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Le cercle des poètes disparus
littérature algérienne, tombeau (1) pour l'année qui s'achève
Publié dans El Watan le 05 - 01 - 2006

voilà, c'est fini. L'année s'est achevée avec le goût amer des choses inaccomplies, un goût où se mêlaient la cendre des défaites - de nos vies défaites - et le miel des espoirs adolescents qui nous maintiennent en vie. Et puis, la politique qui se réinvite au début de ce siècle.
Tout est politique, disait l'autre. Voir. D'un côté, on nous presse de tout oublier mais de se souvenir ; on nous dit que la guerre est finie mais que la mémoire est toujours au front, qu'il y a des choses positives partout et en tout, même dans l'abjection, mais qu'il faut savoir ne pas pardonner, surtout aux bourreaux. Confusion des sens, facilité de la pensée binaire, manichéenne. Dureté de la pensée, confort de la bêtise. Tout est politique, la littérature comme la vie quotidienne qui nous enjoignent de nous déterminer, de dire d'où nous parlons, pourquoi nous parlons, pour qui nous parlons. Aux écrivains, on demande d'écrire pour signifier quelque chose, de s'adresser au plus grand nombre. On leur demande même leur avis, sur la vie, le sport, la corruption... Mais on se contente de leur demander leur avis. Soit ! Voilà, c'est fini. L'année s'est achevée sur le souvenir de nos écrivains disparus. Najia Abeer, Sadek Aïssat, Djamel Amrani, Djamel Eddine Bencheikh... Nos écrivains ? Comme s'ils nous appartenaient, en propre et non pas au figuré, comme si c'était seulement leur postérité, la perpétuité de leur nom dans nos mémoires qui importait et non pas l'éternité de leur œuvre. La mort d'une personne, accessoirement d'un écrivain, ne signifie donc rien d'autre qu'une disparition, l'énigme policière d'une disparition. Comme Anna, l'héroïne de L'avventura - le fameux film de Michelangelo Antioni - qui au milieu du film disparaît soudainement, pour ne jamais réapparaître, laissant ses amis dans le désarroi le plus complet, nous laissant, nous spectateurs, en proie à la désolation face au vide, face au non-sens des choses. C'est un départ, impromptu, qui est comme une béance, que rien ne comblera et que rien ne doit combler, sinon la recherche patiente, douloureuse et joyeuse des traces, des indices, des clefs qui nous permettront de remonter le cours incertain de leurs écrits. Le lecteur ne connaît pas de joies artificielles, pas plus qu'il ne s'abandonne aux drames existentiels vains, c'est un vaillant enquêteur, pour qui la quête ne s'arrête jamais. L'écriture, les romans n'expliquent rien, n'apportent aucune consolation face à la mort et au néant, sinon celle que propose Pierre Assouline, commentant Beckett : « Plus je le lis, mieux je me console de ne rien comprendre au monde. » Bien plus, cette incompréhension essentielle devrait pouvoir s'ouvrir sur des espaces inédits, de joie et de légèreté infinies. Nous pourrions, un matin, nous réveiller et nous écrier que les livres sont une constellation de mots, à l'instar de ce qu'écrivait, à propos du cinéma, le cinéaste portugais Manoel De Oliveira : « Une saturation de signes magnifiques qui baignent dans la lumière de leur absence d'explication. » Le 20 mars 1965, comme en écho à la besogne secrète de ces tâtonnements aveugles, Djamel Amrani écrivait : « Et c'est tout le secret de notre abnégation / Il s'inscrit là, sur les rides de nos visages / Sur la paume inépuisable et repue de labeur / Sur la paix muette du soir qui plonge unis vers la mer ses derniers sanglots. » Ce poème, Bivouac des certitudes, était dédié à Jamel-Eddine Bencheikh qui, bien plus tard, écrira dans ce long sanglot étouffé qu'était le recueil Cantate pour le pays des îles : « Nous ne serons jamais que fragiles. Nous nous réveillons sans mémoire / Il nous faudra rajouter un Dieu à notre histoire/Nos enfants se suicident / Nos enfants se droguent de songes meurtriers / Il restera d'eux moins qu'une onde / Une vibration insaisissable / Un éclat qui mettra dix mille ans à s'éteindre comme une fleur séchée dans une boîte de cuivre. » Voilà, c'est fini.
(1) Tombeau : composition poétique, œuvre musicale en l'honneur de quelqu'un


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