Evoquant la lourde facture que l'Etat paye pour faire face aux catastrophes naturelles, le Premier ministre a révélé, dernièrement, que les dépenses publiques destinées à faire face aux catastrophes en Algérie, notamment les inondations, les séismes et les feux de forêt, ont dépassé, durant les 15 dernières années, la moyenne de 225 millions de dollars/an, dont 70% de ce montant est destiné à la réparation des dégâts des inondations. Il a aussi confié, à cette occasion, que les inondations viennent en tête des catastrophes enregistrées en Algérie, depuis 1950, et affirmé cependant que les séismes sont les plus coûteux du point de vue économique, avec une facture avoisinant les 10 milliards de dollars. Et, côté pertes humaines, l'Algérie a déploré 6.771 décès et 1,4 million de sinistrés. Un lourd bilan ? Un bilan catastrophique ! Mais pourquoi donc tout cela ? Avec cette mauvaise, mais bien réelle impression d'une répétition des catastrophes et des discours, analyses et avertissements ou mises en garde, tant de spécialistes que de journalistes. Concernant les séismes, il semble bien que toutes (ou presque toutes) les précautions ont été prises -tout particulièrement avec les nouvelles constructions lorsque celles-ci sont construites dans le strict respect des normes usitées, tout en notant que ceci n'est valable que pour le secteur public, le privé faisant comme bon lui semble au gré de ses amitiés et des «arrangements»- pour que les catastrophes de Chlef et de Boumerdès, entre autres, ne se répètent plus. Croisons les doigts ! Seul le vieux bâti, mal entretenu, abandonné à son sort ou sur-occupé, est menacé. Actuellement, avec le changement climatique, les manques les plus criards viennent du risque «inondation». Et pourtant, c'est là le risque le plus connu et le plus étudié du pays. Mais si, auparavant, tant du temps de la colonisation (il y avait alors une cartographie précise et respectée des zones à risques ce qui est impossible sinon difficile aujourd'hui sans l'inventaire et l'identification de tous les projets érigés ces dernières décennies sur des servitudes à risques, prenant en compte les failles sismiques, les sols lâches, les oueds, le périmètre des installations industrielles, pétrochimiques et électriques, des gazoducs, etc.) que de deux décennies après l'indépendance, les lieux à risques étaient connus et inhabités, en tout cas protégés, signalés, ou évités, par la suite, les constructions tous azimuts -même dans les endroits les plus inconstructibles dont des lits et berges d'oueds (eux-mêmes jonchés de décombres), des thalwegs, des terrains marécageux- ont totalement mis aux oubliettes les risques encourus et une loi qui, pourtant, existe bel et bien. Des orages qui durent et ce sont des crues et des catastrophes. Qui se souvient des inondations de Skikda (1973 et, surtout, décembre 1984 puis septembre 2019), de Bab El Oued (novembre 2001) avec leurs centaines de victimes et 300 millions de dollars de dégâts pour seulement Bab El Oued ? En tout cas, actuellement, pas à El Tarf (wilaya pourtant classée à «haut risque»), pas à Annaba (wilaya classée à «très haut risque» et où on a construit à tort et à travers) et pas à Skikda (wilaya classée à «risque extrême»), pas à ! Que faire ? Pas grand-chose en dehors du respect de la loi et ce sans aucune dérogation tant pour le secteur public que pour le secteur privé et, lors des gros orages, prier pour qu'il n'y ait assez d'eau que pour emplir nos barrages, nos puits et nos nappes souterraines, et pour étancher la soif des terres, tout cela en empruntant les cheminements naturels non encombrés d'ordures et de bidonvilles. Ah oui ! Aussi et surtout, revisiter les bibliothèques des Instituts et des Centres de recherche spécialisés pour tenir compte, enfin, des mille et une recherches et études déjà entreprises dans le domaine, mais, hélas, jamais lues par les décideurs.