En général, on fait des enfants, puis moins d'enfants, puis presque pas. Mais de l'avis des experts, la démographie algérienne est aussi complexe que ne l'est le cerveau ou le pic des hormones algérien. Trop d'enfants ou pas assez ? Ni l'un ni l'autre, mais ça dépend. Si à la fin des années 1980, l'Algérie était un pays au taux de fécondité parmi les plus élevés au monde, ce taux tombera en chute libre dès les années 2000, où la pyramide des âges commencera à prendre une allure de sablier avec une population vieillissante. Renversement suivant, un boom des naissances reprend depuis 2003 et une croissance démographique de 1.2%. En 1998, on ne comptait que 157 000 naissances, et ce chiffre va doubler dix ans après. Pour atteindre 341 000 en 2009. La pyramide des âges qui avait tendance à se rétrécir à sa base va retrouver sa forme élancée, fine en haut, svelte au milieu et large en bas, une allure de sportif en bonne santé. Contrairement à ce que l'on disait selon la formule consacrée, il n'y avait pas 70% de jeunes dans les années 2000, mais 60. Avec l'augmentation des prix du pétrole et l'amélioration des conditions socioéconomiques, l'Algérie a pris un coup de jeune lors de la dernière décennie (70% de moins de 30 ans), et même si la démographie est complexe, le pays va encore rajeunir les prochaines années pendant que ses dirigeants vont continuer à vieillir, en restant probablement au pouvoir jusqu'à l'extinction de leurs propres statistiques, avec leur mort. Les tensions ont encore de beaux jours devant elles ; selon les projections en matière d'accroissement de la population, les personnes de plus de 60 ans, 7.4% aujourd'hui, représenteront du fait de l'allongement de l'espérance de vie 14,70% de la population (soit 6 millions de personnes) en 2030. La guerre des vieux contre les jeunes n'est pas terminée.