Les cadres de la sureté nationale condamnés dans l'affaire du marché d'achat de matériel informatique s'apprêtent à adresser une lettre au président Abdelaziz Bouteflika pour dénoncer « le jugement arbitraire » prononcé contre eux. Leurs avocats ont dénoncé « la double peine » qui a été prononcée contre eux, et ont appelé le président à étudier par lui-même le dossier. La décision de la DGSN de mettre à pied les 12 cadres a poussé leurs avocats à organiser un entretien avec un groupe de journalistes hier à Alger, pour dénoncer la dangereuse dérive de la justice » lorsqu'elle a condamné les cadres à des peines allant de 3 à 5 ans de prison ferme. Me Khaled Bourayou a déclaré : « la justice qui poursuivait des cadres ayant des fonctions exécutives a entrepris ces vingt dernières années de poursuivre ceux qui ont des fonctions de consultation. Ces cadres qui travaillent à la sureté nationale ont été condamnés par le tribunal de Sidi M'hamed parce qu'ils ont donné un avis technique dans un marché d'achat d'onduleurs informatiques. La consultation technique n'engage en rien les personnes habilitées à conclure un marché, et n'a aucune influence sur l'accord » conclu par la DGS avec la société « ABM » pour l'acquisition de matériel informatique. Bourayou qui défend un pilote de l'unité aérienne de la DGSN, dirigée par Chouaib Oultache a indiqué que les cadres allaient adresser une lettre au premier magistrat du pays « dans laquelle ils l'exhortent à intervenir pour mettre un terme à cette dangereuse dérive, qui, si elle continue, privera les entreprises, sociétés et institutions de leurs meilleures compétences. De nombreux cadres refusent d'être membres de comités d'évaluations des marchés par peur de la prison ». Il a précisé que les 12 cadres feront face à des conditions sociales difficiles, parce qu'ils ne pourront pas subvenir aux besoins de leurs familles après la suspension de leurs salaires par l'administration. Il a qualifié la condamnation et l'arrêt de travail de « double peine » et a poursuivi : « la justice malheureusement, prononce de manière automatique les plus lourdes peines dès que cela concerne un dossier dans lequel un cadre est poursuivi pour dilapidation de deniers ». Me Abdelhamid Rahioui a précisé que la défense n'a pas disposé de tous les moyens pour plaider. Le principal selon lui, est le rapport d'enquête sur le marché, ordonnée par feu Ali Tounsi et que la cour a refusé de présenter malgré l'insistance de plus de 25 avocats qui ont plaidé dans l'affaire. Rahioui a ajouté que « ce qui est arrivé à ces cadres a été décrit par Ibn Khaldoun lorsqu'il a dit que « l'injustice est annonciatrice de décadence ».