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Yambi, l'accolade
Publié dans El Watan le 25 - 10 - 2007

Le roi avait choisi de remettre de territoire à son pays parce qu'il s'était discrédité auprès de ses sujets avec la révélation des atrocités commises sous son autorité par les compagnies coloniales. Après 75 an de domination belge, le Congo accédera officiellement à l'indépendance en 1960. Presque 50 ans plus tard, Belges et Congolais se donnent l'accolade. Yambi est justement le mot que l'ont dit en swahili et en lingala en donnant l'accolade à un ami. Yambi, bienvenue, c'est 150 artistes congolais accueillis dans 117 lieux dans toute la Belgique et même en dehors de ses frontières. Théâtre, musique, arts plastiques, littératures, contes, BD, danse contemporaine, cinéma… Plus de 300 événements durant deux mois. Yambi s'achèvera la semaine prochaine, après avoir marqué les esprits de tous et traduit la nouvelle synergie entre le Congo et la Belgique. Un peu comme des retrouvailles, mais aussi un nouvel élan de la coopération culturelle entre les deux pays. Yambi s'inscrit dans une certaine logique : celle qui a amené la Communauté française, par trois fois déjà, à inviter en Belgique des artistes de pays africains partenaires de sa coopération, pour présenter un visage nouveau de ses richesses culturelles contemporaines. Le Sénégal en 1997 avec Na Nga Def !, le Burkina qui saluait la population belge francophone par le mot Laafi ! en 1999, tandis qu'en 2004, les artistes béninois leur disaient Alafia ! Autant de mots symboles de la rencontre et de l'échange que ces projets entendaient proposer aux Belges. C'est également la continuité d'une coopération initiée au Congo depuis près de 20 ans au travers du centre Wallonie-Bruxelles de Kinshasa qui prône la création et les nouvelles rencontres, et qui fait naître partenariats et projets conjoints au-delà des frontières d'une histoire commune. Ni un festival, ni une opération de prestige, Yambi est donc un programme bilatéral de coopération internationale. Il a été initié par le CGRI (Commissariat général aux Relations internationales de la Communauté française) et le ministère de la Culture du Congo, avec le soutien de la ministre des Relations internationales Wallonie-Bruxelles et des autorités congolaises.
La musique congolaise a envahi les ondes de tout le continent africain, et même au-delà de ses frontières, depuis plusieurs décennies. On pense à Wendo, Kasongo, Grand Kale, Papa Wemba et bien d'autres. Yambi proposait en plus d'une nuit africaine, de faire danser son public sur la rumba congolaise. Jeunes formations revisitant les percussions de l'ensemble du Congo, Tuta Ngoma, La Sanza, la tradition toujours présente avec le griot Ikondongo Mukoko… Pour le jazz, le Congo proposait ce qui se fait de mieux en la matière : Ya'Kongo formé avec la complicité de Pierre Vaiana, le saxophoniste belge que le public constatntinois et Algérois ont déjà rencontré lors des précédentes éditions du Dimajazz et lors de Assima jazz. Yambi proposait aussi des créneaux moins connus en Europe, tels que le chant choral avec le chœur La Grâce et la fanfare La Confiance.
Profusion d'images
Plusieurs expositions ont été programmées, proposant un large panorama de la création congolaise contemporaine, mais aussi un regard sur les pionniers, les précurseurs et les peintres populaires. L'une des plus importante s'intitule «Talatala» et est présentée à Bruxelles. Elle est le résultat de plusieurs mois d'enquête et de recherche sur le terrain, réalisées par les anthropologues de l'asbl Entre Deux Mondes à Kinshasa. Des rencontres avec les associations de dessinateurs et d'autres acteurs du secteur ont donné lieu à ce projet visant à permettre aux Kinois de raconter leur ville et leur vie. L'exposition regroupe d'ailleurs des textes, des dessins, des photos et des vidéos. La première partie est thématique et se déroule en un voyage interactif au cœur du quotidien Kinois. La seconde met en lumière l'historique, les conditions de production et les principaux thèmes créatifs de la bande dessinée congolaise. «Talatala» est une exposition en deux parties. La première est une partie thématique dans laquelle les visiteurs sont transportés dans un voyage interactif au cœur de la vie quotidienne à Kinshasa. La deuxième est destinée à mettre en lumière l'historique, les conditions de production et les principaux thèmes créatifs de la bande dessinée congolaise d'hier et d'aujourd'hui. On y retrouve des dessins à caractère religieux, albums d' «éducation au développement», publications satiriques, dessins publicitaires, revues populaires de fabrication artisanale mais de grande diffusion et albums individuels ou collectifs édités sur place ou dans le cadre de la diaspora congolaise en Europe. Un hommage y est rendu aux auteurs chevronnés tels que Dnis Boyau, Asimba Bathy, Thembo Kash et bien d'autres. La vitalité du neuvième art au Congo est également illustrée dans l'exposition «Congo : 20 ans de caricatures», présentée à la Maison de la culture de la ville de Namur, en parallèle avec le Festival international du film francophone (FIFF). On retrouve les dessins de trois caricaturistes : Kroll, Royer et Tembo Kash, témoignages de la proximité qui s'est toujours maintenue entre les deux pays. Mais pour en revenir aux arts plastiques, Yambi proposait plusieurs autres expositions, dont «Tohu Bohu à Kinshasa», «Peintures populaires et installations», «Congo, Vies du peuples, Vie des arts», ou encore «Photos de Gulda et arts traditionnels», «Abstraction textile : Kuba, Mbuti, Ngongo, Shoowa» et «Our Project : African Human Life». La photographie n'étant pas en reste, elle comptait pas moins de sept expositions. Du reportage documentaliste à la photographie d'expression, de Kinshasa à Lubumbashi, en passant par Kisangani, le Kivu… on retrouve les petits métiers de la rue, la vie quotidienne, les enfants entre le jeu, la rue et l'école, jeunes talents, spécial verre cassé…
En matière de théâtre, le plus grand événement s'intitule Africare. Il ne s'agit pas d'un spectacle sur l'Afrique, mais d'un spectacle africain. Conçu et mis en scène par Lorent Wanson, il se traduit à partir d'histoires mythologiques et de récits ancestraux, toute la réalité de la population congolaise, sur les plans politique, économique, social et humain. Avec la participation de comédiens, danseurs, chanteurs, musiciens et griots, Africare théâtralise tout simplement les différents labyrinthes et défis que doivent affronter les congolais. D'autres pièces et spectacles de théâtre : Cabaret du bout du monde d'Eric Durnez, Castration de Djodjo Kazadi, Na tempo et Parlement debout de Papy Ebotani.
Vers un éveil ?
Yambi a réuni un large panorama d'écrivains et de conteurs congolais. C'est ainsi que dans différents lieux, de talentueux «littairaires» viennent s'exprimer le temps d'une soirée avec Zooms Découvertes, ou Kin lue à deux voix, Duos congolo-belge. Le grand parloir des lettres congolaises est, pour sa part, un focus sur l'acte d'écriture. Pour la première fois, vingt écrivains congolais en communautés française et belge sont réunis pour permettre la découverte autant que la rencontre, puisque ces talents sont rarement connus et reconnus, alors que cette expression littéraire existe depuis plus de 60 ans.
Le cinéma congolais d'hier, d'aujourd'hui et de demain, voilà ce que proposait Yambi. D'abord, au FIFF où plusieurs projections ont eu lieux, notamment le fameux Juju factory de Balufu Bakupa-Kanyinda. Mais aussi Kinshasa Palace, un documentaire de Zeka Laplaine, Pièce d'identités, de Mweze Ngangura et de nombreux courts métrages. D'ailleurs, à l'occasion de cet événement, un double DVD a été édité, proposant des images de cinéastes confirmés et de vidéastes en devenir. En tout, 21 courts-métrages accompagnés de textes pertinents, de témoignages et de regards sur l'histoire et l'actualité cinématographique congolaise. Voilà, un petit aperçu sur l'événement Yambi qui s'achève la semaine prochaine en Belgique, mais reprendra la main, en automne prochain au Congo. Les publics de Kinshasa et Lulubumbashi auront aussi leur part des réjouissances. Il y est prévu une manifestation de quatre mois pour le 20e anniversaire de la Délégation de la communauté française. Un peu pour dire que malgré les blessures coloniales, les tensions et les crises, des liens très forts se sont tissés entre les deux communauté et la coopération culturelle entre-elles est de plus en plus renforcée.
Pour les Congolais, ce sera aussi et peut-être surtout, l'occasion de recréer les liens entres les artistes. C'est que l'état des lieux en matière de culture dans ce pays frôle la désolation. Yoka Lye Mudaba, un commissaire congolais de Yambi, expliquait récemment dans un entretien que, la musique mise à part, toute la vie culturelle a été fragilisée, les infrastructures ayant périclité, d'une province à une autre, les artistes ne se connaissent pas. La suite de Yambi au Congo permettrait d'ailleurs le rééquipement électrique de plusieurs dalles de spectacles dans six villes. Depuis quelques mois, les formations se succèdent en musique, en cinéma, en art plastique et en gestion des musées. Pour renforcer le réseau artistique, ses stages sont le plus souvent possible menés par les Congolais. Et ce n'est que le début d'un réveil et d'un éveil…


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