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Sétif : L'hôpital s'enfonce dans le coma
Publié dans El Watan le 24 - 12 - 2010

Le centre hospitalier universitaire Saâdna Abdenour de Sétif est dans le coma. Disposant de plus de 800 lits et devant assurer une meilleure prise en charge d'un bassin de plus de 5 millions d'habitants, l'établissement fait face à un manque de réactifs, médicaments, gants, fil chirurgical et frise la faillite. La liste des médicaments en rupture depuis le 1er janvier dernier ne cesse de s'allonger. L'acide acety salicylique (500 mg CP), Ioxytalamate de Na/MEGML (350 mg/50 ml et 100 ml Inj), Acetyl D. Leucine (500 mg Inj), Chloramphénicol (0,4 % 5 ml Collyre), Chloramphénicol (1% 5G PDE OPHI) sont indisponibles depuis janvier. Les compresses imbibées de vaslene (20×20 cm et 10×10 cm) manquent depuis le 11 août. Le stock des sels de réhydratation (poudre orale) est depuis début décembre à zéro. De nombreux produits anticancéreux, comme le Cisplatinium (50 mg-Inj) est en rupture depuis le 16 février. Les manques en Bortezomib (3,5MG-INJ), Ciclosporine (100 mg /ml Susp-orale), Imatinib et onze autres produits ont été signalés.
Ayant gros sur le cœur, de nombreux médecins et paramédicaux, impuissants à gérer continuellement les pénuries et pannes d'équipements, lâchent le morceau : «Les réactifs T3, T4 et TSH indispensables pour les analyses du goitre sont introuvables au CHU. De plus, l'incinérateur est à l'arrêt depuis un mois. Figurez-vous que l'incinération des produits se fait du côté de la décharge publique de Sidi Haider !», souligne sous le sceau de l'anonymat un praticien qui s'alarme non seulement du déficit en spécialistes mais de la détérioration des conditions de travail. «Dans un service aussi important que la cardiologie, l'équipement relatif à l'épreuve d'effort est en panne depuis avril 2010 ! Le service fonctionne avec un seul électrocardiogramme et un seul écho doppler !».
Scanner en panne
Ne mâchant pas ses mots, le professeur Zinedine Soualili, président du conseil scientifique et président du Syndicat national des professeurs et docents en sciences médicales, s'énerve : «Le CHU, qui fait non seulement face au manque de nombreux services tels que la gastroentérologie, médecine nucléaire, dermatologie et cytogénétique, se bat depuis des mois contre la pénurie du fil de suture, des gants et des produits anesthésiques pour ne citer que ces produits. La situation est intenable. Il ne faut pas avoir peur des mots. En cette période de disette, nous ne faisons ni plus ni moins que du secourisme au CHU de Sétif où le bloc opératoire du service de chirurgie datant des années 1940 – l'hôpital a été inauguré pour 500 lits en septembre 1939 – n'est plus conforme.» Et ce n'est pas tout. L'institution, qui a «consommé» quatre directeurs généraux en quatre ans, est éclaboussée par l'affaire du nouveau scanner. Vingt-sept mois après avoir été réceptionné, le 7 octobre 2008, l'équipement en question n'est toujours pas fonctionnel. Cette situation rocambolesque porte un grave préjudice aussi bien à l'équipement (dont la technologie est, nous dit-on, dépassée), qu'aux patients.
D'après un responsable de l'hôpital, l'instabilité des managers est dans une certaine mesure à l'origine de ce scandale. «L'ancienne direction, qui a voulu réaliser un centre d'imagerie, n'a pas bien étudié le dossier, accentuant par là les malheurs d'un établissement malade», souligne notre interlocuteur. Le problème du «nouveau» scanner délie d'autres langues. «L'unique scanner, offert un 10 mai 2001 par l'homme d'affaires Djilali Mehri, est dépassé, lâche un praticien qui travaille, à l'instar de ses collègues, dans des conditions difficiles. Il lui arrive même d'afficher des résultats erronés ! Comme il n'est pas équipé de nombreuses options, cet équipement ne peut donc pas réaliser tous les examens. De toute manière, le produit du contraste, indispensable à la réalisation d'un examen au scanner, est indisponible au CHU depuis plus de deux ans. Le patient est donc contraint de l'acheter de l'extérieur…»
Trois femmes enceintes par lit
Un hospitalo-universitaire, qui n'a pas voulu passer sous silence le départ massif des radiologues, ajoute : «L'extension du service de radiologie, qui ne devait pas prendre plus de quelques mois, n'est toujours pas achevée deux ans après. L'installation de l'IRM et du géographe, bloqués par des lenteurs bureaucratiques, n'est pas pour demain…» Le laboratoire des prélèvements externes, dont le rendement est en temps normal de plus de quarante prélèvements par jour, est fermé depuis plus de deux mois ! Les citoyens les plus démunis sont orientés vers le «privé». La situation au niveau de la maternité de l'hôpital mère et enfant du CHU n'est pas plus meilleure. Le «forfait» des gynécologues en est la cause. Les trois spécialistes – des gynécologues femmes – sont en congé de maternité. Cette «permission» est de plus en plus appuyée, nous dit-on, par des arrêts de travail. Cette vacance, qui donne un sacré coup à la structure, perdure depuis plusieurs mois. Pour éviter la faillite, les différents services de la maternité, n'ayant désormais de maternité que le nom, sont pris en charge par douze généralistes dont six vacataires. Ces derniers ayant trimé des années durant ne perçoivent, pour une pénible et non moins risquée garde, que la misérable rétribution de 700 DA… imposables de surcroît. «Assurée par des internes n'étant ni encadrés ni outillés, précise-t-on dans le service, la réanimation des nouveau-nés pose un vrai problème et engendre des décès qui pourraient être évités.»
Un milliard de dinars de déficit
Arrivée dernièrement, la mission chinoise n'a pas réglé tous les problèmes. D'autant que l'équipe composée de quatre obstétriciens n'assurerait que les césariennes. Le programme opératoire (l'ablation des kystes et des fibromes, les curetages biopsiques) se ferait toujours à l'extérieur, c'est-à-dire dans les cliniques privées. La consultation, l'échographie et la conduite thérapeutique sont du ressort des médecins généralistes. La reprise de l'activité s'est répercutée sur la bonne prise en charge des futures mamans. Celles-ci se voient obligées, ces derniers temps, de s'entasser à trois dans un lit où dormir à même le sol. La qualité des repas et des soins infirmiers, en l'absence d'un directeur d'unité, laisserait également à désirer. Une infirmière est aujourd'hui en charge de plus de… quarante patientes. Et d'enchaîner : «Figurez-vous que l'hôpital qui croule sous d'innombrables problèmes n'a plus le droit aux achats d'urgence, ajoute le professeur Zinedine Soualili. A la moindre réclamation, on vous assomme avec le déficit de l'établissement estimé à un milliard de dinars ! Faisant face aux récurrents problèmes d'étanchéité ayant consommé de colossales enveloppes, le CHU a besoin d'un plan Marshall», martèle le praticien qui ajoute : «Le scandale du nouveau bloc des urgences a fait perdre au CHU plus de 1200 m2 de sous-sol. Fonctionnant avec uniquement deux médecins titulaires, le SAMU, à l'instar des urgences médicales et chirurgicales, a besoin de renfort en équipements et personnels médicaux et paramédicaux spécialisés.» Et d'énumérer une liste ininterrompue de problèmes : le centre de chirurgie infantile ne dispose pas de toilettes. Les résidents s'entassent dans un quatre mètres carrés. Il n'y a plus de sondes urinaires, de cathéters, les équipements d'endoscopie urinaire et digestive font défaut. Les services éprouvent de grandes difficultés à établir les listes des gardes. En cause : le manque de praticiens et de spécialistes de rang magistral.
Manque de communication
Cette déliquescence, qui dure depuis des années, est à l'origine des départs vers d'autres cieux d'une vingtaine de médecins. Une hémorragie accentuée par les problèmes de logement. «Ceux que nous occupons depuis 1998 répondent point par point au décret exécutif du 7 août 2003 fixant les conditions et les modalités de cession des biens immobiliers appartenant à l'Etat et aux Offices de promotion et de gestion immobilières, précise Dr Hamadouche, président du Syndicat national des maîtres assistants en sciences médicales, section de Sétif. Et il arrive à expiration le 31 décembre 2010, raison pour laquelle nous avons tenu à informer le ministère et la wilaya qui restent muets sur cette question. Par ailleurs, les enseignants chercheurs de l'université ont acquis leur logement par transfert de bail par application de ce même décret. Des courriers ont été, à ce sujet, transmis aux autorités locales qui n'ont pas daigné répondre.» Si les conditions de travail défavorables persistent, beaucoup de services risquent de se dégarnir, prévient le praticien. «Démoralisés, de nombreux collègues ont émis le vœu de changer d'air. Les responsables sont interpellés sur la situation du CHU. Le manque de communication a attisé les difficultés des praticiens qui ne savent plus où donner de la tête. Par ailleurs, contrairement à nos collègues de l'université Ferhat Abbès, les CHU n'ont, depuis 2004, bénéficié d'aucune nouvelle attribution de logements.»


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