80% des logiciels informatiques mis sur le marché algérien sont contrefaits et 60% de ceux produits localement sont des clones. Le DG des Douanes affirme avoir demandé le gel des exportations des déchets ferreux et non ferreux. L'institution douanière a demandé officiellement au chef du gouvernement de geler provisoirement les exportations des déchets ferreux et non ferreux. C'est ce qu'a révélé, hier, Sid Ali Lebib, directeur général des Douanes, lors de son passage au forum d'El Moudjahid, estimant qu'il y a « nécessité de coordonner les actions entre toutes les institutions concernées afin de maîtriser la situation ». Sid Ali Lebib a affirmé que le ministre du Commerce lui a fait rappeler de se conformer à la valeur transactionnelle et donc de ne pas attendre la mercuriale des prix de ces produits boursiers. « C'est-à-dire que pour savoir s'il y a fraude sur la valeur, nous sommes obligés de demander une authentification auprès du pays d'origine. Ces derniers sont assaillis par nos sollicitations alors que, de leur côté, il est vraiment rare qu'ils nous saisissent pour des cas pareils... », a-t-il dit. Il a reconnu qu'il existe « des défaillances dans la chaîne de contrôle de cette activité (...) Il y a des gens qui volent les câbles électriques et téléphoniques dans le but de les exporter sous forme de déchets. Nous ne pouvons pas être responsables de ces faits. » Les douaniers sont pourtant tenus de vérifier le certificat d'origine que les exportateurs sont censés présenter lors des opérations de dédouanement. M. Lebib a néanmoins déclaré avoir demandé au chef du gouvernement « le gel de ces exportations » et une réponse positive pourrait intervenir dans les jours qui viennent. Il a rappelé que son administration a été « la première à avoir le courage de mettre à la connaissance de l'opinion publique les informations relatives à un courant de fraude ». Interrogé sur le limogeage de certains cadres des douanes, Sid Ali Lebib a été catégorique : « Il n'y aura pas de tsunami dans les rangs des douanes. La réforme engagée a soulevé des forces de résistance. Après le limogeage d'un cadre, ces dernières ont fait circuler des rumeurs pour déstabiliser le corps (...) Nous sommes en train d'assainir nos rangs et dans ce cadre il y a 149 douaniers qui sont poursuivis par l'administration. » ll a noté à propos du système informatique, qu'il « est désormais impénétrable » grâce « aux efforts » des cadres. Abordant la question de la contrefaçon, Sid Ali Lebib a estimé qu'il s'agit d'une menace pour le marché et l'emploi. Il a affirmé qu'une enquête réalisée par la firme américaine Microsoft a révélé que 84 % des logiciels utilisés en Algérie sont piratés et plus de 60 % des produits fabriqués localement sont considérés comme des clones. Le manque à gagner occasionné par la contrefaçon se chiffre, selon toujours cette enquête, à plusieurs dizaines de millions de dollars. « Au niveau de l'Organisation mondiale des douanes (OMD), la contrefaçon est un fléau qui tend vers la criminalité. Il a été institué un comité qui a recommandé une meilleure formation des douaniers, l'adaptation des lois et le renforcement du dispositif de lutte contre la contrefaçon. Nous avons, à notre niveau, demandé aussi la création d'un observatoire ou d'un comité contre la contrefaçon pour impliquer davantage la société civile dans cette lutte... » Le directeur général des douanes a annoncé par ailleurs la généralisation, à partir de samedi prochain, du système de gestion des risques, institué déjà au port d'Alger, sur l'ensemble du territoire national. Ce système vise à « la facilitation du flux de la marchandise et à contrer la fraude commerciale sous toutes ses formes ». Il s'agit en fait de la suppression progressive des taxes douanières, selon les catégories de liste de produits. A ce sujet, les fausses déclarations sur la valeur, l'espèce et l'origine restent les courants de fraude les plus répandus « auxquels nous ne pourront faire face tant que le marché du change parallèle, qui est un grand problème pour l'économie nationale, n'est pas combattu ». Il a indiqué avoir enregistré 1457 fausses déclarations en 2004 contre 1624 en 2003. Il a néanmoins révélé que l'utilisation des 18 scanners à travers le territoire national a « sensiblement réduit » la fraude commerciale. Pour ce qui est des importations, le DG des douanes a précisé qu'elle ont atteint 1047 milliards de dinars en 2004, dont 60 % proviennent d'Europe. Les recettes douanières, quant à elles, ont connu une hausse relative. Elles sont passées de 261 milliards de dinars, en 2003, à 282 milliards de dinars en 2004. La valeur globale des exportations était de 24,6 milliards de dollars en 2003 et 31,71 milliards de dollars en 2004. Pour ce qui est de la contrebande, Sid Ali Lebib a noté qu'elle a évolué selon les régions et l'économie du pays. Ainsi, les produits les plus prisés par les contrebandiers sont le carburant, les produits pyrotechniques, le cheptel, la cigarette, l'alcool et les stupéfiants. Pour ce qui est de l'adhésion à l'OMC, Sid Ali Lebib a indiqué que l'institution qu'il dirige est déjà prête. « Le nouveau code des douanes, en préparation depuis près d'un an avec la collaboration du FMI en tant qu'organe d'expertise, est parfaitement adapté aux législations des pays avec lesquels seront établies des zones de libre-échange. Même l'actuel code est adapté à l'adhésion de l'Algérie à l'OMC... », a-t-il dit.
