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Un manteau cache-misère
Publié dans El Watan le 03 - 02 - 2005

Aucune tension n'est perceptible, et les habitants vaquent à leurs occupations. C'est d'ici que les premiers SOS furent lancés pour venir en aide aux habitants de Hjar Mefrouche. Et c'est de ces lieux que la neige avait annoncé, il y a plus d'une semaine, sa couleur. Hjar Mefrouche c'est encore plus loin et plus haut. La route qui y mène est bordée d'oliviers à moitié abîmés. Quelques kilomètres après, le village de Oued Zeguerre. Il y fait plus blanc et il y règne une activité hivernale. La neige atteint par endroit plus de 60 cm. La route ne fait que monter. Autant on y «grimpe» à travers un chenal de moins de 2 m, autant la neige se fait plus persistante. Imposante. Tout autour, seules quelques branches d'oliviers et d'eucalyptus tentent de concurrencer toute cette blancheur.
Brouillard épais
Timidement, des taches verdâtres s'incrustent, comme des grains de beauté dans le paysage, puis elles disparaissent au fur et à mesure que l'altitude se fait plus évidente. Le brouillard, telle une fumée à moitié opaque et jaillissant de nulle part, enveloppe les lieux. Impossible de voir à plus de 10 m. Après plus de 15 km, la circulation se fait de plus en plus dense. «On y est, tout le monde descend !» On n'est pas encore à Hjar Mefrouche, mais presque. Ici, c'est El Batha, à plus de 700 m d'altitude et à moins de 5 km seulement de Hjar Mefrouche. Le bruit des bulls et autres rétrochargeuses apportent un peu d'animation dans un monde blanc de silence. Des habitants de la région prêtent main-forte aux militaires qui tentent de venir à bout de toute une montagne de neige. «Ici, la neige a atteint plus de 1,60m de hauteur», témoigne un jeune militaire nullement perturbé par le froid des lieux. La neige il y en avait à profusion même. On ne voit qu'elle d'ailleurs. Des amas de 2 m de hauteur sont là, élevés comme des blocs de marbre pour en témoigner. Un officier de l'ANP revient sur l'opération de déblaiement entamée depuis plus de trois jours déjà : «Nous avons réussi à avancer quand même. N'était la persistance de la neige qui n'arrêtait plus de tomber, on aurait certainement débloqué la chaussée bien avant. Nous sommes actuellement à El Batha et nous continuons.» Les engins avancent lentement, il leur faut des fois refaire le même parcours plus de deux fois afin de voir l'asphalte. Un jeune militaire garde le sourire malgré une fatigue évidente : «On a travaillé toute la nuit. On ne dort presque plus la nuit malgré la neige et les vents glacials.» Des habitants de la région qui se sont joints aux troupes de l'armée profitent de l'occasion pour évoquer leur malvie, leur manque et leurs espoirs. «On n'a rien à El Batha, on manque de tout», raconte un jeune qui sera vite interpellé par un vieux perché sur un bloc de neige : «Racontez leur tout, ne cachez rien», et aux villageois de narrer les ingrédients d'une vie d'enclavement. Sans eau, sans gaz, ils avaient, des années durant, fait face à un terrorisme qui a plusieurs fois endeuillé la région. D'autres jeunes préfèrent parler de la neige, d'autres vendent, au marché noir, des appareils photographiques jetables. Mais le plus important aux yeux des militaires, c'est l'ouverture d'une brèche à travers la montagne qui a permis à plusieurs citoyens de Hjar Mefrouche de venir vers eux. Un officier raconte : «Des jeunes de Hjar Mefrouche ont réussi à braver des couches de neige de plus de 2 m pour porter des denrées alimentaires aux habitants.» D'après les informations rapportées par ces jeunes, «il n' y aurait, Dieux merci, aucun cas grave à signaler». Une autre source militaire témoigne cependant que seuls trois hameaux sont totalement isolés. «On est sans nouvelles de Douzène, Tazouche et Toutiène. Ce sont des hameaux engouffrés en pleine montagne et tant qu'on ne s'est pas encore approchés de Hjar Mefrouche, il sera difficile de leur venir en aide.»
Puis plusieurs jeunes s'enflamment : «On ne nous a rien donné, nous avons acheté les denrées alimentaires de nos propres poches pour les acheminer vers les habitants de Hjar Mefrouche». Les autorités locales répondent : «Tout est fin prêt pour l'alimentation des populations. C'est une question de priorité et d'organisation. Nous avons tout prévu même des camions de denrées alimentaires, de gaz, de carburant et de médicaments sont prêts à acheminer leurs cargaisons, dès que la route sera dégagée. Le secteur militaire peut garantir dans l'immédiat plus de 1000 repas. Nous avons accompli l'essentiel en parvenant jusqu'à ces lieux avec l'aide de Dieu, nous serons à Hjar Mefrouche au plus tard cette nuit.» Une déclaration appuyée par les habitants d'El Batha qui estiment, eux aussi, que le plus gros a été fait, le reste ne devrait plus tarder. Espoir.
Océan de blancheur
Pour quitter les lieux, il fallait rebrousser chemin et refaire la même route en s'engouffrant de nouveau dans le même océan de blancheur, mais en arpentant la descente. Petit à petit, et à chaque kilomètre parcouru, ce sont des centimètres de neige en moins. Le brouillard aussi se laisse dissiper. Plus en bas, la commune de Bin El Ouidène est sans neige. De doux rayons de soleil viennent apporter un peu de chaleur. Le long de la route, le paysage est le même. Chaque agglomération traversée ressemble étrangement aux précédentes. Des épiciers sont ouverts et exposent à même le trottoir leurs marchandises, il y a un cours d'eau qui semble accompagner parallèlement la RN 85 qui va jusqu'à Collo. Aucune trace de neige sur les hauteurs de la région, seul le froid perceptible à travers l'accoutrement des villageois annonce l'hiver. Kerkera, Collo puis Chreaâ. Dans cette dernière commune, la neige, légèrement ensemencée le long du trajet, annonce la même couleur qu'à Aïn Kechra. Le chemin de wilaya n° 132 qui va jusqu'à Jijel embrasse le pied du mont Gouffi. Une montagne étendue en plein massif. Le même scénario se renouvelle et la neige s'amoncelle crescendo. Le village de Zitouna est blanc. Plus loin et plus haut encore, on se sent totalement englouti par la montagne. Inimaginable. On vaque dans un monde immense, blanc et infini. La route monte et monte à ne plus en finir. Les amoncellements de neige déblayée ces dernières 24 heures et des blocs de plus de 1,5m alignés le long de la chaussée donnent déjà un avant-goût de la difficulté de la besogne. A Plus de 1100 m d'altitude, nous parvenons enfin à Tarras, le pic du Gouffi. Les militaires ont réussi à y parvenir en y mettant beaucoup de moyens. Une armada d'engins continue à déblayer. Tarras est à moins de 10 km de Ouled Attia. Les militaires pensent parvenir l'atteindre en moins de 24 heures, parce que explique-t-on : «Nous sommes au point culminant de la montagne et ces derniers kilomètres sont les plus enneigés. La couche de la neige a atteint plus de 2 m et s'est presque condensée. La tâche n'est pas aussi facile.» Les habitants de Siouane, de Oued Z'hor et de Ouled Attia sont bloqués depuis déjà une semaine sans électricité, sans nourritures et sans gaz ? Un officier répond : «Quelques habitants ont réussi à parvenir jusqu'à nous au péril de leur vie. D'après les informations qui nous sont parvenues, la situation ne serait pas aussi alarmante. Déjà, on n'enregistre aucun décès et nous sommes parvenus jusqu à leur envoyer des médicaments et des denrées alimentaires.» Sur les lieux, des pompiers, des policiers, des gendarmes, des agents de la santé et des militaires semblent tous guetter l'ouverture de la route avec impatience. Un offcier de l'armée fait l'état des lieux. «Nous avons appelé en renfort des conducteurs d'engins qui vont se relayer afin de continuer à déblayer ce tronçon. Nous devons tourner sans cesse afin d'éviter toute autre surprise. Tous les moyens sont aujourd'hui mis en service. Nous attendons d'autres engins qui ne vont pas tarder à arriver». Des citoyens de la région qui ont réussi à sortir de leur hameau décrivent les conditions très pénibles des populations isolées. «Même le bois pour se réchauffer est glacé», raconte un jeune. «Nous avons tenté de nous nourrir avec des herbes, mais la neige a tout couvert, d'ailleurs nous ne pouvons plus communiquer entre voisins.» A Siouane, les habitants racontent que la neige a dépassé les 2 m. «Nous ne pouvons plus attendre, la situation est dramatique.» D'autres habitants de la région rapportent qu'à Laouinet, dans un autre hameau enneigé, l'explosion d'un groupe électrogène a fait quatre blessés. «C'est une famille, dont la demeure est partie en fumée. La mère est gravement atteinte et ses deux enfants ont aussi été touchés.» Les militaires confirment l'information en précisant que la mère a été brûlée, mais que ses jours ne seraient pas en danger. «D'ailleurs, rapporte notre source, un pompier a réussi à porter des médicaments aux concernés, malgré le danger qu'il encourait.» Et pourquoi l'armée n'utiliserait-elle pas les moyens aériens afin de désenclaver Siouane, Ouled Attia, Oued Ledjbel, Kenouaâ… ? Un officier de la gendarmerie répondra que «la situation climatique ne le permet pas dans les conditions actuelles. Le brouillard est si épais que la visibilité est quasiment nulle». Les militaires présents en force continuent à vider plusieurs camions de leurs cargaisons. Sur le chemin du retour, les blocs de glace balisent le chemin. Plus en bas, juste après Zitouna, alors que nous descendons, un porte-char entame sa montée pour rejoindre le contingent des briseurs de glace. Il est 19 h, mais il fait presque jour, car même la nuit ne parvient pas à venir à bout de tant de blancheur et de neige.


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