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Dans les plaines du « quart-monde »
Beni Mered (Blida) n'arrive pas à voir grand
Publié dans El Watan le 28 - 12 - 2005

Moins de 40 km au sud d'Alger, sur le grand axe de la RN1 menant vers le sud du pays, à quelques kilomètres de deux grands aéroports, bénéficiaire des premiers tronçons de l'autoroute Est-Ouest - à moins qu'elle n'en soit victime - et protégée par les montagnes de l'Atlas tellien, la commune de Beni Mered jurerait par la désolation, l'incapacité de se prendre en charge, les luttes sournoises pour la mainmise sur la gestion.
35 000 habitants répartis sur 16 km2 donnant ainsi le troisième rang pour la densité de la population avec plus de 2100 habitants au km2 derrière Ouled Yaïche et Blida, la commune de Beni Mered ne possède pas une vocation propre à la région. Coup dur au début des années 1980, mais l'inscription de projets de cités et l'extension du grand Blida rajoutées à l'ampleur prise par l'université et ses 40 000 étudiants, la déchetterie et le centre de traitement des déchets redonnaient quelque peu vie à une commune moribonde. Le développement du secteur privé dans l'agriculture et l'industrie -surtout agroalimentaire- avec la privatisation des exploitations agricoles et la création toute proche d'une zone industrielle dénommée Atlas ramèneront une main-d'œuvre nombreuse et variée à laquelle il fallait faire face. Les différents responsables, tant élus que nommés, n'ont pas calculé à l'avance la densité des besoins à satisfaire et donc inscrire et lancer des projets. Aussi, il est malheureux de ne trouver qu' un centre de santé et une salle de soins alors que les normes exigent 4 centres et 7 salles. Un seul lycée à Khazrouna subit le flot des élèves à inscrire pour les études secondaires et il ne passe un jour sans voir les longues processions de jeunes sur les routes risquant leur vie. La nouvelle cité à Diar Bahri, avec ses 740 logements, devrait recevoir en urgence tous les équipements sociaux afin d'éviter les maux qui rongent nombre d'agglomérations qui poussent un peu partout à travers le pays.
léthargie
Le visiteur d'un jour à la commune ressent un sentiment de gêne du fait de la léthargie ambiante : club de football en championnat de wilaya, absence d'autres disciplines permettant une dynamisation de la vie au quotidien ; le mouvement d'une population hétérogène installée progressivement en fonction des flux migratoires liés à l'histoire impose un caractère de défiance entre les personnes issues du piémont de l'Atlas tellien du côté de Bouinan -les Beni Misra et les Cherifia- ainsi que les descendants des familles venues des douars de Berrouaghia et Tissemsilt à une certaine époque de la colonisation pour répondre à des besoins précis de l'occupant. A ceux-là, il faut rajouter l'immigration de familles de Blida bénéficiaires de lots de terrain à bâtir, de militaires à la retraite venus d'horizons divers, de cadres universitaires et de sociétés privées installées dans les zones toutes voisines de Blida, Ouled Yaïche et Beni Tamou. Une agglutination de personnes qui se surveillent à la place d'un enrichissement réciproque et la meilleure illustration demeure la composition de l'exécutif communal où les coups bas ont mené jusqu'à l'emprisonnement de certains, quasiment à tour de rôle. Abdennour Bechsaïs, actuel président issu de la majorité FLN, pharmacien de fonction, semble s'empêtrer dans les luttes intestines pour la prise de la commune et se trouve ainsi empêché de penser grand. Un des plus hauts cadres des élus communaux à l'échelle de toute la wilaya gère des couffins de Ramadhan détournés, des réunions portant essentiellement -de par la loi du nombre- sur le recrutement pour le préemploi, les autorisations multiples.
pas de voies goudronnées
Pourtant, une gare ferroviaire et l'autoroute passant juste à côté devraient influer positivement sur la création des richesses avec l'installation de dépôts et de chaînes de froid pour l'agriculture, la multiplication des services à offrir et même l'encouragement pour l'hôtellerie et la restauration. Une école privée a vu le jour, prémices de nouvelles options pour une commune qui possède tous les atouts pour réussir, mais offrant l'image d'une gestion chaotique. Pour l'exemple, une virée du côté de Khazrouna, un grand centre d'habitations collectives, laisse perplexe. Une salle de soins jouxtant l'annexe de la commune accuse l'existence d'un dépôt d'ordures sur son flanc gauche et un îlot -Le 135- de constructions habitées au lotissement Baïla ne dispose pas de voies goudronnées depuis ses origines au début des années 1980. « Nous ne pouvons pas circuler à pied lors des chutes de pluie et nos multiples doléances aux différents exécutifs sont restées sans résultat », dira un habitant tout de suite relayé par un autre chef de famille qui déclare avoir beaucoup investi dans la construction avec la perspective d'activités à créer dans ses deux grandes remises ou hangars . « A chaque fois que je ramène quelqu'un dans la perspective d'une association commerciale ou industrielle, le cadre environnant le fait fuir ! » Routes étroites, arrière-pays rébarbatif avec l'existence d'une zone d'habitations précaires illégales sur le bord de l'oued Beni Azza et d'où proviennent nombre de délinquants pullulant de toutes les communes limitrophes. A cet endroit, plus de 120 logements sont « cachés » à la vue des autorités régionales. Des citoyens, de ce qu'on peut appeler « le quart-monde », venus des wilayas de Médéa, Tissemsilt, Aïn Defla et Chlef mènent la vie dure, pour leur majorité, aux habitants des 520 logements du centre de Khazrouna dépendant de la commune mère de Beni Mered. Les formes abracadabrantes faisant office d'habitation sont même monnayées aux plus offrants des familles venant de loin et coûteraient plus de 10 millions de centimes l'unité. Alimentées en électricité par un effet de regroupement de compteur effectué par Sonelgaz, les autres sources de vie comme l'eau et le branchement au réseau d'évacuation des eaux usées font cruellement défaut ; des mètres de tuyaux en PVC déversent directement dans l'oued des eaux qui stagnent de par l'encombrement des déchets de toutes sortes que l'oued ne peut plus charrier. Des enfants de tout âge vont et viennent par les passerelles aménagées et personne ne semble se soucier de leur santé. Des « villas », terme utilisé pour ces gourbis indignes, irrespectueux de la condition humaine, font face aux appartements recevant des visites temporelles de jeunes en mal d'argent, d'emploi, de couverture sociale. Beaucoup d'entre eux déclarent n'avoir pas franchi le seuil du collège et se sentent abandonnés par l'Etat. « Dawla haggara », criera un jeune. « Mes parents ont fui le terrorisme et le peu d'argent a servi à acheter ce semblant de maison ; je me débrouille pour apporter le pain quotidien », dira-t-il Visages marqués par les vicissitudes d'une vie aux aguets, beaucoup déclarent cependant qu'ils ne retourneront jamais dans leur village d'origine. « Ardh rabbi ouas'â », affirmera ce qui semble un chef de bande.
Des atouts, mais...
Plaine de la Mitidja, Blida ville des Roses, Alger la capitale, Boufarik et son marché de gros, ses casernes, CHU Frantz Fanon, autant de noms de lieux synonymes de possibilité d'embauche pour une multitude de familles de l'intérieur du pays. Le flux migratoire n'est jamais tari et l'absence de centres d'accueil, de structures d'écoute et d'études et même de statistiques assurent des conditions d'une vie dans la Cité sans respect du cadre même, de son prochain, des normes,... en un mot : de la coexistence. Diar Bahri, grand espace à l'ouest du chef-lieu de la commune, avait bénéficié de lotissements où de belles villas ont été érigées et des lots de terrain attribués à plusieurs bénéficiaires à la fois occasionnant des litiges à n'en plus finir pendant que d'autres avaient été détournés de leur vocation initiale par l'agence foncière sous l'injonction de l'ex-wali et pour des considérations relevant beaucoup plus du trafic sur le foncier. Aujourd'hui, une grande cité, don de l'Etat du Koweït, a vu le jour et reçoit des populations venant pour la plupart de la commune de Blida, mais l'exécutif de Beni Mered ne donne pas l'impression de s'en inquiéter. Tout comme les constructeurs des immeubles, OPGI en tête, qui auraient dû sans doute s'inquiéter du contrôle technique avec le constat répété d'infiltration des eaux usées dans les appartements du rez-de-chaussée, infiltration issue de l'absence de raccordement au réseau d'assainissement, la non-fonctionnalité scandaleuse du réseau dans la cité des 145 Logements et celle des 72 Logements, en attendant sans doute d'autres, entraînant le rejet d'eaux usées avec la persistance de fortes odeurs nauséabondes et le risque d'affaissement de paliers entiers pouvant provoquer mort d'homme. Des correspondances sont envoyées depuis l'année 2003 et des expertises de huissiers de justice sont transmises régulièrement tout comme les constats sur le terrain incitent à tirer la sonnette d'alarme. Conséquence de souci de profit à tout prix et de par l'absence d'une autorité de surveillance rigoureuse, quasiment aucune cité nouvellement bâtie n'offre l'impression d'un refuge sécurisant. Mal de début du siècle, nombre de jeunes architectes, rencontrés à l'université toute proche, rejettent la faute sur le trafic d'influence qui impose le copinage, l'attribution de marchés à des connaissances n'ayant des compétences que sur le papier tout comme il existe une chaîne de passation de marchés faisant augmenter le coût du mètre carré bâti et incitant à la recherche de matériaux peu coûteux. A voir encore le fameux grand lot de terrain « cédé » à l'entrepreneur Hadji par l'ex-wali qui est objet d'un contentieux grave. Virage amorcé vers un autre sujet et d'autres registres des problèmes vécus par les citoyens de ce « jeune » pays. Pourtant, il suffit de très peu pour que cette commune soit jalousée par des centaines d'autres et les atouts dont elle dispose auraient fait de ses citoyens des êtres dont on rechercherait les liens, l'affection puis l'amour.


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