-Monsieur Maouche, l'Algérie va célébrer, le 13 avril, le 56e anniversaire de la création de la glorieuse équipe du FLN. Pouvez-vous nous relater les circonstances dans lesquelles cette équipe a été mise sur pied ? L'idée de monter une équipe de football constituée exclusivement de joueurs algériens professionnels évoluant en France émanait des politiques qui conduisaient la Révolution. Le projet avait été confié au défunt Mohamed Boumezrag. Ce dernier s'est entouré des regrettés Mokhtar Arribi et Abdelaziz Bentifour pour monter l'équipe du FLN. A l'époque, j'étais joueur au Stade de Reims et incorporé au Bataillon de Joinville où se retrouvaient tous les sportifs de haut niveau qui effectuaient le service militaire. C'est ainsi qu'un jour j'ai rencontré Boumezrag au boulevard Saint-Michel, il m'a demandé de me joindre au petit groupe qui préparait le départ des joueurs algériens vers Tunis. -Comment a été choisie la date du 13 avril comme jour de départ de France des joueurs algériens ? Il faut savoir que le secret a été bien gardé par les initiateurs du projet par crainte que les clubs et la police le sachent. La date initialement arrêtée pour le départ était le 2 ou 3 janvier 1958. Par la suite, elle a été différée au printemps. Pourquoi le 13 avril 1958 ? Tout simplement parce qu'à cette date, un dimanche, il y avait les rencontres Monaco - Angers, Saint-Etienne - Béziers et Reims - Toulouse. 5 joueurs algériens étaient concernés par le premier match, à savoir Zitouni, Bekhloufi, Bentifour et Boubekeur (Monaco) et Amar Rouaï (Angers). La frontière italienne est à vol d'oiseau de la principauté de Monaco. Mekhloufi (Saint- Etienne), Arribi (Lens) et Kermali (Lyon) devaient quitter le Forez après le match pour rallier Genève. Trois autres joueurs (Brahimi et Bouchouk, Toulouse) et moi-même (Reims) étions programmés pour partir ensemble à Lausanne dès la fin du match.
-C'est ainsi qu'est née l'équipe du FLN ? Ce sont les premiers onze joueurs choisis pour faire partie de l'équipe du FLN. Sur les circonstances et péripéties du départ de France et l'arrivée à Tunis, tout le monde connaît l'histoire. -Dix joueurs au lieu de onze ont rallié Tunis à la date prévue… sauf vous qui étiez pour beaucoup dans la préparation, les contacts et la coordination avec les autres joueurs... Effectivement, je ne suis pas arrivé à Tunis en même temps que les autres joueurs parce que j'ai été arrêté par la police en revenant de Suisse. Une fois sur place, j'ai longtemps attendu l'arrivée de mes camarades. Ne voyant arriver personne, j'ai repris le train pour Paris pour m'enquérir sur les raisons du retard des autres. J'ai passé 49 jours au cachot en France. Par la suite, j'ai été chargé par le FLN d'organiser, avec ma femme, le départ de la deuxième vague de joueurs professionnels vers la Tunisie au début de l'année 1960. -Quels souvenirs gardez-vous de cette épopée ? Que de bons souvenirs. Nous étions engagés dans un processus irréversible. Nous avons partagé de bons moments et fait notre devoir de citoyens algériens. Je m'incline à la mémoire des coéquipiers qui nous ont quittés et des martyrs de la Révolution.