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Djamel Zenati : «Je serai présent à la marche du 12»
Entretien : les autres articles
Publié dans El Watan le 06 - 02 - 2011

Djamel Zenati, militant pour le combat démocratique, ancien du FFS et du Mouvement culturel berbère (MCB), apporte, dans cet
entretien, un éclairage sur différentes questions liées à l'actualité nationale, notamment les dernières émeutes et tout ce qui en découle comme actions citoyennes.
-Quelles interprétations faites-vous des derniers développements survenus sur la scène politique et sociale ?
Au-delà des manipulations et des manœuvres politiciennes réelles ou supposées, le mouvement de colère que vient de connaître notre pays signe l'échec de la politique antinationale de l'une des dernières dictatures au monde. La dégradation avancée des conditions de vie de l'écrasante majorité des Algériens et l'opulence affichée avec arrogance par le pouvoir et sa clientèle ont nourri un sentiment d'injustice et d'indignation très fort.La fermeture des espaces de la libre expression et la destruction des canaux institutionnels d'épanouissement culturel et de promotion sociale ont poussé les citoyennes et les citoyens vers des modes d'affirmation et d'action extrêmes.
Nous vivons un moment d'une grande intensité politique, car la situation explosive du pays est couplée à un contexte régional en pleine ébullition. Ça peut donner le meilleur comme le pire. Tout dépend du prolongement qui sera donné au mécontentement populaire par les divers acteurs et intervenants politiques. Une chose est cependant certaine, l'émeute ne peut en aucun cas constituer une stratégie politique, et quand elle s'installe dans la durée, elle renforce plus qu'elle ne fragilise le régime en place. Lors des dernières émeutes, tout le monde aura constaté que la dimension déviante a rapidement pris le pas sur l'aspect contestataire.
-Comment expliquez-vous cela ?
Il y a d'abord le fait que la culture du pillage qui caractérise le sérail a déteint sur la société. Mais plus grave encore est cette jonction qui s'est établie entre les «nouveaux riches» et les milieux du banditisme et de la délinquance. Ces derniers sont utilisés comme «limes sociales» censées contenir la contestation et lui enlever tout caractère politique. Ce phénomène dangereux risque de démobiliser les populations. C'est pour cela qu'il est nécessaire de privilégier l'émeute des consciences et le travail de réflexion et de construction.
-La Tunisie semble être sur le point d'instaurer un régime démocratique et l'Egypte est dans un mouvement de contestation du régime. Peut-il en être de même pour l'Algérie ?
Je suis très confiant dans le processus tunisien à déboucher sur un système démocratique. Je le suis moins en ce qui concerne l'Egypte où la donne géopolitique va peser lourdement. Chaque pays a sa propre trajectoire, ses spécificités, et personnellement je réfute l'idée de vague démocratique, car je ne crois pas à la fatalité historique. Il peut cependant y avoir des interactions, mais il faut se garder d'en surestimer le poids. Il ne fait pas de doute que les peuples de la région sont en marche. Et c'est le cas de l'Algérie. Les évolutions qui surviendront seront celles que choisiront les acteurs, bavards et moins bavards, au pouvoir ou dans l'opposition, dans la diversité de leurs démarches et perceptions.
Le sursaut qualitatif dépendra de la volonté et de la capacité de ces acteurs à construire un consensus politique honnête et durable loin du populisme et de la manœuvre. Un contrat historique est aujourd'hui possible car le règne par «le verbe et le bâton» est révolu et l'alibi du «rempart contre l'extrémisme» fissuré. Bien au contraire, c'est le maintien de ces systèmes qui nourrit l'extrémisme et menace la paix partout dans le monde. Et les exemples ne manquent pas.
-Toujours aussi émiettée, l'opposition démocratique peine à se constituer en véritable alternative au régime. Quelles sont les causes de cet échec ?
L'histoire mouvementée de notre pays avec une irruption récurrente de la violence a empêché l'émergence d'une culture et d'un champ politiques. L'absence de traditions étatiques a favorisé le repli dans les valeurs et structures traditionnelles à solidarité primordiale. Depuis quelques années, il y a un balbutiement du politique, mais le pouvoir a réussi à configurer le champ à sa convenance et à insérer l'opposition dans un jeu politique dont il a lui-même fixé les règles. Il lui a enlevé de ce fait toute capacité stratégique. Avec le temps s'est développé un rapport de suspicion entre le peuple et les élites. Comment voulez-vous qu'il en soit autrement quand des élus se réclamant de l'opposition alimentent eux-mêmes le phénomène de la corruption par des recommandations appuyées au profit des barons de l'alcool et autres secteurs maffieux ?
Enfin, il y a lieu de signaler cette discorde permanente qui caractérise les forces politiques et qui ne s'explique pas seulement par l'action des laboratoires du pouvoir. Il y a aussi l'effet destructeur des pesanteurs de notre société qui baigne dans un autoritarisme quotidien qui sert de réceptacle à l'autoritarisme du pouvoir. L'opposition est-elle aujourd'hui prête à rompre avec ce carnaval et à reconstruire un rapport de confiance avec la population ? Je l'espère de tout mon cœur. L'Algérie a vécu ces dernières années une expérience très dense en événements et à chacun de faire son introspection et tirer les enseignements utiles. C'est à ça que doit servir le passé et non pas à actualiser des conflits qui ne serviraient pas la dynamique actuelle. Mais il est vrai que certains doivent, plus que d'autres, faire montre de modestie et de sens de la mesure.
-Comment voyez-vous l'après-Bouteflika ?
Après les alternances claniques, nos dirigeants semblent tentés par la succession familiale. Hantés par l'idée de laisser la place, ils ont trouvé là une manière de quitter le pouvoir sans le quitter. La nouvelle configuration du système mise en place par Bouteflika répond justement à ce souci.Jamais un Président n'a eu autant d'atouts entre les mains, et le résultat après douze ans de règne est tout simplement un énorme gâchis. Il a fait perdre à l'Algérie toutes ses opportunités, notamment la possibilité de rejoindre le concert des pays émergents.Il a affamé le peuple, affaibli les institutions, érigé le régionalisme en critère d'accès aux postes et ressources, livré l'économie aux réseaux maffieux. Et j'en passe. La guerre de succession a déjà commencé et ses anciens sponsors entendent se réapproprier les prérogatives dont ils ont été dépouillés.
Et c'est l'éternel recommencement. L'après-Bouteflika se présente selon deux scénarios possibles. Le premier consiste en un retour à l'avant-Bouteflika. Le second est celui de l'amorce d'une transition démocratique. La raison et le sens patriotique dicteraient à tout un chacun d'opter pour le second scénario.
Mais les réflexes néo-patrimonialistes de nos dirigeants et le peu de considération qu'ils ont pour le pays risquent de nous fourvoyer dans une nouvelle aventure meurtrière. L'empressement qu'ils ont à mobiliser les technologies les plus sophistiquées de répression des masses contraste avec un silence honteux et un «aplat-ventrisme» indigne quand des pays comme la Palestine ou l'Irak se font humilier et martyriser au quotidien.Ils peuvent aller jusqu'à susciter un état de guerre pour se maintenir. Et si les choses se corsent, ils choisiront, à l'exemple de Ben Ali, de fuir comme des malfrats plutôt que d'accompagner le peuple dans une meilleure perspective historique.
-Quel est votre rapport au FFS ? Que pensez-vous de sa position dans la conjoncture actuelle ?
Le rapport est certes distant depuis quelque temps, mais le FFS demeure le parti dont je me sens le plus proche. Son rôle durant les années de braise a été décisif dans l'évitement d'un embrasement généralisé du pays. Ses problématiques et propositions demeurent pertinentes et d'actualité. Ce qui le prédestine à jouer un rôle moteur dans cette dynamique de remise en cause du système politique actuel. Il est assez caractéristique que les exigences les plus insistantes du FFS, à savoir la levée de l'état d'urgence et l'amorce d'une période de transition, soient reprises par l'ensemble des organisations, y compris par celles qui les avaient combattues auparavant. C'est un fait important dont je me réjouis. Mais je serai encore plus heureux si le FFS retrouvait la place qu'il mérite sur la scène politique et je ne comprends pas qu'il se mette en marge en pleine effervescence sociale. Nul n'a le droit de priver les citoyens d'un instrument de lutte ou d'un espace d'expression quelconque.
-Y a-t-il des chances de voir Djamel Zenati réinvestir bientôt le terrain politique ? Etes-vous prêt à prendre des initiatives personnelles ou à vous joindre aux dynamiques qui semblent se profiler à l'horizon comme la marche du 12 février ?
Je n'ai jamais quitté totalement le terrain politique mais je dois reconnaître que je me consacre plus au travail de réflexion qu'à l'activité politique. De plus, il est devenu difficile d'être visible dans un champ de plus en plus rétréci et surtout pollué.
Pour ce qui concerne les initiatives, je crois que plus il y en a et moins c'est bon. Le foisonnement des initiatives n'est pas de nature à favoriser les convergences. Je n'ajouterai donc pas au risque dispersif. Toutefois, je voudrai souligner avec insistance que toute action qui ferait l'impasse sur les attentes et les indignations exprimées par les citoyens serait perçue comme une tentative de récupération politicienne du désarroi du peuple. Ce qui est au centre des préoccupations de la population peut se résumer en deux phrases : suppression des injustices et élargissement des libertés.
Pour cela, toute initiative politique devra s'articuler autour de deux axes essentiels. Le premier a trait à une série de mesures d'urgence, comme la levée de l'état d'urgence, ou encore la mise en œuvre d'un plan immédiat et concret dans les domaines de l'emploi, du logement et du cadre de vie en général. Le deuxième axe concerne l'amorce d'une transition démocratique dont les séquences et le contenu seraient à définir par l'ensemble des acteurs. Prudence et patience sont nécessaires pour éviter les impasses du passé.Quand à la marche du 12 février, il est certain que j'y serai.


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