibre délicat entre compétence technique, leadership, sensibilité sociale et pragmatisme. À travers des exemples et des réflexions sur le terrain, il apparaît clairement que la gestion des crises ne se résume pas à une application mécanique des normes, mais à un véritable art de comprendre, d'agir et d'adapter les décisions aux impératifs du moment. Dans cette quête, la flexibilité, l'humilité et la vision à long terme sont les clés d'une gestion réussie et adaptée. Mohamed Koudded -Professeur, université de Ouargla Diplômé de l'Ecole Nationale d'Administration(ENA) Traducteur-interprète officiel agréée