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La nostalgie, un leurre
Roman. «Les désorientés»
Publié dans El Watan le 10 - 11 - 2012

Après un silence romanesque de douze ans, le retour d'Amin Maâlouf.
Amin Maâlouf est devenu un «Immortel», en remplaçant, au fauteuil n°29 de l'Académie française, l'anthropologue, feu Claude Levi-Strauss, le 14 juin 2012, en prononçant un discours empreint d'humanisme, de dialogue entre Orient et Occident : «Après les roulements de tambours, les roulements de langue !». Ceux qui ont eu l'occasion de rencontrer Amin Maâlouf savent que c'est moins dans ses propos que dans ses écrits qu'il livre le fond de sa pensée et qu'il affirme ses positions philosophiques.
Dans son nouveau roman, publié début septembre, et intitulé Les Désorientés, on retrouve un peu de l'auteur dans le personnage principal, Adam. Ce dernier, de retour au Liban, après un long exil en France, écrit dans son carnet de voyages : «Il est vrai que j'ai, depuis l'enfance, l'habitude de faire raconter aux gens leurs histoires sans leur dire grand-chose en retour. C'est là un défaut que je reconnais d'autant plus volontiers qu'il procède d'une qualité. J'ai plaisir à écouter les autres, à m'embarquer par la pensée dans leurs récits, à épouser leurs dilemmes. Mais l'écoute est une attitude prédatrice si l'on se nourrit de l'expérience des autres et qu'on les prive de la sienne». Or, dans cet ouvrage, qui arrive après un silence romanesque de douze ans, c'est le contraire que l'on remarque. De plus, Amin Maâlouf n'est pas avare en analyse politique fine sur la situation au Moyen-Orient, ni en trouvailles pertinentes sur la manière de dépasser certains conflits inutiles.
Si on revient au titre, Les Désorientés, il n'est rien d'autre qu'une allusion aux différents protagonistes du roman qui ont quitté le Liban pendant la guerre civile. En un mot, l'exil leur a fait perdre l'Orient. Mais ces exilés décident un jour de revenir pour revisiter les lieux chers à leur jeunesse et, en même temps, reconstituer «Le Cercle des Byzantins». Amin Maâlouf présente ainsi la genèse de son roman : «Dans Les Désorientés, je m'inspire très librement de ma propre jeunesse. Je l'ai passée avec des amis qui croyaient en un monde meilleur. Et même si aucun des personnages de ce livre ne correspond à une personne réelle, aucun n'est entièrement imaginaire. J'ai puisé dans mes rêves, dans mes fantasmes, dans mes remords, autant que dans mes souvenirs.» L'histoire de cette longue amitié collective renaît le jour où Mourad, sur son lit de mort, appelle Adam, pour qu'il vienne lui rendre visite et en finir avec une ancienne brouille. Adam qui habite Paris, prend le premier avion, mais arrive trop tard. Son ami a rendu l'âme sans avoir eu l'occasion de résoudre le contentieux qui a eu raison de leur amitié.
Le narrateur ne dit rien sur le pays où il vient de se rendre, ni du nom de la ville qui l'accueille. Certains indices, disséminés dans le texte, font penser au Liban, à Beyrouth et à la montagne du Liban. Perturbé par la disparition de l'ancien ami, Adam refuse catégoriquement la demande que lui adresse Tania, veuve du défunt, de prononcer l'oraison funèbre.
Pour se rattraper, il propose de réunir tous leurs amis, éparpillés dans le monde, pour se rappeler une jeunesse perdue, des espoirs mutilés par la guerre et évoquer la mémoire du défunt. Adam s'enthousiasme pour le projet de reconstitution du Cercle des Byzantins, comme si, ayant laissé des sujets en suspens, il y avait urgence à tout apurer.
Dans la foulée, il retrouve la belle Sémiramis, amour de jeunesse que le très entreprenant Bilal lui a ravi. Devenue tenancière d'une auberge familiale, elle personnifie, par sa beauté éternelle, la femme orientale, libre et pleine de mystères sur laquelle le temps n'a pas de prise. Au cours de leur discussion, la vieille flamme se rallume pour consumer les regrets et les occasions ratées.
Motivé par cette idée des retrouvailles, il entreprend de convaincre Albert de les rejoindre. Réticent, ce dernier ne peut faire le voyage des Etats-Unis où il vit, car il travaille pour l'Etat Américain qui interdit à certains de ses employés de voyager dans les zones sensibles. Dans la double narration qui sous-tend la trame du roman, le lecteur apprend qu'Albert est un miraculé.
En voulant mettre fin à ses jours lors de la guerre civile, il fut enlevé par une bande rivale à son quartier. Ses ravisseurs lui redonnent goût à la vie et lui permettent de renaître. Naïm, également convoqué par Adam, se montre aussi réticent pour un retour au Liban. Son appartenance à la communauté juive n'est pas étrangère à ses appréhensions. Dans la foulée, et grâce à Sémiramis, il retrouve les jumeaux : Ramez et Ramzi. Les deux ont réussi dans les affaires en bâtissant un grand empire financier. Ramzi, dans un moment de lucidité, quitte cet univers impitoyable de la finance pour entrer dans les Ordres et sauver son âme.
A travers les notes de voyage d'Adam, on découvre les débats qui animaient les rencontres du cercle. Avec la fluidité de style et d'écriture d'Amin Maâlouf, le lecteur n'est pas au bout de ses surprises. Chaque page tournée est un voyage passionnant dans un Orient où tout était possible.
Un Orient fraternel où les communautés avaient mis de côté leurs différences. Malheureusement, la réalité s'impose et fait voler en éclats toutes les bonnes volontés, surtout quand on ajoute à la situation le hasard et la cruauté du destin. Les Désorientés ne déçoit pas, même s'il nous enseigne que la nostalgie est un leurre. Le voyage factice que nous propose Amin Maâlouf est fascinant à tous les égards, car c'est une promesse qui donne à l'âme toute sa plénitude.
Amin Maâlouf, Les Désorientés, Grasset, Paris, 2012.


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