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Festival de cannes, Pour en finir avec l'édition 2010 : L'ombre de Bush
Publié dans El Watan le 29 - 05 - 2010

Les thématiques politiques n'ont pas été absentes de ce festival, loin s'en faut. Fair Game et Route Irish en sont les exemples.
De notre
envoyé à Cannes
Les années Bush à la Maison-Blanche ont été les pires années pour le monde et sans doute pour l'Amérique elle-même. Un film américain en compétition Fair Game de Doug Iman en fait une chronique très amère. Bush et sa clique accusaient l'ex-régime de Baghdad de vouloir se doter de la bombe atomique et de menacer Israël. Fair Game montre, dans une fiction haletante mais poussée au réalisme et jouée par Naomi Watts et Sean Penn, que rien de cela n'était vrai. Toutes les informations sur l'achat de l'uranium au Niger étaient de la manipulation basée sur de faux rapports des services secrets italiens. Fair Game met en scène le personnage réel de Joseph Wilson, ex-ambassadeur américain au Gabon, chargé d'une enquête au Niger.
Celui-ci fait un rapport négatif, soulignant qu'il n'y a pas la moindre preuve que Niamey ait vendu de l'uranium à Baghdad. Son rapport est jeté à la poubelle à la Maison-Blanche. Et on voit, dans le film, des images d'archives de Bush annonçant fièrement au peuple américain les bombardements imminents de Baghdad. C'est le début d'une longue guerre. Joseph Wilson écrit dans le New-York Times, le 6 Juillet 2003, une tribune cinglante pour dénoncer les agissements de la clique Bush et ses mensonges pour justifier la guerre.
L'affaire cependant se complique pour lui et sa famille, sa femme, Valérie Plane, étant en effet un agent de la CIA chargé du dossier nucléaire irakien ! Pour nuire à son mari, Dick Cheney charge un adjoint de divulguer le travail de Madame Wilson à la presse. Elle est de ce fait « grillée ». Les agents du FBI et de la CIA, qui l'ont brutalement licenciée, sont lancés à ses trousses et surveillent les moindres faits et gestes de son mari. La vie des Wilson est chamboulée. Les époux se séparent. La traque rend leur quotidien impossible. Fair Game est un récit rigoureux et captivant sur les secrets de la vie politique américaine.
C'est un témoignage de première main sur l'incroyable mensonge qui a déclenché la guerre et sur les abus de pouvoir de Bush, Cheney, Rice et compagnie. Les Anglais croyaient naïvement qu'ils n'avaient rien à voir avec ces abus américains en Irak, Abu Graïeb et les pratiques immorales et illégales. Mais voici le film de Ken Loach qui va leur dire les choses en face. Route Irish (du nom de la route la plus dangereuse de Baghdad) est aussi une fiction très réelle sur les milices fascistes (ici il s'agit d'Anglais de Liverpool) appelées « Blackwaters » qui avaient droit de vie ou de mort sur les Irakiens.
D'anciens membres du SAS anglais convertis en milice privée, payés avec des sommes faramineuses pour faire un sale travail. Ken Loach part du massacre d'une famille irakienne dans un taxi, femmes, hommes et enfants, scène terrible heureusement enregistrée par un téléphone portable qui se perd et qu'on recherche tout le long du récit. Les faits et les témoignages s'enchaînent. La mise en scène est fougueuse et rapide. Scènes à Liverpool, Amman, Baghdad qui donnent à cette oeuvre la valeur d'un témoignage indiscutable sur les massacres perpétrés par les Blackwaters anglais. Après cela, il faut compter sur David Cameron pour les chasser de Baghdad, pour l'honneur du peuple anglais.
Dans ce Festival de Cannes, aucune mention au palmarès des grandes œuvres politiques (sauf le film du tchadien Haroun, prix du Jury) sur l'Irak, l'Algérie, la Russie, l'Amérique. Le jury, présidé par le peu engagé Tim Burton, a fait preuve d'amnésie sur ce point. Mais il a choisi un beau film thaïlandais Oncle Boonmee (l'Homme qui se souvient de ses vies antérieures), un sujet écolo-bouddhiste, très soucieux de la nature très belle de la jungle de Thaïlande avec ses forêts, ses cascades d'eau, ses grottes et ses espèces très rares. On dirait qu'un Bouddha s'est sauvé de Bangkok en flammes pour atterrir sur la Croisette. L'auteur même de ce film, Apichatpong Weerasthakul, ressemble étrangement à ces moines vêtus de robes safrans que l'on croise dans les rues de Bangkok. Il montre dans son film un homme mourant qui traverse la jungle avec sa famille jusqu'à la grotte, lieu de naissance de sa première vie. C'est donc un récit tout à fait synchrone avec la philosophie bouddhiste, selon laquelle la vie et la mort sont une succession de cycles dans laquelle les êtres vivants renaissent sous diverses formes.
L'homme appelle sa famille autour de lui pour l'assister dans son passage d'une vie à une autre, sachant qu'il va renaître sous une autre forme. Et, à cet instant précis du film, apparaît le fantôme de sa femme morte dix ans auparavant et de son neveu transformé en singe. La mise en scène, certes très lente, rythmée par la progression de la maladie et l'attente de la mort, est tout de même originale, secrète et mystérieuse, comme la forêt autour avec ses bruits étranges, ses sons, ses voix et ses bourdonnements. Comme toute l'effervescence de la jungle. Le personnage Oncle Boonmee explique qu'il a été militaire, un soldat perdu et qu'il a tué beaucoup de communistes au Laos et au Vietnam. Il regrette cela, puisque le bouddhisme enseigne que la réincarnation dépend des bons actes dans les vies antérieures.
Cette surprenante Palme d'Or a beaucoup partagé le Festival de Cannes, avec des pour et des contre. Mais quoiqu'on dise, le palmarès de Cannes est toujours inattendu, c'est souvent simplement le fruit de la subjectivité des membres du jury. On ne pouvait pas croire finalement que Tim Burton s'intéresse à Hors La Loi. Xaxier Beauvois, en revanche, a bien mérité son Grand Prix pour son film profond et sérieux sur les moines-trappistes de Tibhirine. De même Juliette Binoche, pour le prix d'interprétation féminine. Si seulement le jury avait associé aussi Chafia Boudraâ pour ce prix d'interprétation ! Les portes se referment. Le prochain Festival de Cannes se déroulera du 11 au 22 Mai 2011.


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