L 'opposition ivoirienne a fustigé, hier, la candidature à un troisième mandat annoncée par le président Alassane Ouattara la veille au soir, jugeant que la Constitution lui interdisait de se représenter à l'élection présidentielle d'octobre, rapportent des médias. «Alassane Ouattara ne peut en aucun cas se présenter. Ses propres experts l'ont dit», a déclaré le secrétaire général du Front populaire ivoirien (FPI), l'un des deux plus importants partis de l'opposition, Assoa Adou. Le chef de l'Etat a annoncé en mars ne pas se représenter. Il a justifié son revirement par le décès subit, le 8 juillet, du candidat investi par son parti, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly, évoquant un «cas de force majeure». La Constitution limite à deux le nombre de mandats présidentiels. Mais selon l'interprétation du pouvoir, le Président, élu en 2010 et qui achève son deuxième mandat, a le droit de se représenter car l'adoption de la nouvelle Loi fondamentale en 2016 a remis les compteurs à zéro. Vision contestée par l'opposition. Pour N'Goran Djédri, membre du bureau politique du Parti démocratique de la Côte d'Ivoire (PDCI, principale formation de l'opposition), «M. Ouattara n'est pas au-dessus des lois». «Le peuple de Côte d'Ivoire doit revendiquer l'application exacte de la Constitution (de 2016) qui stipule en son article 183 que la législation actuellement en vigueur en Côte d'Ivoire reste applicable». «Nous sommes en face d'un projet de coup d'Etat civil en ce sens que le projet de M. Ouattara constitue une violation grave de la Loi fondamentale», a jugé Moussa Touré, directeur de la communication de Guillaume Soro, ancien allié du Président passé à l'opposition, candidat à la présidentielle et exilé en France. «Merci monsieur le Président d'avoir accepté d'être le choix du peuple de Côte d'Ivoire pour conduire les aspirations légitimes des militants et sympathisants du RHDP à la présidentielle d'octobre 2020», a tweeté le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Sidi Touré. Le président Ouattara a dirigé vendredi matin une brève cérémonie de 15 minutes au palais présidentiel pour le 60e anniversaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, réduite au stricte minimum en raison de l'épidémie de coronavirus. La crise post-électorale en 2010-2011 a fait 3000 morts.