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Alger vote (30%) contre les «forces du mal»
Journée électorale dans la capitale
Publié dans El Watan le 12 - 05 - 2012

El Djazaïr El Mahroussa (Alger la «protégée») recouvre son statut de forteresse d'antan. Un calme plat règne dans les faubourgs. Le déploiement policier est impressionnant. Survols incessants d'hélicoptères de la police. Des colonnes de fourgons de CRS occupent
les principaux boulevards de la capitale. Branle-bas de combat à la lisière des quartiers populaires.
Faites barrage aux forces du mal.» Invite apocalyptique d'un président de la République décidé à faire voter, même au prix de la terreur, du chantage à la paix, son peuple (discours de Abdelaziz Bouteflika, le 8 mai à Sétif). La magie des «bourourou» tous calibres, de l'OTAN, l'enfer de l'intervention étrangère, servis à l'overdose par les caudillos du régime à des Algériens divorcés d'avec l'urne, vont-ils se manifester (enfin) ce jour J ? Un jeudi 10 mai chômé et payé, accessoirement journée de votation.
El Djazaïr El Mahroussa (Alger la «protégée») recouvre son statut de forteresse d'antan. Un calme plat règne dans les faubourgs.
Le déploiement policier est impressionnant. Survols incessants d'hélicoptères de la police. Des colonnes de fourgons CRS occupent les principaux boulevards de la capitale. Branle-bas de combat à la lisière des quartiers populaires. La gendarmerie, la BRI, la Sûreté nationale…tout ce que l'Algérie compte de képis est sur le qui-vive. L'invasion tant «annoncée» serait-elle imminente ? Evidemment «non». Les hurleurs au loup repasseront un autre vote.
Ce sont là juste les «symptômes de la peur panique qui affecte le régime», rétorque Hakim Addad, militant politique et associatif, ancien président de RAJ et candidat FFS à Alger : «Eli Maândou tben fi kerchou… (celui qui n'a pas de foin dans sa panse) ne craint pas le feu.» Sur les hauteurs d'Alger, dans les quartiers des ambassades, fiefs suggérés par le régime d'abriter des «comploteurs» de tous acabits, on affiche pourtant une mine sereine. La «main de l'étranger» se fait toute discrète, ici. Décontractée. Les ambassades des USA et de France, la délégation de l'UE, sises à quelques centaines de mètres des QG du pouvoir, ne donnent aucun signe d'un débarquement proche.
10h55 : El Biar. Bouteflika vote «en famille»
Le geste lent, démarche d'automate, le président Bouteflika s'avance, engourdi, les traits crispés, vers l'urne. Son entrée dans le bureau de vote n°34 de l'école Mohamed Bachir Ibrahimi, à quelques encablures de sa villa à Hydra, se fait sous le crépitement des flashes, mitraillé par une nuée de reporters. Même épuisé par une campagne électorale où il s'est jeté de tout son poids, l'homme tente de faire bonne figure devant les caméras.
Bouteflika se prête volontiers au rituel de la pose photo, esquisse un sourire, fait glisser, au bout de longues secondes, son bulletin de vote.
ffort surhumain pour un Président qui joue son va-tout. Bouteflika vote en «famille» : les frères, souriants et décontractés et les neveux qui soutiennent subtilement l'oncle-président qui se dit «fini».

11h45 : Sainte Elizabeth, l'UE vous regarde
Le panel d'observateurs de l'Union européenne est attendu par une flopée de reporters étrangers sur des charbons ardents (plus de 230 médias étrangers accrédités), pas lassés de faire la navette entre le Centre international de presse (hôtel El Aurassi), les QG des commissions de surveillance et de supervision des élections. La cour du lycée Zineb Oum Al Massakine (ex-Sainte Elizabeth) est inondée de médias. C'est que les yeux du monde sont «rivés» sur les élections algériennes. Arrive José Ignacio Salafranca, le chef de la mission d'observation des élections de l'Union européenne (MOE-UE). Il papote en espagnol avec des journalistes espagnols, nargue les journalistes algériens qu'il invite à attendre la conférence de presse pour poser leurs questions. Sévèrement rappelé à l'ordre, la veille, par le ministère des Affaires étrangères (communiqué officiel) – qui lui reproche ses entorses répétées au protocole de la mission et surtout à la «clause de discrétion» – M. Salafranca se fait conciliant : «Il n'y a pas lieu d'amplifier une polémique qui n'a plus lieu d'être. Seul le choix des Algériens compte aujourd'hui.» Le député européen concède au passage quelques bons points au régime, se dit grosso modo «satisfait» du déroulement «normal» et «selon les règles» de l'opération électorale. Dans le hall d'entrée, Soraya Louza, candidate du parti d'Aït Ahmed à Alger, fait scandale sous les objectifs des caméras. Parce que son nom est rayé de la liste du bureau de l'école Sainte-Elizabeth où elle a «toujours» voté. «Je n'accuse personne», souligne-t-elle. Dehors, sur le grand boulevard du Télémly, le mélange détonnant et la présence massive de policiers, de journalistes de toutes nationalités, les rutilantes voitures de la mission de l'UE attisent la curiosité des passants. «Yaw fakou !» (on connaît la chanson), «L'bled makhdouââ m'bekri» (ce pays est trahi depuis toujours), «Ma n'votich» (je vote pas), lancent de leur voiture, un groupe bruyant de supporters en rouge et blanc.


12h10 : Hydra. Le vote «anorexique»
Ecole Youcef Ben Tachefine. Il est midi dix. L'un des bureaux de vote affiche le taux anorexique de participation de 9%, soit 40 votants sur 350 inscrits. «Certains électeurs ont refusé à la dernière minute de voter parce qu'ils ne voulaient pas se salir l'index avec l'encre bleue indélébile», raconte une responsable de bureau. La prise d'empreinte digitale, rendue obligatoire, est néanmoins contournée, remplacée par un simple paraphe. Fayçal Métaoui, journaliste à El Watan, est interrogé en «direct» par Sky News. Le faible taux de participation enregistré à la mi-journée lui donne du grain à moudre : «C'est le grand enjeu de cette élection et Bouteflika veut en faire un plébiscite pour sa personne», a-t-il dit en substance. Sur Al Jazeera – étrangement effacée de la scène Algérie –, Al Manar, F. Métaoui enchaîne les interventions, matraque le message. «L'vote ? Ghir kh'tikoum», nous refroidissaient des jeunes du huppé Sidi Yahia à la sulfureuse réputation de quartier pour «nouveaux riches». Et plus si affinités.

14h30 : «Je ne voterais pas pour ces chahmine (profiteurs)»
A l'autre versant, miséreux, de la planète Algérie, les Eucalyptus, banlieue sordide au sud-est d'Alger. Quartier martyr de la décennie noire, Les Eucalyptus, à l'instar d'autres quartiers populaires comme El Harrach, a du retard à l'allumage. Pas d'affluence record dans les bureaux de vote. Pas de longue file comme le montre, sur fonds de surenchère patriotarde, l'ENTV, la télévision publique, machine à propagande au service du régime. Au bureau de vote Emir Abdelkader (El Harrach), 1/5 seulement des inscrits a voté. 100 sur 513 à 14h. A la cité des 621 Logements des Eucalyptus, c'est moins : 53 votants sur 479. Aidé par un groupe de jeunes, un invalide sur sa chaise roulante, monte au deuxième étage accomplir son «devoir électoral». Aux yeux de la loi, voter n'est plus un droit mais un devoir. Au coin de la rue, des jeunes désœuvrés raillent les électeurs. «Jouaâ kalbek yetbaâk» (affame ton chien, il te suivra partout), lance-t-on. «Si c'était Bouteflika, nous voterions tous pour lui, mais pas pour ses requins», dit l'un d'eux. «J'ai été voter, on m'a répondu tu es pas inscrit au fichier. Pourquoi suis-je alors inscrit d'office pour le service national ?», s'interroge un autre. «Je ne voterais pas pour ces chahmine (profiteurs) à moins qu'on me débloque mon dossier pour le crédit», peste un jeunot. Le quartier où promiscuité, chômage et mal-vivre suintent des visages et des murs, la violence banalisée, est promis à d'affreuses révoltes.


18h : Le «peuple» de Club des pins vote timide
Bureau de vote Ahmed Aroua. Une école discrète, tapie dans un haouch (ferme) à l'entrée de la résidence d'Etat, sert à la nomenklatura du régime de centre de vote. Quand celle-ci ne vote pas «chez elle», à l'étranger. Les Ghoul, Bensalah, Lakçaci et consorts, le peuple du Club des pins (résidence d'Etat), parlementaires, hauts fonctionnaires et cadres supérieurs de l'Etat votent timide. Sur les 2000 électeurs inscrits au bureau, 38% ont voté. Le peuple est dans la forêt de Bouchaoui, à côté, prise d'assaut, en ce jour de vérité électorale, par des centaines de familles algéroises venues humer à pleins poumons l'air pur.


20h : Heure de vérité au centre de vote Colonel Lotfi, Bab El Oued
Le dépouillement. Quelques minutes avant la fermeture du bureau de vote coincé entre Triolet et Trois Horloges, Hocine se résout enfin à voter. Sans conviction. «Pour avoir juste le tampon sur la carte (de vote)», précise-t-il. «Eviter la z'kara. Vous comprenez, ma demande de logement (rahi fi laâb), est en enjeu : elle risque de ne jamais aboutir.» Pour qui le «vieux garçon» a voté ? Il s'esclaffe : «Je vous jure que je me souviens même pas du nom du parti, encore moins du numéro de la liste.
Pour vous dire vrai, j'ai un moment hésité entre une liste conduite par une candidate aux formes généreuses et un type qui me faisait pitié.»
Cinglant. Le responsable du bureau de vote n°15 (hommes) explique méthodiquement aux assesseurs et observateurs, les étapes du dépouillement. 99 bulletins dans l'urne : 22 bulletins nuls. Le FLN est en pole position avec 16 voix, l'Alliance verte (islamistes) obtient 13 voix. Le FFS talonne les islamistes avec 11 voix. Dans le bureau à côté, réservé aux femmes, la liste du Parti des travailleurs de Louisa Hanoune capte le vote féministe.

21h passées : la votation terminée, Bab El Oued respire
La pression retombe sur Bab El Oued Chouhada, ancien quartier «rouge», puis «OAS», puis FIS. Au quartier de la Marine, la brise de mer a déjà chassé l'air vicié de la campagne électorale. Les employés des cafés commencent à faire le ménage et les alentours se vident peu à peu. La place des Martyrs est toujours en chantier. Dans ses entrailles, entre le port et
La Casbah, une équipe d'archéologues a mis au jour un site archéologique d'une valeur inestimable.
Des vestiges de l'époque ottomane, une basilique datant du IVe siècle après J.-C. et dans les niveaux les plus profonds, les archéologues espèrent la découverte de vestiges de l'époque punique et même proto et préhistoriques.
Non, Monsieur le président Bouteflika, l'Algérie n'a pas 50 ans. Les forces du mal non plus !


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