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Le Pr Brahim Boulassel recommande la création de services de gériatrie au niveau des hôpitaux Prévention et lutte contre la maltraitance des personnes âgées
L'ancien médecin-chef du service de Médecine légale, du Centre hospitalo-universitaire (CHU) Nédir Mohamed de Tizi Ouzou, le Professeur Brahim Boulassel, évoque la maltraitance des personnes âgées. «On connaît bien les signes permettant d'identifier une maltraitance même si aucune grille de dépistage systématique n'est actuellement utilisée». «Pourtant, on constate que les signalements de ces maltraitances restent rares en comparaison avec l'ampleur de ce phénomène», déplore-t-il. Faisant remarquer que tous les types de maltraitance ont un impact psychologique grave, dominé par l'anxiété et la dépression. «Seules les personnes âgées violentées vues à la consultation médico-légale ont bénéficié d'une reconnaissance médico-légale», a-t-il fait savoir. La maltraitance, a-t-il dit, est un mauvais traitement, occasionnel, durable ou réputé, infligé à une personne que l'on traite avec violence, mépris, ou indignité. C'est un acte commis ou omis, auquel cas, on parle habituellement de négligence qui est soit intentionnelle, soit involontaire. La maltraitance peut être physique ou psychologique, avec des agressions verbales, notamment. Elle peut aussi passer par de mauvais traitements sur le plan financier ou matériel. «La maltraitance implique un rapport de pouvoir ou de domination entre l'auteur et la victime, qui est ainsi souvent dépendante et sans défense. Il arrive qu'un aidant et qu'un soignant se retrouvent dans la peau des agresseurs», a observé le Pr Boulassel. Notant que quel qu'en soit le type, la maltraitance entraînera certainement des souffrances ou des douleurs inutiles, la perte ou la violation des droits de la victime et une dégradation de sa qualité de vie. Recommandant la création de services de gériatrie au niveau des hôpitaux, pour la prévention et la lutte contre la maltraitance des sujets âgés, le Pr Boulassel a relevé que la maltraitance est un phénomène fréquent, sous-estimé et complexe qui doit être traité au cas par cas. «Il n'existe ni profil type de patient ni signes cliniques spécifiques», a-t-il poursuivi, rappelant que le signalement de ce phénomène qui s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de certaines dispositions de la loi n°10-12 du 29 décembre 2010, relative à la protection des personnes âgées, notamment son article 11 qui stipule que toute personne physique ou morale peut informer les autorités compétentes des cas de maltraitance ou de négligence à l'encontre de la personne âgée, est une des dérogations au secret professionnel. Pour cet hospitalo-universitaire, le questionnement éthique est indissociable de la pratique gériatrique pour tous les professionnels qui interviennent auprès des personnes âgées. «Tous les professionnels sont concernés, car l'éthique va confronter les décisions à prendre au moment où elles doivent être prises avec les valeurs auxquelles se réfèrent les membres d'une équipe qui partage une même responsabilité vis-à-vis du patient», a ajouté Pr Boulassel, affirmant que la fragilité qui se caractérise par une baisse des capacités de réserve et d'adaptation, est fréquente chez les personnes âgées. De là, a-t-il indiqué encore, naît leur vulnérabilité et de la vulnérabilité naissent de très nombreuses questions éthiques face aux interventions ou, au contraire, aux non-interventions des professionnels. «La vulnérabilité conduit naturellement au désir éthique de protéger ces personnes âgées mais on glisse très facilement de la protection à l'interdiction ou à l'obligation. ''Pour le bien du vieux'', familles ou professionnels décident à sa place ce qui est bon pour lui. Comment respecter les principes de dignité ?», a-t-il conclu.