Le torchon brûle toujours entre les ingénieurs du Contrôle technique de la construction (CTC) et leur direction. Des travailleurs du CTC/DRC (direction régionale du Centre) et de la DDE (direction des diagnostics et expertises) ont observé, en fin de semaine dernière (9 et 10 mars), un sit-in devant le siège de la direction générale du CTC à Hussein Dey (Alger), pour dénoncer «la rupture de dialogue imposée par le président-directeur général du CTC, Mohamed Cherif, qui affiche du mépris envers les travailleurs et refuse le renouvellement des instances du syndicat en usant de manœuvres avec certains cadres de l'UGTA, la grande absente», indique un document adressé aux autorités de tutelle, dont El Watan détient une copie. Des représentants de plusieurs agences ont pris part au débrayage. Genèse du malaise : en regroupant les ex-cinq CTC en un seul organisme national (le CTC), le ministère de l'Habitat voulait unifier les méthodes de travail, mais aussi les salaires des ingénieurs qui présentaient d'énormes disparités d'un CTC à un autre, précise la pétition. «Si l'initiative est louable et cohérente théoriquement, dans la réalité, les choses se passent autrement. Les travailleurs du CTC/DRC (ex-CTC/Centre) se trouvent pénalisés et victimes d'une ponction déguisée et importante sur leur salaire actuel. Cette ponction peut atteindre 45% du salaire, ce qui est énorme et risque de porter un coup dur au budget familial de tous les travailleurs. A titre d'exemple, un ingénieur du CTC (bac +5) avec dix ans d'expérience dans la boîte a un salaire mensuel net de 75 000 DA. Avec cette ponction, il se retrouvera avec seulement 41 250 DA de salaire. Une insulte à l'université algérienne», s'offusque un ingénieur, qui fait remarquer que pour appliquer cette «ponction machiavélique» sur le salaire des travailleurs, le PDG «impose deux méthodes de calcul aussi sournoises l'une que l'autre, puisqu'elles se basent sur la partie variable du salaire qui est très importante par rapport à la partie fixe». Liquidation à terme ? Les protestataires s'étonnent de la position de leur direction actuelle qui ne favorise pas un climat apaisé à l'intérieur de l'organisme public, auquel est confié le contrôle de grands chantiers, comme celui de la Grande Mosquée d'Alger. «Les ingénieurs ne comprennent pas aussi comment ce PDG, déjà retraité, est toujours maintenu à ce poste aussi important malgré l'instruction de M. Sellal. Serait-il un ‘liquidateur caché' dont la mission est de vendre l'entreprise au français Socotec ?» s'interrogent les protestataires qui font remarquer que «le dossier a été fort heureusement bloqué in extremis à la Présidence, suite à des lettres anonymes des travailleurs». Les ingénieurs du CTC qui n'en sont pas à leur premier mouvement de protestation exigent que le «coefficient multiplicateur soit égal à 6 ou bien que les objectifs soient fixés sur des bases scientifiques en associant le CP des travailleurs». Une pétition a été adressée au ministère de l'Habitat, qui a fait recevoir par son secrétaire général le PDG du CTC, l'Inspection du travail, l'UGTA, etc. Il y est exigé, entre autres, la reprise du dialogue et le renouvellement des instances du syndicat. Un délai de 8 jours est accordé au PDG pour répondre. «Faute de quoi, d'autres actions seront entreprises pour arracher nos droits et sauvegarder nos acquis», signalent les protestataires. Selon le ministère de l'Habitat, les négociations ont finalement repris et permis d'arriver à un accord qui contenterait les deux parties en conflit. «Le problème est réglé. Il y a eu un dialogue entre les parties», s'est contenté d'indiquer le responsable de la communication au ministère de l'Habitat, M. Madani, contacté par El Watan.