Chargé par le président de la République de l'organisation et du déroulement des consultations prévues sur les réformes politiques, Abdelkader Bensalah entamera officiellement ce samedi courant les contacts avec les partis et personnalités nationales qui auront accepté d'y prendre part. Aucune information n'a été rendue publique concernant le mode opératoire qui va être celui de ces consultations, ni quels sont les partis et personnalités que rencontreront le président du Sénat et ses deux assistants que sont le général à la retraite Mohamed Touati et Mohamed Ali Boughazi, tous deux conseillers à la Présidence et désignés eux aussi à cette mission par le chef de l'Etat. Pour ce qui est du mode opératoire, le président Bouteflika a clairement laissé entendre que les consultations ne seront en rien des négociations, puisqu'il s'agira pour celui qu'il a chargé de les mener de recueillir leurs propositions, sur lesquelles lui seul tranchera en dernier ressort. Pas de quoi, par conséquent, convaincre les partis et personnalités déjà opposés ou réservés sur la manière pour laquelle a opté le pouvoir et se feront les réformes annoncées, de répondre positivement à l'invitation du président du Sénat. En tout cas, il est déjà acquis que le Front des forces socialistes (FFS) ne sera pas aux rendez-vous de ces consultations. Il est le seul parti à l'avoir clairement et irrévocablement annoncé. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) déclinera probablement lui aussi l'invitation, bien qu'il ne l'ait pas encore fait savoir officiellement. Le Parti des travailleurs (PT), le Front national algérien (FNA), les formations islamistes légales d'opposition entretiennent pour leur part l'ambiguïté sur la position qu'ils adopteront. Tout en ayant été très critiques de la façon que le pouvoir a choisie pour aller aux réformes, ils n'ont pas en effet fait de déclarations allant dans le sens du boycott des consultations prévues. Dans le lot des personnalités nationales susceptibles d'avoir été conviées par Bensalah, il nous paraît acquis que le président du Sénat essuiera le refus de Abdelhamid Mehri, Sid Ahmed Ghozali, Mohamed Saïdi, Mouloud Hamrouche et Ahmed Benbitour. Toutes ces personnalités ayant, dans un passé plus ou moins proche, rendu publiques des propositions de processus menant au changement politique dans le pays auxquelles le pouvoir a fait la sourde oreille, on les voit mal accepter de prendre part à la démarche fixée unilatéralement par celui-ci. Si tous ces partis et personnalités manqueront au rendez-vous fixé par Bensalah, ses consultations se limiteront forcément à des protagonistes dans l'orbe du pouvoir que sont les partis intermittents de la politique qui peuplent le paysage politique national et des personnalités dont la distance d'avec le pouvoir n'est nullement évidente. La pléthore est toutefois telle dans ces deux cas que le pouvoir se créditera inévitablement de la réussite de ses consultations en jouant sur la loi du nombre qui fera apparaître qu'il y a eu plus de participants que d'absents. On sait ce qu'il en a coûté au pays ce genre d'esbroufe politique. Une crise politique dont il n'est pas sorti et que des consultations menées en la même forme ne feront qu'aggraver.
