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Face aux tensions budgétaires et au déficit de la balance commerciale, quels impacts sur le niveau des réserves de change ? Rapport de la Banque mondiale 2025
La Banque mondiale, dans son rapport de novembre 2025, a dressé un tableau contrasté de l'économie algérienne, mettant en relief des déficits jumeaux («Twin Deficits» en anglais), qui désignent une situation économique où un pays cumule simultanément un déficit budgétaire (dépenses publiques/recettes) et un déficit commercial (importations supérieures aux exportations), une politique budgétaire expansive (déficit) pouvant entraîner une augmentation des importations et une dégradation du solde courant, créant ainsi ce lien entre les deux déficits. Autre conséquence du fort déficit budgétaire et de la dégradation de la balance commerciale, montrant à la fois une faiblesse de la planification stratégique et une monétisation progressive du déficit avec le recours à la planche à billets, source d'inflation compressée artificiellement par l'important, montant des transferts sociaux et subventions généralisées et non ciblées, se creuse également l'écart entre le cours officiel et celui du marché parallèle entre novembre et décembre 2025 est passé en 5 cinq années de 50% à 80%, s'orientant vers 300 dinars un euro, étant coté, le 3 décembre 2025, à environ 282 dinars/un euro,après avoir franchi fin novembre 292 dinars/un euro, favorisant les actions spéculatives. La monnaie n'est qu'un signe, ne crée pas de valeur contrairement à cette vision bureaucratique de certains experts de soustraire un zéro aux billets de banques ou changer monnaie (voir les expériences négatives du Venezuela et de l'Argentine) ne s'attaque pas au fondement de sa réelle valeur, à savoir l'accroissement de la production et de la productivité interne dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux. C'est que le cours officiel du dinar algérien est tenu par le niveau des réserves de change en baisse provenant essentiellement de la rente des hydrocarbures qui tiennent la cotation officielle du dinar à plus de 70%. L'importance du déficit budgétaire (trop de monnaies en circulation ne correspondant pas au niveau de l'offre) et de la balance commerciale ne font qu'accroître la sphère informelle dont le montant circulant hors banques, selon la Banque d'Algérie, a affiché un taux de croissance de 8,6 % en 2023 contre 10,1 % en 2022, passant ainsi de 7 392,81 milliards de dinars à fin décembre 2022 à 8 030,76 milliards de dinars à fin décembre 2023. Ces indicateurs expliquent en grande partie l'écart entre le cours officiel et celui du marché parallèle, qui en novembre 2025, est à environ 80%. Les hydrocarbures irriguent directement et indirectement via la dépense publique à environ 70% le PIB et donc, la majorité des secteurs économiques publics et privés dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15% en 2024. Les exportations hors hydrocarbures (source BM et rapport Banque d'Algérie), à ne pas confondre avec l'accroissement de 4% en 2024 dans le PIB sont passées de 6,9 milliards de dollars en 2022, à 5,01 en 2023 et à 4,60 en 2024 et les IDE constitués en majorité du secteur des hydrocarbures, loin des potentialités ont été en 2024, selon la CNUCED pour l'Algérie que de 1,4 milliards de dollars 16e position en Afrique et avec un léger accroissement, selon le dernier rapport de la BM qui note environ 1 milliards de dollars pour le premier semestre 2025, mais montant largement insuffisant par rapport à l'important déficit budgétaire pour insuffler une véritable dynamique de développement. En conclusion, la Banque mondiale souligne que « les prix volatils des hydrocarbures demeurent le principal risque à court terme, tandis que le changement climatique et les efforts mondiaux de décarbonation pèsent sur les perspectives à moyen et long terme », et de relever « le retour des déficits jumeaux, cumul du déficit budgétaire et du déficit commercial. Afin d'éviter les effets pervers à terme recommande un rééquilibrage budgétaire urgent s'impose tout en maintenant le soutien à l'investissement productif, insistant sur la nécessité de poursuivre les réformes structurelles pour diversifier l'économie et améliorer l'environnement des affaires, soulignant les potentialités de l'Algérie pouvant devenir un pays émergent. Mais face à ce sujet sensible engageant la sécurité nationale avec des données contradictoires sur les réserves de change qui dans la majorité des pays sont communiquées en toute transparence, n'étant pas un secret défense, comment ne pas rappeler que la presse algérienne en date du 28 novembre 2025, a rapporté la « colère » du président de la République face aux « chiffres et données non factuelles et fausses » qui lui sont transmis, dans la plupart des cas non fiables de la majorité des différents départements ministériels, une situation qui gâche la lisibilité des situations et n'autorise pas le traitement des problèmes, ni en général, ni dans les délais requis au point de constituer un véritable obstacle à l'atteinte des objectifs ». Combien de fois n'avons-nous pas attiré depuis de longues années les plus hautes autorités du pays sur l'urgence d'un système d'information rénovés, fondement de la sécurité nationale et d'un développement fiable, et ce face aux experts organiques qui hélas eux-mêmes commentaient positivement ces fausses données, animés par l'octroi d'une rente et non par les intérêts supérieurs du pays ? Abderrahmane Mebtoul Professeur des Universités