L'auteure Gilberte Duval signe, là, son premier roman dans une maison d'édition algérienne. C'est à la suite d'une histoire réelle poignante et pathétique à la fois que Sylvie, s'est lancée dans l'écriture de ce roman. Une histoire romancée où l'autobiographie occupe une place privilégiée. Dans cet ouvrage constitué de 90 pages qui se lit d'un seul trait, Sylvie convoque son passé pour basculer sa mémoire. Une mémoire riche en souvenirs heureux et malheureux. Sylvie débarque dans la capitale algérienne à l'âge de 20 ans pour assister au baptême d'un membre de sa famille. Sitôt arrivée, elle fut subjuguée par Alger la Blanche. Dès le départ, elle savait au fond d'elle-même que son séjour serait prolongé. En effet, au lieu d'une semaine, elle y passera trois mois. Faisant dans l'humanitaire, Sylvie s'adonnera à cette passion à Alger. Elle exercera la fonction d'infermière. «Les enfants que je soignais venaient de différents endroits. Au départ, ils venaient en vacances, mais la santé ou l'état physique de certains étaient tristes, surtout ceux qui venaient du fond du bled. J'ai toujours essayé de leur donner bien être, joie et sécurité morale » écrit-elle en page 27. Sa vie bascule un jour où elle est, alors, chargée d'escorter des enfants par train Alger-Constantine. Pendant le voyage, une prestance masculine l'a troublée à plus d'un titre. Lieutenant, ce dernier l'invite à prendre un thé glacé. Une invitation qu'elle accepte tout de suite. «Il me parlait gentiment, avec beaucoup d'attention, me prévenant que dès notre arrivée à Constantine, il serait présent pour la remise des enfants aux parents qui devaient venir chercher leur progéniture à la gare et qu'ensuite, il m'emmènerait vers le lieu où je devais résider à l'hôtel Cirta qui le trouvait au centre de Constantine.» Après une nuit passée à l'hôtel, le lieutenant SH l'informe qu'elle ne séjournera plus à l'hôtel mais dans un studio. Le couple écoula des jours heureux jusqu'au jour où, dans la rue, ils rencontrent l'un des oncles de Saïd. Il informe son neveu qu'il se marierait avec sa cousine. Dès lors, tout bascule dans la tête Saïd. Il décide de se retirer définitivement de la vie de Sylvie. Des distances sont prises. Sylvie prend l'initiative de regagner la France avec un grand pincement au cœur. «Algérie, Algérie, je t'en veux de m'avoir pas su me retenir ou de m'avoir ouvert les yeux. J'étais venue avec toi pour passer huit jours et tu as su me séduire.» De retour en France, elle reprend ses activités avec son esprit toujours en Algérie. Quarante-cinq ans plus tard, Sylvie se retrouve à Alger grâce à une dame qu'elle rencontre au magasin «Le Printemps». Ayant été prise de vertige, Sylvie, s'asseoit sur un banc pour se reposer. Parcourant les rayons, ne trouvant pas ce qu'elle désirait pour un mariage, elle s'assoupit un instant. Elle remarque que des femmes faisaient des achats toutes vêtues de noir comme au Maghreb. Elle balbutie que ce sont des Emiraties. Sa voisine l'approuve. De là Sylvie lui demande de quelle nationalité elle appartient. Elle apprend que Nabila est Algérienne. Confiante, Sylvie lui raconte toute son histoire passée en Algérie. Dès lors, Nabila lui propose de revenir en Algérie en pèlerinage. Deux mois après, Sylvie se retrouve à nouveau à Alger avec ses souvenirs. Profitant de ce séjour, elle essaye d'enquêter, pour savoir, ce qu'est devenu son amour de jeunesse. Pour le biais d'un parent de S. H., elle apprend, que l'homme de ses vingt ans est installé depuis des années à l'étranger après voir épousé une algérienne. «Ce retour d'Algérie m'a redonné un nouveau départ. C'est pourquoi avec dextérité, j'essaie de livrer l'histoire d'une femme sans accessoire. L'espoir en cœur, me disant : reste calme au milieu du bruit et de l'impatience. De la paix qui découle du silence… Souviens-toi, ne désespère pas… même si maintenant, je possède la vérité…» Sylvie, l'Algéroise, dans le train Alger–Constantine de Gilberte Duval, reste un livre à lire absolument tant les émotions sont fortes. Lamia S. Gilberte Duval – Sylvie, l'Algéroise, dans le train Alger-Constantine. Editions Enag, 190 pages