Une éventuelle hausse continue de l'inflation mondiale, qui avait atteint des niveaux bas record, risque de compromettre les efforts déployés par les économies émergentes et en développement pour conserver le faible niveau d'inflation de ces dernières décennies, a indiqué la Banque mondiale sur son site web. Dans cette étude inédite consacrée à l'inflation dans les économies émergentes et en développement, l'institution financière mondiale prévient que les conséquences délétères d'une inflation élevée risquent de peser lourdement sur les pauvres, qui conservent l'essentiel de leurs actifs en numéraire et qui dépendent principalement des revenus salariaux, des prestations sociales et des pensions. Un taux d'inflation élevé étant généralement associé à un ralentissement de la croissance économique, il est donc vital, d'après la Banque mondiale, de maintenir l'inflation à un niveau modéré et stable si l'on veut lutter contre la pauvreté et les inégalités. D'après l'économiste en chef et directeur principal de la Banque mondiale pour l'économie du développement, Shanta Devarajan, les recherches récentes sur l'inflation, ses causes et ses caractéristiques ne tiennent généralement pas compte des effets de l'inflation sur les pays émergents et en développement. L'étude souligne également que les anticipations d'inflation sont plus sensibles aux évolutions mondiales et intérieures dans les économies émergentes et en développement que dans les économies avancées. Elles sont également plus solidement ancrées dans les économies émergentes et en développement dont le niveau de dette publique est faible et qui sont plus ouvertes aux échanges. "Les fluctuations des taux de change peuvent amplifier l'impact des forces mondiales sur l'inflation nationale dans les économies émergentes et en développement", ont conclu les auteurs de l'étude, en précisant toutefois que ces fluctuations ont nettement moins de chances de se traduire par des tensions inflationnistes lorsque la banque centrale est indépendante et jouit d'une bonne crédibilité. Ils ont également fait observer qu'il y a eu une amélioration des politiques des banques centrales et un ancrage plus fort des anticipations d'inflation au cours des 20 dernières années, ce qui expliquent en partie, selon elle, cette moindre incidence des taux de change. Selon l'étude, l'amélioration des performances des pays à faible revenu en matière d'inflation semble, dans une large mesure, imputable aux forces extérieures. "Si l'inflation mondiale augmente, ces pays risquent donc d'assister à une amplification des tensions inflationnistes", ont-ils déduit.