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Tebboune à l'hebdomadaire français «Le Point»: Hirak, frontières, normalisation et France coloniale
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 05 - 06 - 2021

La situation au Mali et le rôle que l'Algérie serait susceptible d'y jouer, le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, la position de l'Algérie par rapport à la question de la normalisation des relations entre l'entité sioniste et certains pays arabes et l'urgente réforme de la Ligue arabe sont les questions internationales évoquées par le Président Abdelmadjid Tebboune, au cours de l'interview accordée au magazine français «Le Point».
Concernant la question du Sahara occidental, le président a estimé que le Maroc devrait revenir rapidement à une solution acceptable conforme au droit international. «Certains croient qu'avec l'ouverture de consulats (à Laâyoune et à Dakhla), le dossier du Sahara occidental est clos, mais ils se trompent. Le Maroc devrait revenir rapidement à une solution acceptable conforme au droit international», a-t-il soutenu assurant que la reconnaissance par l'ancien président américain de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental «ne veut rien dire». «Pourquoi les Marocains refusent-ils l'autodétermination ? Parce qu'ils ont procédé à un changement ethnique (changement de la composante démographique) qui a ses conséquences: les Sahraouis à l'intérieur du Sahara occidental sont aujourd'hui minoritaires par rapport aux Marocains qui s'y sont installés. En cas de vote pour l'autodétermination, les Marocains installés sur le territoire sahraoui vont voter pour l'indépendance parce qu'ils ne voudront plus être les sujets du roi. Il est paradoxal d'avoir une majorité marocaine et de refuser le vote d'autodétermination», constate-t-il. Interrogé au sujet des conséquences des tensions qui pèsent sur les relations entre l'Algérie et le Maroc, le président a expliqué que «dans cette relation, le rôle honorable revient à l'Algérie. La rupture avec le Maroc, - et je parle de la monarchie, pas du peuple, que nous estimons- remonte à tellement longtemps qu'elle s'est banalisée». «Le Maroc a toujours été l'agresseur. Nous n'agressons jamais notre voisin. Nous riposterons si nous sommes attaqués. Mais, je doute que le Maroc s'y essaie, les rapports de force étant ce qu'ils sont», a-t-il affirmé. Le président dira, en outre, que les frontières entre les deux pays resteront fermées. «On ne peut pas ouvrir les frontières avec un vis-à-vis qui vous agresse quotidiennement», a-t-il dit.
Interrogé au sujet de la normalisation des relations entre l'entité sioniste et certains pays arabes, le président a expliqué que «chaque pays est libre de normaliser ses relations avec Israël, mais l'Algérie ne le fera pas tant qu'il n'y aura pas d'Etat palestinien». Il a informé, en outre, qu'il n'y avait pas de cohésion au sein de la Ligue arabe et que cette organisation avait besoin d'être réformée totalement. Sur un autre plan, M. Abdelmadjid Tebboune a expliqué que «le litige entre la Turquie et certains pays arabes est principalement lié au dossier des Frères musulmans», précisant que l'Algérie entretenait d'excellents rapports avec les Turcs, qui «ont investi près de 5 milliards de dollars en Algérie, sans aucune exigence politique en contrepartie. Maintenant, ceux que cette relation dérange n'ont qu'à venir investir chez nous», a-t-il indiqué.
«Le Hirak authentique et béni»
Le président de la République, a également affirmé ne croire qu'au Hirak «authentique et béni» ayant ignoré «le chant des sirènes» qui le poussait à aller vers une période transitoire. «Je n'utilise plus ce mot (Hirak) parce que les choses ont changé», a-t-il soutenu. «Le seul Hirak auquel je crois est le Hirak authentique et béni qui a spontanément rassemblé des millions d'Algériens dans la rue. Ce Hirak-là a choisi la voie de la raison en allant à l'élection présidentielle (12 décembre 2019)», a expliqué le chef de l'Etat, affirmant que ce Hirak «n'a pas écouté le chant des sirènes qui le poussait à aller vers une période transitoire, et dix millions d'Algériens sont allés voter». «Une minorité a refusé l'élection. Je pense que tout Algérien a le droit de s'exprimer, mais je refuse le diktat d'une minorité, a-t-il martelé. Le Président Tebboune s'est, en outre, dit «étonné» de voir un démocrate «rejeter» les urnes et «prôner» la désignation. «De plus, je m'étonnerai toujours du fait qu'un démocrate, qui se définit comme tel, rejette les urnes et prône la désignation. Quand il ne rejette pas l'opinion de la majorité, ce qui est en soi antidémocratique.
Pourquoi voulez-vous désigner des personnes pour diriger le pays ? Qui êtes-vous ? Qui vous a fait roi ? Qui t'a rendu si vain ...Toi qu'on n'a jamais vu les armes à la main, pour reprendre Le Cid !», s'est interrogé le président, chef de l'Etat. Il a ainsi rappelé que «lorsque les marches, après la présidentielle, rassemblaient encore 20.000 à 25.000 manifestants, à travers le pays», il a été le «premier à tendre la main aux gens du Hirak et à les recevoir». «Dans mon premier gouvernement, on compte cinq ministres qui en sont issus. Des personnes que j'avais vues m'insulter dans des vidéos. Ensuite, on a commencé à libérer des détenus pour arriver à 120 relaxés. Les gens continuaient à me critiquer, mais j'ai continué à faire des gestes», a-t-il relevé.
Et d'ajouter : «J'ai l'impression que cela a été interprété comme une faiblesse. Les gens pensaient qu'on était dos au mur. Ils se trompaient». Il a indiqué, en outre, que «le manifestant et le policier qui maintient l'ordre public sont les enfants de la même République». «Je n'ai pas le droit de les laisser s'affronter. D'autant plus que les appels à la violence étaient clairs. Tant qu'on était au stade des idées, il n'y avait pas de problème, mais les appels à la violence, c'est autre chose», a ajouté le président de la République.
Pour le chef de l'Etat, «aujourd'hui, dans ce qui reste du Hirak, on trouve de tout, il y en a qui crient «Etat islamique!» et d'autres qui scandent «pas d'Islam!». Les manifestants expriment peut-être une colère, mais ce n'est pas le Hirak originel. C'est très hétéroclite», a-t-il déclaré.
«Le MAK a tenté d'agir avec des voitures piégées»
Questionné sur le classement par l'Algérie de ‘Rachad' et du ‘MAK' (Mouvement pour l'autonomie de la Kabylie) comme mouvements terroristes, le Président Tebboune a indiqué «qu'ils se sont eux-mêmes déclarés commetels». «Rachad a commencé à mobiliser tous azimuts, à donner des instructions pour affronter les services de Sécurité et l'armée. Le MAK a tenté d'agir avec des voitures piégées. Face aux appels à la violence, la patience a des limites», a-t-il martelé.
Pour ce qui est du correspondant du journal ‘Liberté' à Tamanrasset, arrêté et placé sous mandat de dépôt pour un article de presse, le chef de l'Etat a indiqué qu' «il a joué à tort au pyromane sur un sujet très sensible», qualifiant cela de «très grave».
Sur une question relative à la situation du pays précédent les présidentielles de décembre 2019, le Président Tebboune a rappelé que «le pays était au bord du gouffre» et qu' «heureusement, il y a eu le sursaut populaire, le Hirak authentique et béni du 22 février 2019, qui a permis de stopper la déliquescence de l'Etat en annulant le cinquième mandat, qui aurait permis à la ‘Issaba', ce petit groupuscule qui a phagocyté le Pouvoir et même les prérogatives de l'ex-président en agissant en son nom, de gérer le pays». «Il n'y avait plus d'institutions viables, seuls comptaient les intérêts d'un groupe issu de la kleptocratie», a-t-il dit, ajoutant qu' «il fallait donc reconstruire la République, avec ce que cela implique comme institutions démocratiques».
Revenant sur son absence après avoir été touché par la Covid-19, le président de la République a affirmé que cela n'a pas affecté l'exercice du pouvoir, mais «retardé le programme des réformes». «Affecté non. Retardé le programme des réformes, oui. Mais nous avons réussi à faire en sorte que l'Etat fonctionne en mon absence. Preuve en est que la réhabilitation des institutions que j'ai entamée avait fonctionné», a-t-il fait valoir. Le chef de l'Etat a, en outre, indiqué avoir pu faire le bilan sur son environnement immédiat et les projets lancés. «J'ai pu faire le bilan sur mon environnement immédiat et les projets que nous avons lancés. Certains ont pensé que c'était le naufrage - et vous savez qui quitte le navire dans ces cas-là -, mais j'ai pu constater, avec fierté, toute la fidélité de l'armée, avec à sa tête le chef d'Etat-major Saïd Chanegriha», a-t-il dit, révélant que «nous nous appelions tous les matins».
«On m'avait collé une étiquette de tête dure»
Evoquant sa carrière au service de l'Etat, il a estimé, qu' «après avoir exercé un peu plus de cinquante ans au service de l'Etat», depuis sa sortie de l'Ecole nationale d'Administration (ENA) en 1969, «il est très difficile de faire de l'opposition à l'intérieur même du système». «Pourtant, j'en ai fait, j'étais une sorte de mouton noir. On m'a envoyé comme wali aux postes où il y avait le plus de problèmes. On m'avait collé une étiquette de «tête dure», parce que je ne me privais pas de dire ce que je pensais», a-t-il confié. Et de poursuivre : «En 2017, j'étais déjà convaincu que l'Algérie allait droit dans le mur, que si la déliquescence des institutions se poursuivait, elle allait aussi impacter l'Etat-nation même, pas uniquement le pouvoir». «On ressemblait de plus en plus à une république bananière, où tout se décidait dans une villa sur les hauteurs d'Alger. Les institutions étaient devenues purement formelles, à l'exception de l'armée, qui a pu sauvegarder sa stature», a-t-il affirmé. «Il fallait donc agir et j'ai proclamé, en tant que Premier ministre, devant le Parlement, que le salut viendrait de la séparation de l'argent et du pouvoir. Ma famille et moi en avons payé le prix, mais cela fait partie du risque de l'exercice du pouvoir», a-t-il relevé. Pour lui, «quand le pouvoir est gangrené par les intérêts personnels, il se défend à sa manière. S'attaquer à ce système peut devenir mortel. Très dangereux», a-t-il déploré, ajoutant qu' «une partie de l'Administration, censée être neutre et servir les administrés, s'est mise au service des lobbys de la kleptocratie, que l'on appelle à tort «oligarchie», car il s'agit plutôt d'un groupe de voleurs».
Le Président Tebboune a indiqué, par ailleurs, n'avoir pas été le candidat d'un parti politique, mais celui du peuple et de la jeunesse, qu'il considère comme «deux piliers» sur lesquels il compte beaucoup. «Je n'ai pas été le candidat d'un parti, mais celui du peuple et de la jeunesse, deux piliers sur lesquels je compte beaucoup», a-t-il dit, regrettant qu' «une multitude de nos partis ne sont pas représentatifs d'un courant d'idées, mais sont construits autour d'une personne qui s'éternise à leur tête, sans aucune volonté d'ouverture ou de réforme». «Attention, je ne dis pas que je ne crois pas en la classe politique, mais elle représente peu de choses par rapport à un peuple. Tous les partis réunis ne totalisent pas 800.000 militants, alors que nous sommes près de 45 millions d'Algériens», a-t-il affirmé, ajoutant que «plus tard, peut-être, lorsque les institutions auront repris leur place et leurs fonctions, libérées du diktat de l'argent sale, on pensera à créer un parti présidentiel. Mais pas pour le moment».
Interrogé sur un éventuel autre mandat présidentiel, il a indiqué qu'il n'y pense pas et que sa mission est de remettre sur pied le pays. «Très honnêtement, je n'y pense pas. Ma mission est de remettre sur pied mon pays, lutter contre les passe-droits, reconstruire les institutions et faire que la République appartienne à tout le monde. Un autre mandat ? Je ne sais pas. On n'est qu'au début de mon mandat», a-t-il ajouté. Sur un autre plan, le président de la République a indiqué que l'Algérie est un pays «facile à vivre» et que «notre culture de la solidarité est exceptionnelle, on l'a vu pendant la crise sanitaire : les citoyens ont multiplié les initiatives pour s'entraider». Il a rappelé que la Santé et l'Education en Algérie sont «gratuites» et «comparativement aux pays voisins, nous avons eu peu de candidats dans les rangs du groupe Etat islamique et nous comptons moins de harraga, selon les statistiques des centres de rétention en Espagne et en Italie». «On peut être heureux, mais il faut avoir le courage de voir son pays autrement. On peut détester Tebboune, mais pas détester son propre pays», dit le président de la République.
Covid-19 : lancement de «grandes campagnes de sensibilisation»
Le Président Tebboune, a, par ailleurs, annoncé le lancement de «grandes campagnes de sensibilisation» pour la vaccination, dans la cadre de la lutte, contre la pandémie du coronavirus. «Le rythme de la vaccination suit le bon-vouloir des Algériens, car nous ne voulons pas l'imposer, mais nous allons lancer de grandes campagnes de sensibilisation», a-t-il indiqué, ajoutant que le fait que l'Algérie «ait été relativement peu impactée dissuade les gens d'aller se faire vacciner».
A cet égard, il a rappelé que l'Algérie «a commencé à vacciner en janvier avant presque tous les pays africains. Les vaccins sont justement là pour ceux qui en font la demande». Enchaînant sur le retour des milliers d'Algériens au pays, après l'ouverture partielle des frontières, le 1er, juin, le président de la République a tenu à préciser que «l'ouverture ou la fermeture des frontières est dictée par le Conseil scientifique, suivant l'évolution de la pandémie». Il a également rappelé que même avec les frontières fermées, l'Algérie a rapatrié «un peu plus de 80.000 Algériens» et ce, aux frais de l'Etat, précisant qu' «aucun pays n'a fait ça». «Si nous avons fermé les frontières, ce n'est pas pour sanctionner la population, mais pour la protéger», a-t-il expliqué, rappelant que «l'Algérie a été le premier pays à imposer les tests dans ses aéroports, à fermer les crèches, les écoles, les mosquées, à interdire le public dans les stades». Et d'ajouter : «Aujourd'hui, nous recensons environ 200 cas par jour, alors que des pays plus développés en sont à 20.000, voire 30.000 cas par jour», mettant en garde contre «le virus qui est là et à tout moment, les chiffres peuvent remonter». Il a estimé que «si cela arriverait les Algériens nous en voudront d'avoir commencé à rouvrir les frontières», avertissant que «si la situation se dégrade, nous refermerons à nouveau les frontières».
La France coloniale et la «France des Lumières»
Sur le dossier de la Mémoire, le chef de l'Etat, a affirmé que les Algériens attendaient une «reconnaissance totale de tous les crimes» commis par la France coloniale, soulignant que le fait de reconnaître ses crimes est une forme de repentance. «Les Algériens attendent une reconnaissance totale de tous les crimes» commis par la France coloniale, a-t-il déclaré, relevant que dans l'histoire de la colonisation, il y a eu «trois étapes douloureuses» pour l'Algérie. Il a cité le «début de la colonisation, avec l'extermination, pendant 40 ans, de tribus entières, des villages entiers décimés et les enfumades. Ensuite, il y a eu la période de la spoliation, quand les terres étaient confisquées aux Algériens pour être distribuées à des Européens». Il a, également, cité «l'horreur du 8 Mai 1945 avec 45.000 morts et enfin la guerre de Libération, quand les Algériens ont pris les armes pour libérer leur pays».
Le Président Tebboune a fait remarquer que «tout cela ne concerne pas la génération du Président Macron, ni celle de certains intellectuels français, qui sont irréprochables», relevant toutefois que «reconnaître ces faits est important». Il s'est ainsi demandé «pourquoi tient-on à la reconnaissance de ce qu'ont subi les Arméniens, les juifs, et ignore-t-on ce qui s'est passé en Algérie?». «Ce que nous voulons, c'est une mémoire apaisée, reconnue. Qu'on sorte de cette fable d'Algérie terra nullius où la colonisation aurait apporté la civilisation», a-t-il soutenu, insistant sur le fait que «ce n'est pas la France de Voltaire, la France des Lumières que l'on juge. C'est la France coloniale». «Nous n'oublierons d'ailleurs jamais que de nombreux Français ont rejoint le combat des Algériens, et aujourd'hui nous nous inclinons devant leur mémoire», a-t-il relevé. Pour le Président Tebboune, une fois que le passif soit réglé, il permettra «une amitié durable entre les deux nations», rappelant à ce propos que l'ancien Président algérien, Houari Boumediene avait dit à Giscard (ancien président français) qu'on voulait tourner la page mais sans la déchirer. Et pour ce faire, il faut des actes».
A une question relative à des réparations ou des compensations» de la France concernant, entre autres, les essais nucléaires effectués dans le Sud algérien et leurs retombées, le chef de l'Etat a affirmé : «Nous respectons tellement nos morts que la compensation financière serait un rabaissement. Nous ne sommes pas un peuple mendiant, nous sommes un peuple fier et nous vénérons nos martyrs». En ce sens, il a demandé à la France de «nettoyer les sites des essais nucléaires», relevant que cette opération est «en bonne voie car aujourd'hui encore, la contamination fait des victimes». «Que la France soigne les victimes des essais nucléaires. Le monde s'est mobilisé pour Tchernobyl alors que les essais nucléaires en Algérie provoquent peu de réactions. Ils ont pourtant eu lieu à ciel ouvert et à proximité des populations», a tenu à rappeler le Président Tebboune.
Enchaînant sur le rapport Benjamin Stora sur la colonisation, le Président Tebboune a tenu à préciser que «Stora est un historien qui n'a jamais été dans l'excès» et a été «toujours proche de la vérité», précisant qu'»il a rédigé un rapport destiné à son président, mais qui ne nous est pas adressé».
«Macron, le plus éclairé d'entre tous»
Faisant une comparaison entre les initiatives des anciens présidents français et ce qu'a fait Emmanuel Macron aujourd'hui, le président algérien a reconnu que «ce dernier a été le plus loin». «Oui, on doit le rappeler et l'écrire. Macron a toute mon estime. C'est le plus éclairé d'entre tous. Les autres présidents avaient tous une histoire avec l'Algérie», a indiqué le Président Tebboune, qui s'en est pris à ceux «qui en veulent à la politique de Macron envers l'Algérie, (lesquels) ne représentent qu'une infime minorité». Ils gardent des relais mais sont rejetés par l'opinion française en général, car la plupart des jeunes Français d'aujourd'hui sont moins directement concernés par l'Histoire algérienne», a encore relevé le chef de l'Etat, estimant que si l'Algérie et la France «n'arriveront pas à jeter des passerelles solides entre les deux pays sous la présidence Macron, cela ne se fera jamais, et nos pays garderont toujours une haine mutuelle». A une question sur son insistance sur «la reconnaissance plutôt que la repentance» : «reconnaître, c'est une forme de repentance», a-t-il répondu.
«L'Algérie ne permettra pas une partition du Mali»
«L'Algérie ne laissera jamais le Nord du Mali devenir un sanctuaire pour les terroristes, ni permettra une partition du pays, a affirmé le président de la République. «Pour régler le problème au nord du pays, il faut y redéployer l'Etat. Via les accords d'Alger, nous sommes là pour aider Bamako, ce que nous faisons déjà avec la formation des militaires maliens», a-t-il expliqué, évoquant l'Accord de paix et de réconciliation au Mali, signé, en 2015 entre les autorités maliennes et la Coordination des mouvements de l'Azawad. Interrogé au sujet de l'éventualité d'une intervention militaire algérienne au Mali, le Président Tebboune a répondu que la Constitution algérienne autorisait, désormais, ce type d'interventions ajoutant, néanmoins, que «la solution n'est pas là». «En Afrique et dans le monde arabe nous sommes leaders contre la lutte antiterroriste. Cette expérience a bénéficié à tous les pays occidentaux, y compris les Etats-Unis. Nous avons fait éviter des tragédies à la France, à la Belgique et à d'autres. Nous préférons garder cette coopération discrète car il s'agit de sauvegarder des vies humaines en Europe et partout», a souligné le président. D'autre part, le président a estimé que le G5 Sahel qui lutte contre les groupes terroristes dans cette région, «pourrait être plus efficace s'il avait plus de moyens. Or le G5 n'en a pas, il a été créé contre le CEMOC (Comité d'Etat-major opérationnel conjoint Ndlr) qui était mieux doté». Le CEMOC regroupe l'Algérie, le Mali, la Mauritanie et le Niger. «Dans ces territoires, certains s'opposent aux avancées de l'Algérie, essentiellement sur le dossier malien. Pour nous, il existe une volonté de saboter les Accords d'Alger. Je crois aussi que le G5 ou Barkhane sont des solutions partielles», a-t-il soutenu. Par ailleurs, le chef de l'Etat a expliqué que le Sahel était composé de pays que l'Algérie a l'obligation d'aider dans la reconstruction de leurs Etats. Il ne s'agit pas uniquement d'un programme de lutte antiterroriste, a-t-il ajouté.
«Je lutterai contre la bureaucratie avec toute mon énergie»
«Je continuerai à lutter contre la bureaucratie avec toute mon énergie», a encore déclaré le président de la République. «La situation n'est pas aussi catastrophique. Il y a des problèmes, des difficultés, peut-être aussi des blocages à cause de la bureaucratie, contre laquelle je lutterai avec toute mon énergie», a-t-il déclaré. «Je l'ai dit aux hommes d'affaires et aux start-up: la bureaucratie est notre ennemi commun. Pour le reste, les gens continuent à travailler et à investir, le pays n'est pas à l'arrêt», a-t-il soutenu. Il a tout de même reconnu que «nous avons une économie sous-développée et désarticulée, tournée vers l'importation, sans aucun échange intersectoriel» et contre laquelle «des voix s'élèvent pour dénoncer les blocages dans l'Administration, des responsables qui ont peur d'assumer des décisions, une fiscalité qui encourage l'informel, des banques méfiantes...». Interrogé sur les actions menées par l'Algérie pour améliorer le climat des affaires, Tebboune a souligné, à propos du ‘Doing business» et ses paramètres pour capter les investissements directs étrangers (IDE), que «certains pays l'acceptent, à défaut d'avoir d'autres moyens de création d'emplois, devenant presque des protectorats d'autres pays, où on peut, par exemple, prohiber l'action syndicale». Mais en Algérie, «c'est impossible», a-t-il jugé car «il y a une demande d'Etat et de protection sociale assez forte. Ce n'est pas très attractif».
Pour ce qui est de la règle 51-49% régissant l'investissement étranger, levée pour une bonne partie des secteurs et maintenue exclusivement pour les secteurs stratégiques, le Président Tebboune a assuré que cette règle, lorsqu'il s'agit d'investir dans les hydrocarbures, «ne gêne personne». «Ajoutez à cela, un pays solvable non endetté et qui compte 45 millions de consommateurs», a-t-il soutenu.
A une question relative aux conditions dans lesquelles activent le patronat algérien, Tebboune a répondu: «Nous avons déjà fait plus que le nécessaire pour les rassurer. Nous avons réuni, à deux reprises, les patrons algériens, nous avons pris des mesures dans les Lois de finances». Maintenant, «s'ils (les patronats) ont des choses à se reprocher, je n'y suis pour rien. La justice a pris tout son temps pour juger ceux qui ont indûment touché à l'argent public, on n'accuse personne à la légère», a-t-il poursuivi.
Abordant l'Industrie automobile, il a, encore une fois, regretté le modèle appliqué auparavant en Algérie, où des kits (dans l'automobile et l'électroménager) importés pour être montés en Algérie «ont coûté à l'Etat 3,5 milliards de dollars pour créer à peine 400 emplois». «Nous avons réussi à mettre sur le marché des voitures plus chères que les voitures importées!», s'est indigné le président, en ajoutant : «ça, ce n'est pas de l'économie!». «Ceux qui veulent se lancer dans la construction mécanique, en respectant les cahiers des charges, sont les bienvenus. Pour les industries légères, comme l'électroménager, l'intégration devrait être, au départ, d'au moins 70%», a-t-il dit. «Ce que nous voulons, c'est construire une économie dans laquelle les besoins de notre pays soient satisfaits par notre propre production», a soutenu le chef de l'Etat.


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