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Pétrole et développement : «L'Algérie, l'exemple à ne pas suivre…»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 09 - 05 - 2021

(Déclaration de Mohammed Ben Salman, prince héritier de l'Arabie Saoudite du 27 avril 2021)
« Les hommes ne veulent pas aller au paradis le ventre creux, un peuple qui a faim n'a pas besoin d'écouter des versets. Je le dis avec toute la considération pour le Coran que j'ai appris à l'âge de dix ans ». Déclaration du Président Houari Boumediene à la réunion de l'Organisation de la conférence islamique en février 1974.
Au cours d'une entrevue privée avec un monarque arabe musulman à la fin des années soixante-dix, un diplomate américain aurait dit : « C'est Dieu qui a mis du pétrole dans votre sous-sol, ce sont nos machines qui l'extraient, ce sont nos firmes qui l'exploitent, quel est votre mérite ? ». Le souverain musulman aurait souri ; et le diplomate de poursuivre : « c'est de l'usage que vous ferez de vos revenus pétroliers, que vous seriez jugé par Dieu par votre peuple : si vous en faites un bon usage, vous seriez béni par Dieu et votre jeunesse vous en sera reconnaissante, par contre si vous les dilapidez, Dieu vous maudira et les générations futures déterreront et retireront vos os pour les brûler sur la place publique ». Le boom pétrolier qu'a connu l'Algérie illustre parfaitement la cohabitation entre la permanence d'une misère morale endémique et l'existence de ressources financières abondantes. Le prix élevé du pétrole a structurellement pour effet pervers de perpétuer à l'infini le système mis en place. A cause du pétrole et du gaz, l'Amérique a perdu tout sens moral. Par la grâce du pétrole et du gaz, l'Algérie ne pense plus, elle dépense. Et elle dépense sans compter. Elle n'a point besoin d'économistes ; ceux sont des trouble-fêtes ; elle préfère avoir affaire à de joyeux lurons ; elle éprouve un désir viscéral d'amuser la galerie.
D'ailleurs, la population n'en demande pas tant. L'argent coule à flots. Et que vive l'industrie de la rente ! Une industrie qui n'a besoin ni de stratégie, ni de séminaires, ni de discours, ne rencontrant ni problèmes d'approvisionnement, ni problèmes de débouchés. Elle tourne à plein rendement. Elle peut se passer de tout gouvernement et de tout Parlement. Elle fonctionne toute seule et n'a de comptes à rendre à personne même pas à elle-même. Elle se passe royalement du travail productif et de l'intelligence créatrice des Algériens. Une industrie qui berce d'illusions les uns, ceux du haut et nourrit le désespoir des autres, ceux du bas.
Enfin une industrie qui fonctionne de, par et pour l'étranger. Une rente que se disputent ou se partagent fiscalement les Etats consommateurs de pétrole afin de financer à bas prix leur démocratie envoûtante et les pays producteurs dans le but de pérenniser les régimes politiques obsolètes en place avec des coûts exorbitants. Evidemment la plus grande part revenant aux puissants locaux ou étrangers. Les uns soutenant évidemment les autres et réciproquement. Une société qui ne se pense pas est une société qui se meurt lentement mais sûrement. La vie d'une nation cesse dit-on quand les rêves se transforment en regrets. En 1962, L'Algérie avait des rêves mais n'avait pas de moyens, cinquante ans après, elle a les moyens mais n'a plus de rêves.
Le pétrole a fait des institutions, pâles copies de celles de nos illustres maîtres à penser occidentaux, des coquilles vides pléthoriques et budgétivores, sans impact sur la société, destinées à camoufler la réalité au regard de l'étranger, mais personne n'est dupe. Le monde aujourd'hui ne croit plus au père Noël. A la moindre baisse du prix du baril du pétrole, elles s'écroulent comme un château de cartes. Elles ne servent que de devanture au regard de l'opinion internationale. Les exportations hors hydrocarbures sont insignifiantes. Pourtant seul le travail peut s'opposer au pétrole. Or, il est marginal. Il représente moins de 2 % des exportations depuis plusieurs décennies. N'est-ce pas le signe évident de l'échec des politiques économiques dites publiques qui n'ont de publiques que les fonds, menées tambour battant par les élites qui se sont succédé et qui aujourd'hui se sont converties dans l'opposition ou dans l'islamisme. La démocratie est une vue de l'esprit dans une économie rentière dominée par un Etat de non-droit. Toute opposition politique qui s'appuie sur les forces laborieuses est vouée à l'échec. Le poids de l'inertie est prépondérant, les forces vives sont faibles. Le travail a perdu ses lettres de noblesse. Il s'incline devant le dictat du pétrole. Pourtant, « le pétrole est l'excrément du diable, il corrompt les pays et pervertit les décisions économiques », vérité vieille de cinquante ans mais encore vivace de nos jours. Dans les années 70, Lacheraf, sociologue et homme politique, prédisait déjà « il arrivera un jour où l'Algérien ne saura même pas tenir un balai », ce jour est malheureusement arrivé, nos rues sont sales et nos villes un dépotoir. Les importations sauvages détruisent la production locale déjà vacillante et dénaturent les rapports marchands. C'est l'accès aux pétrodollars qui garantit la fortune. L'argent facile fascine. Sur un autre registre, qui a intérêt à se passer de la poule aux œufs d'or ? Evidemment personne.
Une baisse prolongée croissante du prix des hydrocarbures, des réserves ou des débouchés, serait-elle salvatrice ou mortelle pour le pays ? De quoi vivaient les autochtones avant la découverte du pétrole en 1956 par les Français ? Les gouvernements ont délibérément choisi la croissance économique à partir de l'accumulation des revenus pétroliers et gaziers plutôt que sur le développement fondé sur la formation et l'emploi des hommes. L'Etat algérien a procédé à une vaste salarisation dont l'effet social global est la dépendance dans laquelle se trouve une part importante de la population active par rapport aux revenus distribués par l'Etat provenant des recettes d'exportation des hydrocarbures pour fidéliser une clientèle de plus en plus nombreuse et exigeante. Les gisements des hydrocarbures sont la propriété de l'Etat et non de la nation. L'essentiel du jeu économique et sociopolitique consiste donc à capter une part toujours plus importante de cette rente et à déterminer les groupes qui vont en bénéficier. Il donne à l'Etat les moyens d'une redistribution clientéliste. Il affranchit l'Etat de toute dépendance fiscale vis-à-vis de la population et permet à l'élite dirigeante de se dispenser de tout besoin de légitimation populaire. Elle dispose des capacités de retournement extraordinaire étouffant toute velléité de contestation de la société. Le pétrole sera le moteur de la corruption dans les affaires et le carburant des violences sociales. Il a l'art de faire la guerre et d'initier la paix. Il est à la fois le feu et l'eau. Il agit tantôt en pyromane, tantôt en pompier. Il est une chose et son contraire ; la richesse et la pauvreté, les deux sont des illusions. Et comme pour toute illusion, il y a un manipulateur. L'Argent corrompt et le Fusil dissuade. L'armée demeure la colonne vertébrale de l'Etat. Il n'y a point d'Etat en dehors de l'Armée et point d'économie en dehors des hydrocarbures. L'Algérie est le seul pays au monde à négliger ses paysans, ses artisans, ses travailleurs qualifiés, ses fonctionnaires honnêtes, ses penseurs libres, ses créateurs alors qu'aujourd'hui en Europe, aux Etats Unis, le revenu des paysans est protégé et subventionné et la terre prend de la valeur. La revalorisation de la terre serait un moyen de redonner à l'Algérien le goût du travail et non l'envie de fuir le pays ou de mettre sa vie en péril dans des embarcations de fortune. Des « barques en bois » sans boussole et sans gouvernail à l'instar de l'économie qui navigue sans plan stratégique et sans capitaines d'industries (de vrais capitaines et une vraie industrie et non des hommes d'affaires et des usines tournevis ».
A défaut d'une économie réelle pourquoi ne pas opter pour une économie virtuelle ? Tout est disponible sur un écran, il suffit d'un clic. Les bons chiffres apparaissent. Nous sommes sur un nuage. Avec le plein de kérosène et un ciel dégagé, l'avion Algérie poursuit son vol dans une ambiance bon enfant. Le pilotage automatique est actionné. Soudain des perturbations atmosphériques font tanguer l'avion. Il faut reprendre le manche. C'est à ce moment-là que les passagers se demandent s'il y a un pilote dans l'avion ! L'avion a décollé avec un pilote civil, qui va se charger de l'atterrissage ? Un message de la tour de contrôle s'affiche sur les écrans, « vous êtes en infraction avec la loi, un militaire ne doit pas piloter un avion civil ». Se trouvant à court de carburant et à basse altitude, l'avion se met à planer tous moteurs éteints. La catastrophe est inévitable. Ni les passagers ni l'équipage ne seront épargnés. Que faire ? Militaires et civils sont dans le même vaisseau. Leur sort est lié. Les passagers ne peuvent jeter l'équipage par-dessus bord ; l'équipage ne peut pas se débarrasser des passagers à bord. Sommes-nous en présence d'un consensus social pour un suicide collectif ? Le suicide est la dernière issue d'une crise morale.
On ne meurt pas d'une overdose de pouvoir et de richesse, on finit par perdre tout contrôle de soi-même. L'estime de soi et le respect de l'autre sont devenus des denrées rares même dans les familles les plus traditionnelles polluées par une pseudo modernité où l'individu s'affirme par sa fortune et non par sa personnalité, par des apparences et non par des contenus. Qui accroît son avoir appauvrit son être. Un être que l'Islam a mis sur un piédestal et que l'Etat providence a réduit à un tube digestif explosif (violence aveugle) ou puant (corruption généralisée). Dans cet égarement manifeste, l'Islam dans sa pratique quotidienne est-il le reflet d'une révélation divine ou un produit marchand ? Une conduite à tenir ou un masque à porter ? Un syndicat de fonctionnaires ou un fonds de commerce ? Un « blanchisseur » de l'argent sale ou un ticket d'accès au paradis ? Le Covid-19 signe l'arrêt de mort de l'Etat providence, qui ose défier Dieu ? « Dieu ne change pas le sort d'une communauté, si elle ne change pas ce qu'elle a en elle ». On comprend le pouvoir que lorsqu'on le quitte ; on comprend le monde que lorsqu'on est plus de ce monde. La mort est une lanterne qui nous éclaire sur le chemin de la vie.


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