Au lendemain de l'annonce de la victoire du président candidat, Mme Louisa Hanoune a crié à « la fraude à grande échelle ». Sa voix a été entendue sur toutes les chaînes de télévision internationales présentes à sa conférence de presse tenue le 11 avril au Centre international de presse. Ses paroles ont été soigneusement reprises par les journaux essentiellement de la presse privée. Mais à la Télévision nationale, unique en Algérie, son « cri » n'a pas été entendu. Si l'événement (la conférence) a bien été couvert, il se trouve néanmoins que les déclarations de Mme Hanoune ont été tronquées du passage dans lequel elle évoquait la « fraude massive ». Cela n'aurait eu rien d'étonnant si la porte-parole du Parti des travailleurs (PT) et l'unique candidate femme à la présidentielle du 9 avril dernier n'avait pas loué le « professionnalisme » des médias publics – durant la campagne – à leur tête l'ENTV. A ce propos, il faut rappeler qu'à l'avant-veille du jour du vote, Mme Hanoune avait, dans une conférence de presse tenue dans le même centre de presse, rendu hommage à la Télévision et à la Radio nationales qui avaient, selon elle, assuré une « bonne couverture médiatique » de sa campagne électorale. Ce jour-là, elle avait, en revanche, vertement critiqué la presse écrite, particulièrement les journaux privés qu'elle avait accusés soit de n'avoir pas couvert sa campagne soit de l'avoir traitée de manière « partiale et subjective ». Bien entendu, Mme Hanoune ne citait pas de titres, se contentant de préciser qu'il s'agissait surtout de journaux qui disposaient de moyens humains et matériels importants. Mais une fois la campagne finie et l'élection passée, voilà que Mme Hanoune se retrouve face à la réalité médiatique qui n'est pas nécessairement celle – conjoncturelle – qu'elle a relevée durant sa campagne électorale. Une triste réalité qui rappelle à ceux qui auraient oublié que les médias publics demeurent fermés aux voix discordantes. Lors de sa dernière conférence de presse, elle a considéré « le score obtenu par Bouteflika à l'issue de ce vote comme digne des républiques bannières », affirmant que « le seul pays au monde à atteindre ces chiffres, c'est la Biélorussie gouvernée par un régime stalinien ». De telles déclarations, on les trouve peut-être dans les journaux privés mais certainement pas dans la presse publique. On peut les entendre sur les chaînes de télévision étrangères, mais certainement pas sur l'« Unique ». Mme Hanoune ne se serait-elle pas donc trompée de cible ?
