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Leadership féminin et mythes
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 31 - 05 - 2014

NEW YORK - Au cours d'une seule semaine au mois de mai, Jill Abramson, la première femme à occuper le poste de directrice de la rédaction du New York Times, a été contrainte de démissionner, tandis qu'à Paris Natalie Nougayrède a démissionné de son poste de directrice de rédaction du Monde, le journal de référence français, en déclarant dans une lettre ouverte qu'on l'empêchait de mener à bien sa mission. Comment interpréter ces révocations de femmes qui occupaient des postes de haute responsabilité ?
Le Times a annoncé le départ d'Abramson en première page dans un article plein de fiel, le genre d'article que l'on n'aurait jamais publié s'il s'était s'agit d'un homme, aussi nul eusse-t-il été. Jill Abramson a réagi avec force dans une brève bataille pour l'opinion publique, avec le soutien de quelqu'un qui a fait savoir que son salaire était inférieur de plus de 80 000 dollars à celui de son prédécesseur masculin.
Comme on pouvait s'y attendre, des deux cotés de l'Atlantique les observateurs ont déblatéré sur le leadership féminin. Abramson a été qualifiée d'arriviste et Nougayrède d'autoritaire, jusqu'à être comparée à Poutine. Soit dit en passant, personne, ami ou ennemi, n'a jamais prétendu que l'une ou l'autre n'aurait pas atteint ses objectifs. C'est uniquement leur style de leadership qui était au centre de tous les débats.
Abramson est une journaliste d'investigation très expérimentée qui en tant que dirigeante devait aider les reporters à mener leurs enquêtes en dépit de toutes les difficultés auxquels ils font face. Aussi il est étrange de la voir qualifiée de péremptoire, agressive, dure ou cassante. Comment aurait-elle pu faire son travail sans cela ? On l'aurait alors accusée de faiblesse et d'indécision.
On aurait pu croire que l'époque du "deux poids, deux mesures" dans la perception du leadership des hommes et des femmes était dépassée. Malheureusement pour les femmes qui occupent des postes importants, le mythe du leadership féminin persiste. Il ressemble au mythe de la beauté ou au problème qui ne porte pas de nom de Betty Friedan. Aussi longtemps que l'on estimera qu'il y a un problème avec le leadership féminin, aucune femme ne pourra diriger une institution importante avec suffisamment de douceur et de diplomatie pour ne pas se voir accolée les étiquettes d'ambitieuse, de carriériste, d'autoritaire ou d'émule de Poutine par le premier venu qui voudra se débarrasser d'elle. Le problème n'est pas celui du leadership féminin, mais des règles du jeu.
Brisons un tabou sur ce que veut dire être une femme dirigeante qui ne se contente pas d'être une simple potiche. Cela signifie de temps en temps, aussi poliment cela soit-il, contredire un homme ; même avec la plus grande courtoisie, décider contre l'avis d'un homme ; même avec tact, ne pas tenir compte des conseils stratégiques d'un homme ; ou avec toutes les précautions voulues, dire à un subordonné masculin que son travail n'est pas satisfaisant. Pour certains hommes, ce sont des moments intolérables - la ligne rouge que les femmes dirigeantes ne doivent pas franchir. C'est là tout le problème : en faisant leur travail, elles ne peuvent que déclencher la colère d'un certain type d'homme.
Il n'y a pas deux sortes de femmes qui auraient un style de leadership différent, l'un comme par magie apaisant et impeccablement féminin, l'autre dictatorial et insupportable. Il serait plus exact de dire qu'il y a deux types d'hommes : ceux qui grâce à leur maturité, leur évolution personnelle ou leur éducation familiale ont un comportement parfaitement professionnel aux moments que je viens de décrire, et ceux qui ne le peuvent pas, quelle qu'en soit la raison.
Les femmes dirigeantes rencontrent des problèmes avec cette deuxième catégorie d'hommes. C'est le secret des femmes au travail : posez la question en privé à n'importe quelle dirigeante importante, elle vous dira probablement qu'elle n'a aucun problème d'autorité avec la plupart de ses collègues masculins, mais que certains ne peuvent tout simplement pas l'accepter, quelle que soit la manière dont elle s'exerce.
Arrêtons d'analyser le leadership féminin comme s'il existait un moyen de traverser sans risque le champ de mine du pouvoir. Nous devrions au contraire nous demander pourquoi certains hommes acceptent l'autorité des femmes, tandis que d'autres ne le peuvent toujours pas (tel celui qui a décidé de démolir Abramson en première page, alors que cela ne servait strictement à rien).
Dans des domaines où les femmes sont nombreuses à occuper des postes à responsabilité, comme dans l'édition, il est rare que l'on analyse leur style de leadership. Il en est de même à l'université, qu'elles soient présidentes d'une institution réservée aux femmes ou qu'elle soit mixte. Les femmes sont également nombreuses à assumer des fonctions de direction dans des programmes de développement tel celui de la banque Grameen. A même niveau de responsabilité, elles réussissent mieux que les hommes.
Ces responsables de maisons d'édition, ces présidentes d'université et ces femmes d'affaires ont toutes réussi. Leur succès évident tient-il en partie au fait que dans ces milieux la présence de femmes à des postes de direction est généralement tenue pour acquise et que si elles font preuve d'efficacité on les laisse travailler ?
Que se passerait-il si c'était partout ainsi ?
Abandonnons une fois pour toute cette manière de voir absurde qui considère tout leadership féminin comme quelque chose de monstrueux. Un bon leadership s'appuie en partie sur l'instinct, d'où une deuxième hypothèse quant à la démission de Jill Abramson et de Natalie Nougayrède : l'instinct que les femmes dirigeantes mettent pour exercer leur leadership est scruté en permanence de manière peu amène.
Traduit de l'anglais par Patrice Horovitz
* Militante politique et critique sociale Son dernier livre s'intitule Vagina: A New Biography


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