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Assassiné le 25 juin 1998 : Matoub Lounès mort, ses idées font du chemin
Publié dans El Watan le 24 - 06 - 2010

Assassiné le 25 juin 1998 dans des conditions non élucidées à ce jour (12 années après son assassinat l'enquête n'a pas abouti et la date du procès de ses présumés meurtriers n'est toujours pas fixée), Matoub Lounès a gardé intacte sa popularité auprès d'un très large public constitué de simples citoyens, parmi lesquels de nombreuses femmes, de cadres et d'étudiants, qui continuent plus que jamais à l'aduler, sans doute parce qu'ils se reconnaissent dans ses idées et combats qui lui coûtèrent la vie.
Matoub Lounès constitue, également, un sujet d'admiration pour les étudiants, qui ponctuent immanquablement les festivités des grands événements politiques et culturels locaux ou nationaux par la diffusion d'émouvantes chansons de son riche répertoire. L'adhésion quasi-totale des étudiants à ses paroles apportent la preuve, s'il en fallait une, que le poète n'est pas près d'être oublié et que bien au contraire il fait de très nombreux émules dans les campus universitaires. Tamazight, en tant que langue et culture à préserver et promouvoir, figurait aussi aux premiers rangs des combats de Lounès Matoub. Il refusait le sort que le pouvoir algérien leur a réservé, sort que le chanteur qualifiait sans détour de « génocide culturel et de viol linguistique ». Le mouvement nationaliste, dans toutes ses composantes, n'a lui-même pas laissé le moindre espace à la langue et à l'identité amazighes pourtant millénaires et authentiquement algériennes. Dès les années vingt, les milieux nationalistes opposent, par mimétisme, la nation algérienne à la nation française, la langue arabe à la langue française et l'Islam au Christianisme.
Le sort de l'amazighité est dès lors scellé. On n'hésite pas d'ailleurs à éliminer tous les militants qui refusent de se fondre dans le moule arabo-islamique qui constitue la matrice du pouvoir en place. Pourtant, dans les années 1940, le discours revendicatif de la cause amazighe devient plus explicite à travers, notamment, la crise berbère de 1949. La contestation mise au placard durant la guerre de libération reprendra après l'indépendance, culturellement, par Mouloud Mammeri dont les cours de berbère à peine tolérés à la faculté d'Alger vireront quelques années plus tard en revendication politique. Matoub Lounès sera de ce combat pacifique en tant que militant du Mouvement culturel berbère (MCB), qui porte depuis plus de vingt ans le flambeau des luttes identitaires et démocratiques contre le pouvoir oppresseur. « Yehzen El Ouad-Aissi », illustre très bien les massacres du printemps 1980 avec les mots justes et forts qui décrivent parfaitement cet événement dramatique : « Deuil sur Oued Aïssi, depuis le début des émeutes, nuit venue, soldats grimpant à l'assaut. Tous les villages alertés, le peuple afflua vers Tizi. Toutes les rues bouillonnaient ; pourquoi bouillonnaient-elles ? Ce n'est pas la démocratie ! Nous voulons la liberté, allons, avant qu'ils nous mènent au peloton. » L'ouverture du pays, avec l'instauration du multipartisme (1989), a donné beaucoup d'espoir, malheureusement, trop vite déçus. La culture amazighe est, pour chaque kabyle, l'âme de son identité et Matoub, dans ses chansons, s'ingénie à refonder et enrichir la culture amazighe, en dépoussiérant, notamment, les histoires, les contes du terroir, l'objectif étant de préserver sa langue et ses valeurs. Ce, qu'évidemment, ses détracteurs n'ont pas manqué d'exploiter en qualifiant injustement ses propos de régionalistes, voire même de racistes.
Il appelle tous les citoyens responsables à faire preuve de maturité politique et de clairvoyance patriotique pour déjouer les pièges tendus par certains cercles du pouvoir. S'adressant à sa compagne et parfois à sa conscience, devant ce qui restait de ce montagnard et ce gladiateur forcené qu'il avait toujours souhaité être en réaction aux injustices et habitudes sclérosantes, Matoub a tenté d'esquisser à tâtons une caricature de ce qu'il est, en tentant de chercher, tel un aveugle qui rase le long d'un mur, une issue qui conduit malheureusement à un précipice. La culture berbère, la démocratie, la justice et les droits de l'Homme constituaient pour lui autant d'idéaux en faveur desquels il fallait inlassablement lutter. Matoub, qui contestait le régime politique en place déjà sous le règne de Boumediène, gardera de similaires positions envers celui de Chadli, sous le règne duquel se déroulèrent les inadmissibles dépassements en réaction au soulèvement populaire d'Avril 1980. Il fait également grief à ce régime pour les exactions commises en représailles aux émeutes du 25 septembre 1994 par un groupe armé, puis libéré au terme d'une forte mobilisation populaire en Kabyle. Son enlèvement a démontré au monde la maturité de toute une population qui a su éviter les dérapages même après l'expiration de l'ultimatum fixé par les terroristes.
Contrairement à ce que ses détracteurs avaient affirmé, il n'a jamais fui le danger ni refusé de prendre position sur les questions qui fâchent quand il le fallait. Il s'est souvent échiné à défendre ses opinions et ses positions d'homme libre, faisant fi de toute hypocrisie. Il n'a jamais visé la réussite sociale, son credo étant tout simplement d'être libre de penser et d'agir. Mais dans un pays qui ne porte pas la démocratie en odeur de sainteté, cela se paie ! Les déchirements qu'évoque le poète avec son passé sont parfaitement bien résumés par son fameux cri du cœur aujourd'hui largement usité en Kabylie : « Nul n'a ressenti les coups de boutoir du temps, sauf ceux qui nous ressemblent. »
Djamila Fernane. Universitaire


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