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Fatima Zohra Guechi. Historienne : «La présence ottomane ne peut être considérée comme colonialiste»
Publié dans El Watan le 02 - 09 - 2020

Fatima Zohra Guechi est professeure d'histoire à l'université de Constantine, auteure de thèses et d'ouvrages sur la présence turque en Algérie.

-L'Algérien lambda connaît peu de la présence ottomane en Algérie. L'installation a-t-elle été facile ?
Si l'Algérien lambda connaît peu de la présence ottomane en Algérie, ce n'est pas faute de travaux d'historiens reconnus ni de documents publiés.
En fait, l'installation des Ottomans a été plutôt longue et chaotique sur les villes côtières. Ils ont livré des batailles contre les Espagnols et leurs soutiens. De plus, les projets d'expansion des frères Barberousse ont contrecarré les ambitions des petites entités politiques qui avaient fait appel à leur aide.
Les premières années (1516-1523) sont rudes, avec des pertes symboliques des deux côtés... Arrouj trouve la mort après le siège de Tlemcen. Et les deux soutiens des Ottomans, Selim Toumi et Ahmed Ibn Qadhi, devenus rivaux gênants, sont sacrifiés par les nouveaux maîtres de la ville-Etat d'Alger, avant d'étendre leur autorité vers l'intérieur du pays.
L'avancée vers l'intérieur du pays n'est pas moins complexe. Alliances et rivalités qualifient les relations avec Beni Abbas, maîtres des Bibans. Le titre de cheikh Al Arab est attribué au chef des Dhawawda Bouakkaz dès 1528, pour s'assurer son soutien.
-Durant cette époque commençait à se forger le sentiment d'appartenance au pays d'Algérie qui n'est pas encore une patrie au sens moderne...
La communauté de religion atténue les ressentiments des Algériens envers les Ottomans qui ont, par ailleurs, circonscrit le territoire algérien sous leur autorité durant trois siècles. Ce qui a conforté le sentiment d'appartenance au «pays», dans son sens restreint «patelin» ou «watan», puis progressivement au pays-Etat dont les frontières Est et Ouest sont restées presque inchangées jusqu'à nos jours. Ce sentiment d'appartenance «algérienne» reste limité aux écrits des lettrés, notables et poètes. Dans les pays arabes, ils étaient qualifiés de «Maghariba», Maghrébins. «Al Jazaïr» désignait la ville et le pays. A l'oral, on disait «Dziri» pour Algérois et «Jaza'iri» pour Algérien. C'est en confrontation de la politique coloniale «assimilatrice» que le sentiment d'algérianité s'est renforcé.
-Pourquoi ne considère pas-t-on cette présence comme un colonialisme ?
La présence ottomane ne peut être considérée comme colonialiste. Les Ottomans n'avaient pas la velléité de conquérir un pays pour assujettir son peuple et en exploiter ses richesses au profit de l'Etat conquérant, avec une idéologie «suprémaciste» et raciste. Ils ont introduit le rite hanafite sans l'imposer, la langue osmanli étant limitée à l'administration centrale, même si les gouvernants (allogènes) et leurs soutiens bénéficiaient de privilèges indus. «On se révoltait contre les "Turcs", mais on priait pour le "Sultan de l'Islam"», comme le dit l'historien Lemnouer Merouche.
Abdal-Rahman Thaâlibi incitait déjà ses disciples à se préparer activement à la défense du pays contre une invasion chrétienne qu'il prévoyait en réaction à la prise de Constantinople en 1453. Depuis, la légende des «ghâzi», héros ottomans, a précédé celle des «Barberousse» qui se sont imposés à tous par le courage, la bravoure, en mer et sur terre. Sollicitée par les Andalous, depuis la chute de Grenade en 1492, ensuite par les chefs autochtones des zones côtières pour contrer l'occupation des ports par les Espagnols au début du XVIe siècle, l'intervention ottomane est une réponse à un contexte géopolitique méditerranéen. Une fois au pouvoir, il fallait composer avec les forces en présence pour étendre leur influence sur l'intérieur du pays, au nom de la Sublime porte et constituer un Etat dans l'Empire.
-Les Ottomans ont échoué à déconstruire les structures tribales pour les absorber dans l'Etat… quelles ont été les conséquences de cet échec ?
Au début, les Ottomans ont essayé de s'allier les tribus ou de les vassaliser. Ces tribus "makhzen" aidaient les troupes à récolter les impôts et à asseoir le pouvoir central. Les récalcitrants se réfugiaient dans les montagnes, inaccessibles ou passaient la frontière de l'Est au moment des «mehallas». Il fallait garder au pacha d'Alger le rôle d'arbitre. En 1647, après une très large révolte tribale, l'équilibre est maintenu au prix d'une redéfinition des aires d'influence. Quand les chefs des Hanancha et des Bouakkaz Dhawawda acceptent de porter le caftan d'investiture après l'intronisation du bey, ils le reconnaissent et lui portent allégeance.
En contrepartie, le bey de Constantine, en l'occurrence, admet les limites de son autorité qui s'arrête aux confins des terres de telle tribu. Or, accepter la symbolique du caftan, c'est renoncer à l'autonomie qu'octroyait la légitimité tribale. Dès la fin du XVIIIe siècle, le pouvoir central d'Alger a fragilisé l'emprise des chefs de tribu, soumis à une rivalité entre frères et cousins pour les postes. Dans certaines régions, le gouvernement était direct à travers la nomination des caïds. Cependant, l'esprit tribal a persisté et joué contre la résistance «unitaire» aux occupants français. Il a triomphé sur les intérêts du pays, chacun luttait pour sa propre légitimité. Les défections contre Ahmed bey et l'Emir Abdelkader en sont la meilleure preuve. Absorber les tribus dans les structures de l'Etat aurait contribué à forger un sentiment d'appartenance face aux tenants du pouvoir, étrangers et despotes.
C'est ce que fera le colonialisme français : à vouloir casser – sciemment – l'esprit de la tribu et de la famille arabe (Senatus consult 1863 et loi de 1882 sur le patronyme), il a fait éclore le sentiment d'appartenance à une même communauté, «une nation arabe» puis «algérienne» distincte des colonisateurs français.
Entretien réalisé par Nouri Nesrouche


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