Ce merveilleux environnement est, hélas, abandonné à son triste sort, livré à l'égoïsme et à l'incivisme des «hors-la-loi», encouragés par le laxisme et le laisser-aller des gestionnaires des affaires locales de cette cité. Au milieu de cette masse d'inconscients, il se trouve des personnes qui veulent sortir de l'ordinaire, pour donner une touche artistique qui fascine les gourmands. Halim «Lapirouze» de Tipaza ne se lasse pas devant son four aux côtés de Aâmi Moh , tel un artiste peintre face à sa toile, pour créer et provoquer la curiosité des passagers venus de partout pour prendre de l'air et passer des moments de détente en cette période estivale. Halim, un Chenoui pur propose une nouvelle gamme de pizza à ses clients. Il s'agit de la grande «roue», connue sous l'appellation de «big mama exotica» d'un diamètre de 0,80m. Cette «big mama exotica» est devenue le plat favori des familles. Il faut patienter une heure pour l'avoir. Les habitués préfèrent laisser des arrhes pour revenir en force et consommer cette rondelle géante étalée sur la table, couverte de légumes, de champignons, de viande hachée, saupoudrée d'un voile de fromage. Halim s'illustre par sa dextérité quand il façonne sa pizza. Les clients, qui veulent «titiller» leur appétit, demandent à l'artiste chenoui d'ajouter des moules, du calamar et des crevettes. Aâmi Moh à la fin du repas vous fait apparaître un dessert pas du tout ordinaire, en cette saison. Il s'agit d'un melon bien juteux, fondant, qu'il divise en deux, en demi-lune. Le creux du fruit est rempli d'une riche salade de fruits, mélangée avec des sorbets aux citrons. «Quel délice !» s'exclame l'Algérois Foudil, estivant à Tipaza depuis toujours et résident à Cambridge (Angleterre). Cet art culinaire se consomme avec comme fond musical, les airs de chaâbi et du haouzi, interprétés par Hadj M'Hamed El-Anka, Chaouli, Naïma, Guerrouabi et bien entendu, l'assistance aura droit à la touche locale du groupe musical Ichenouiyène. Naturellement, Houari, qui avait arrosé cet espace convivial et familial avec de l'eau, ne pouvait laisser échapper cette opportunité, lui qui est à la recherche d'une âme sœur pour vivre le reste de ses jours dans la douceur et la tendresse, propose avec son légendaire sourire, un thé à la menthe préparé à la braise. Il est tard. Les noctambules, en quête d'instants d'évasion à moindre coût, convergent vers ce lieu sympathique situé à quelques mètres de l'entrée du parc national archéologique de Tipaza. En dépit d'un environnement hostile et stupide, Aâmi Moh offre l'occasion aux musiciens de passage de produire quelques notes au grand bonheur de la clientèle et ceci à titre bénévole. Cette nuit, le vent chaud qui soufflait a irrité les vacanciers, mais l'ambiance et les plats offerts ont réjoui les gourmands et les mélomanes en vacances. Les produits de l'artisanat exposés par les jeunes donnent plus de couleurs et de gaieté au site.