Maintenant le cap qu'il s'est fixé dès le début de son quinquennat, le président François Hollande s'est montré, pendant les deux heures et demie de sa conférence de presse à l'Elysée, jeudi après-midi, déterminé et offensif pour l'an II de son mandat, malgré une cote d'impopularité comme aucun de ses prédécesseurs de la Ve République n'en a connue. Consacrant l'essentiel de son intervention à des questions nationales, François Hollande a toutefois souligné «l'urgence» de la crise en Syrie, l'importance du couple franco-allemand au sein de l'Europe et s'est engagé à soutenir l'organisation d'élections démocratiques au Mali. Paris (France) De notre correspondante L'acte II du mandat de François Hollande, que le président français place sous le signe de l'offensive, a commencé jeudi, alors que la France est officiellement entrée en récession mercredi. Et d'appuyer : «Je me suis engagé personnellement sur l'objectif d'inverser la courbe du chômage. Je m'y tiens.» A ceux qui lui reprochent de mettre en œuvre une politique économique libérale et d'être socio-démocrate, le président Hollande se revendique comme «socialiste», pas «social-démocrate»… «Il se trouve que j'ai dirigé pendant des années le Parti socialiste, je ne l'ai pas appelé ‘parti social démocrate'! C'est parce que je crois à certaines valeurs.» Interrogé sur son impopularité, François Hollande a indiqué : «On ne cherche pas à être impopulaire, ce n'est pas un objectif que je m'étais fixé. Mais on ne décrète pas non plus sa popularité. Ce que j'ai voulu au cours de cette première année, ce n'est pas d'être populaire mais de prendre les décisions qui me paraissaient conformes aux intérêts de la France. Il se trouve que je suis Président au pire moment. Je savais que c'était la crise, je savais que j'aurais des décisions difficiles à prendre. Je l'assume. Je ne demande pas à être jugé sur des sondages, même si je les respecte. Mais je demande à être jugé le jour venu au terme des cinq ans sur ce que j'aurai fait pour la France. Tant que le chômage progressera, ma courbe d'impopularité ne s'inversera pas.» Sur l'éventualité d'une seconde candidature en 2017 : «Je suis là depuis un an, avec une popularité qui est au zénith. Je ne me préoccupe pas de 2017. Ce que je veux, c'est laisser une trace.» Pas de remaniement gouvernemental en vue Un remaniement ? «Un jour, c'est possible, mais ce n'est pas aujourd'hui, pas maintenant, pas d'actualité», a répondu François Hollande à la question d'un éventuel remaniement, en profitant pour renouveler toute sa confiance «pour les mois qui viennent» à Jean-Marc Ayrault, «courageux, loyal, désintéressé». «Au-delà des personnes et du nombre, ce qui m'importe c'est la ligne. Il y a une seule ligne au sein du gouvernement. Tous les ministres sont liés les uns aux autres par un pacte, celui de faire réussir la politique que j'ai décidé pour le pays. J'ai été élu par les Français.» Un texte sur le vote des étrangers sera présenté au Parlement, mais seulement après les municipales de 2014, «comme cela il n'y aura plus d'enjeu et le Parlement en fera l'adoption s'il le souhaite», a annoncé François Hollande. «Je ne veux pas donner l'impression que nous chercherions avant les municipales à utiliser cette question du droit de vote des étrangers pour entretenir je ne sais quel malentendu», a-t-il expliqué. Le droit de vote des étrangers réactualisé S'agissant de l'Europe, «l'an II du quinquennat s'ouvre aujourd'hui», a dit François Hollande. Il s'axera autour de quatre points : un gouvernement économique de la zone euro avec un «véritable président», l'insertion des jeunes, une «communauté européenne de l'énergie» et «une nouvelle étape d'intégration» pour «sortir l'Europe de sa langueur»…et «réduire la désaffection des peuples». «La France, a-t-il poursuivi, est disposée à donner un contenu à cette union politique», se donnant deux ans pour y parvenir, sans préciser ses contours. «Ce n'est plus une affaire de sensibilités politiques, c'est une affaire d'urgence.» Sur le couple franco-allemand : «Mme Merkel et moi-même n'avons pas la même sensibilité politique, mais nous avons la même responsabilité, faire avancer l'Europe. La France et l'Allemagne doivent entraîner les autres.» Sur la Syrie, alors que Washington et Moscou sont en première ligne pour la tenue d'une conférence internationale, «je suis à l'initiative sur la question syrienne, depuis mon élection» a affirmé François Hollande. «J'ai voulu d'abord prendre la mesure de ce qui se produisait en Syrie. J'ai reconnu l'opposition syrienne comme représentant légitime du peuple syrien. Puis nous avons organisé l'aide humanitaire pour les réfugiés, nous avons aussi reçu la conférence des Amis de la Syrie et mobilisé à l'international.» «J'ai proposé à Poutine de trouver des personnalités venues du régime pour engager le dialogue. J'ai évoqué la question de la levée de l'embargo. Nous aurons cette discussion avec les Américains et les Européens pour être utiles au règlement du conflit. Pour le moment, c'est la guerre avec une radicalisation des deux camps. Il y a urgence à régler la question syrienne sur le plan politique et en mettant la pression sur le plan militaire. Car les Russes continuent de livrer des armes au régime de Bachar, tout en ayant accepté l'idée de la conférence de Genève. Il faut convaincre la Russie que son intérêt est d'en terminer avec Assad.» Et de préciser : «Ce n'est pas mon intention de convier Bachar Al Assad à une conférence internationale, car nous n'avons pas les mêmes conceptions de la démocratie.» Interrogé sur les otages français, François Hollande a répondu que «sur les otages libérés, la France n'a pas versé la moindre rançon. Sur les otages encore retenus, nous sommes dans la discrétion. Nous avons veillé à avoir des contacts qui nous paraissent sérieux. Sur les quatre otages d'Arlit au Niger, nous avons reçu des preuves de vie récemment, confirmées par le président du Niger, mais je ne veux pas en dire plus». «Chaque fois que nous agissons, c'est dans la discrétion. La position de la France, c'est de chercher à libérer nos compatriotes sans que le terrorisme puisse en être renforcé.» Quant à la question de l'ingérence au Mali, «nous sommes intervenus pour libérer un peuple, un pays, sans vouloir choisir ses dirigeants. La meilleure preuve : il y aura des élections en juillet. Ce sont les Maliens qui, avec les Français, se sont libérés. Ce sont les Maliens qui vont choisir leur Président». De manière générale, la presse française s'est montrée peu convaincue par la deuxième conférence de presse du président Hollande à laquelle quelque 400 journalistes ont été accrédités, dont 157 de la presse étrangère. «Nous nous retrouverons dans la rue ou dans six mois», leur a-t-il lancé en conclusion.