Après avoir dévoilé une collection d'inscriptions libyques voilà une semaine, le Musée national Ahmed Zabana a exposé, avant-hier, une autre oeuvre qui doit sa «résurrection» aux mêmes élèves de l'Ecole régionale des Beaux-Arts d'Oran (ERBO). Il s'agit d'une inscription commémorative de l'inauguration de la Grande Mosquée du Pacha (Oran), en 1796. L'exposition de cette pierre de marbre, d'une valeur inestimable, datant de l'époque ottomane, a coïncidé avec la clôture du mois du patrimoine. Entreposée dans la section du Vieil Oran depuis 1930, elle a coûté à ses restaurateurs plus de six mois de travail minutieux et scrupuleux. Sous l'oeil attentif et orienteur des experts de l'association espagnole «Restaurateurs sans frontière», les élèves des Beaux-arts ont suivi un long processus pour restaurer cette pierre de 80 x 80 cm, qui porte un texte de 13 lignes en langue arabe, ayant trait à la commémoration de la fondation ainsi qu'à l'inaliénabilité des biens de la mosquée. Selon le responsable de la bibliothèque du musée, par cet arrêté définissant le caractère de habous des biens, la direction de la mosquée avait la possibilité de louer les bains, les boutiques et quelques maisons qui s'y trouvaient pour réunir son budget et assurer la gestion et l'entretien de l'édifice de manière autonome. Le traitement appliqué pour la restauration de cette pierre s'est effectué en plusieurs étapes, portant principalement sur la suppression des rajouts (clous et vis), l'élimination de la colle, le nettoyage avec des instruments souples (bistouri, pinceau et aspirateur), a expliqué un élève de l'ERBO. L'ultime phase de cette entreprise a consisté en le microsablage ponctuel avec microbilles de verre à une pression de 0,6 bar, a ajouté le jeune restaurateur, en précisant que tous les traitements chimiques ont été précédés de tests sur un échantillon de marbre vert. En marge de l'exposition-conférence, l'expert espagnol de la RSF, spécialiste en restauration des matériaux pierreux, a précisé que «par définition, le but de la restauration n'est pas la remise en l'état initial de l'objet à restaurer, chose qui est tout à fait impossible, mais de freiner autant que possible le processus de dégradation. L'oeuvre doit être l'objet d'entretien et de conservation continuellement».