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«Une grande partie de la Méditerranée est livrée en zone de non-droit»
Charles-François Boudouresque. Enseignant chercheur au Mediterranean Institute of Oceanography à Marseille
Publié dans El Watan le 15 - 11 - 2014

Dans cet entretien le professeur Boudouresque minimise l'impact de la pollution sur la Méditerranée et prévient contre un danger plus grand, dit-il, qui est la pêche illégale et le non-respect des aires marines protégées.
- Peut-on dire que la pollution est une grande menace pour la Méditerranée ?
La pollution en méditerranée a toujours existé, elle a toujours été importante. On sait, par exemple, que le port d'Alexandrie, à l'époque égyptienne, a été plus pollué par le plomb qu'il ne l'est aujourd'hui. On sait, qu'il y a quelques siècles tout prêt d'ici à Piran (Slovénie), le bassin portuaire était tellement pollué, ça sentait tellement mauvais qu'ils l'ont comblé et ils en ont fait la grande place que l'on connaît aujourd'hui.
Il y a eu au cours du XXe siècle et même à la fin du XIXe, un accroissement considérable de la pollution lié bien sûr à l'accroissement de la population et la démographie, mais aussi à l'évolution du standard de vie, parce que évidemment on a commencé à se laver de façon plus régulière que ne le faisaient probablement nos ancêtres en consommant plus d'eau, et on a commencé à collecter les eaux usées plus régulièrement que ne le faisaient nos aïeux. Il y a eu donc des rejetés d'égouts en mer, et donc la pollution a effectivement beaucoup augmenté par rapport à l'époque où l'eau polluée restait dans le sol, autour des villes et des habitations, sans qu'il n'y ait de système de collecte des eaux.
Maintenant, depuis les années 1980, on s'occupe sérieusement de cette pollution, celle provoquée par les hydrocarbures, en particulier les marrées noires, qui a considérablement diminué, grâce à la sensibilisation du public, ainsi qu'à la construction des stations d'épuration. Ce qui fait que la pollution, au moins sur la façade nord de la Méditerranée, a très significativement diminué. Je ne dis pas qu'il n'y a pas lieu de s'inquiéter mais on peut dire qu'à l'échelle globale de la Méditerranée la pollution a diminué.
- En quoi la préservation de l'herbier de posidonie serait utile à l'équilibre de la vie marine ?
La posidonie représente un puits de carbone, c'est-à-dire qu'elle, grâce à la photosynthèse, prélève du carbone dans l'atmosphère, une partie du carbone rejetée par les activités humaines, et une partie prélevée va être stockée dans la matte, et donc retirée de la circulation. On considère, aux Baléares par exemple, que les herbiers de posidonie retirent 10% du carbone rejeté par les activités humaines. Cela veut dire qu'il en reste 90%, mais les posidonies en fixent 10% qu'elles enterrent définitivement.
Donc c'est un aspect positif. La préservation de la posidonie est un élément essentiel en tant que service pour l'homme parce qu'elle joue un rôle important dans la protection des plages, la fixation des fonds, la production du poisson, les lieux de ponte des poissons, et bien d'autres raisons. C'est pour cela que je me mets souvent en colère contre le «tout pollution», parce qu'un certain nombre de gens disent que tout est à cause de la pollution. En fait, le problème principal en milieu marin aujourd'hui, ce n'est pas la pollution. Les pêcheurs disent que s'il n'y a pas de poisson c'est à cause de la pollution, ce n'est pas vrai.
En fait ce sont les pêcheurs qui sont responsables parce qu'ils surexploitent les produits de la mer, parfois ils pêchent avec de la dynamite, dans certains pays avec des méthodes illégales, ils pillent le poisson sans penser au lendemain, et ce n'est pas du tout à cause de la pollution. Le poisson est infiniment plus résistant que nous à la pollution, c'est nous par contre en consommant du poisson pollué qui auront un problème de santé.
Ce que les gens oublient quand ils montrent l'impact de la pollution, par exemple du mercure sur un thon, c'est que le mercure va diminuer un certain nombre de fonctions vitales de l'organisme, par exemple le faire mourir précocement, le rendre en plus mauvaise santé, et donc un poisson qui nage moins vite va se faire consommer par un prédateur. Mais en écologie, la vie se désintéresse totalement de l'individu, ce n'est pas comme chez l'homme…
Dans un écosystème, l'individu n'a aucune valeur, il meurt et un autre le remplace. On a montré, par exemple, qu'à l'issue des marrées noires dans l'Atlantique, un certain nombre d'espèces d'oiseaux, des cormorans notamment, ont été atteints d'une mortalité significative d'un niveau de 50 000 individus. Pour les 50 000 individus morts c'est très embêtant, mais pour l'écosystème 50 000 individus ce n'est pas important, parce que tout simplement le nombre de jeunes produits chaque année est infiniment supérieur.
Si la population de cormorans de l'Atlantique nord, je donne des chiffres au hasard, par exemple, produit un million ou même deux millions de jeunes chaque année, alors que la capacité d'accueil du milieu, fait qu'il n'y en a que 100 000 qui pourront survivre, alors 900 000 vont mourir parce que la ressource ne sera pas suffisante. Lorsque la marée noire avait tué 50 000 individus, au lieu que seuls 100 000 jeunes survivent, cette année-là il y a eu 150 000 survivants. La place est tout de suite prise par ces individus produits. Une espèce animale produit toujours 10, 100, 1000 fois plus de juvéniles que le milieu ne peut en accueillir.
Ce sera pareil pour les poissons. Un thon contaminé au mercure, bon lui ça ne lui fera pas grand-chose, mais si par hypothèse il meurt un an plutôt que s'il était sain, un jeune prendra sa place et va survivre alors qu'il devait être éliminé par la compétition naturelle. Dans l'écosystème, la pollution telle que l'on nous la décrit n'a pas la même signification, ça n'a pas toujours un impact sur l'écosystème, mais sur l'homme, oui ça a un impact, car notre espérance de vie en dépend.
- Mais il y a tout de même une régression ou diminution de la population d'une espèce par rapport à d'autres ?
Encore une fois, la faute incombe à la surpêche. Le problème principal en Méditerranée c'est la surpêche dans certaines de ses régions où la réglementation n'est pas respectée, où il n'y a pas d'aire marine protégée. Les problèmes sont l'œuvre des chalutages qui détruisent l'herbier de posidonie qui s'en trouve recouvert de décombres, ce sont aussi les mouillages de gros bateaux.
Ce sera éventuellement la turbidité de l'eau qui fait qu'il y aura moins de lumière qui parviendra au fond et donc les herbiers, qui s'y trouvent, vont mourir faute de lumière. L'autre problème à souligner c'est les constructions qui sont gagnées sur la mer. Comme c'est le cas dans un certain nombre de pays, y compris de l'Union européenne.
- Pensez-vous que les politiques de préservation des espèces marines, adoptées jusqu'alors, ont échoué ?
Echoué non, puisqu'un certain nombre d'espèces, en particulier les oiseaux marins, ont été effectivement protégées. Il existe aussi des aires marines protégées, y en a quelques-unes, situées principalement en Espagne, en France et en Italie. Les politiques de protection sont partiellement un succès, mais ce n'est que partiel, parce qu'effectivement à l'échelle de la Méditerranée, contrairement à la pollution qui a été sérieusement réduite, la plupart des aires marines protégées, le sont sur papier.
C'est ce que l'on appelle des parcs de papier, c'est un bout de papier fait dans un ministère, on en parle dans la presse, ensuite l'aire marine protégée n'existe pas vraiment. Si gardes il y a, ils ne surveillent pas, ou sont corrompus. La plupart des aires marines en Méditerranée ne sont pas protégées. La plus grande partie de la Méditerranée est, c'est une zone de non-droit, livrée à la pêche, pas uniquement en Méditerranéenne, même des chalutiers japonais ou coréens viennent en Méditerranée...
Donc le succès des politiques de protection de l'environnement est assez mitigé, parce que l'on a des gestionnaires qui font du chiffre, ils se gargarisent en disant : voilà y a 126 aires marines protégées, cette année on va lancer dix de plus, alors qu'ils savent très bien que ce sont des aires qui n'existent pas.


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