Posture solennelle pour un Président qui s'affirme «responsable», qui se veut «responsable de tout» mais qui «ne décide pas de tout». «Je suis un Président qui ne veut pas opposer les Français entre eux, je suis un Président qui n'est pas chef de parti, je suis un Président qui entend être responsable du pays.» Paris De notre correspondante C'est depuis l'Elysée que, six mois après son investiture, François Hollande a défendu ses choix pour redresser l'économie française, rassembler les Français et affirmer la place de la France dans le monde. Près de 400 journalistes dont une centaine de la presse internationale ont pris part à la première conférence de presse du président Hollande depuis le début de son quinquennat. Alors que sa cote de popularité peine à remonter dans les sondages, François Hollande a consacré l'essentiel de sa rencontre avec la presse (plus de deux heures) à défendre les mesures qu'il a prises depuis six mois d'exercice de pouvoir pour redresser une situation «grave» : chômage en hausse, baisse de la productivité et des investissements, déficit des comptes publics. «Une politique n'est pas une accumulation de propositions, de mesures aussi fortes soient-elles, n'est pas une addition de réformes aussi utiles soient-elles, elle n'est pas une comptabilité de promesses aussi respectées soient-elles. Une politique c'est une réponse cohérente et forte à la situation du pays», a déclaré, solennel, François Hollande. Ajoutant que cette situation est «grave» et «je ne veux pas forcer le trait à dessein. Il n'est pas utile ici de revenir sur les responsabilités du passé». Et aussi, balayant d'un revers de main les sondages qui lui sont défavorables ainsi qu'au chef du gouvernement, Jean-Marc Ayrault, «une alternance change le pouvoir mais elle ne change pas la réalité. Je comprends donc l'inquiétude des Français face à la crise et les doutes qu'ils peuvent eux-mêmes exprimer par rapport à la capacité du politique de surmonter cette crise. Mais la seule question qui vaille à mes yeux, ce n'est pas l'état de l'opinion aujourd'hui, c'est l'état de la France dans cinq ans. Ma mission est simple, c'est de parvenir à redresser la croissance et à réduire le chômage. Et c'est sur ces seuls résultats que je demande à être jugé par les Français». «Ma seule boussole c'est la justice. La vérité je la dois aux Français, le redressement prendra du temps.» Puis de faire fait part de trois défis majeurs à relever : «la réorientation de l'Europe, le désengagement de la France et la compétitivité de l'économie». Et allusion aux crispations sociales : antisémitisme, racisme antimusulman, islamophobie de dire que «rassembler les Français c'est mon devoir. Ensemble nous devons faire nation… Cela veut dire faire bloc dans un moment particulier. Nous le pouvons si nous défendons nos valeurs, celles de la République, de la laïcité, celles qui fondent notre existence commune… et de permettre à chacun d'occuper sa place, de respecter les sensibilités, les croyances, de ne pas distinguer selon les origines, la France a besoin de tous, la France n'avance que si elle est mue par un projet collectif, le déclin n'est pas notre destin, le renouveau passe aussi au-delà de l'économie par la démocratie». A l'adresse de la majorité gouvernementale : «Une majorité a besoin de cohérence et de respect.» François Hollande a demandé aux écologistes et aux radicaux de gauche d'être solidaires de l'action du gouvernement.