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Bou Saâda... ou la malédiction d'une ambiguïté historique
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Publié dans El Watan le 02 - 04 - 2016

A la question «Connaissez-vous Bou Saâda ?», on vous répondra le plus souvent : «Oh oui, bien sûr !» Et d'enchaîner, comme une litanie «…Le moulin Ferrero, l'oued (ou du moins ce qui en reste)…
On a mangé un bon méchoui au ‘‘Transat'', en sus d'une parade naïlie. Une famille, très hospitalière, nous a même offert un ‘‘Z'viti'', très piquant, mais succulent !». On vous évoquera, tout au plus, une visite de la «zaouia» pour ne pas faillir au rite d'un circuit touristique jadis conventionnel.
Voilà, à peu près, ce que l'on vous dira de cette cité oasienne édifiée à l'orée du XVIe siècle. Par sa situation géographique, cet ancien centre médiéval à rayonnement culturel et commercial régional et dont la résistance a été réduite en novembre 1849 à la veille de la prise des Zaâtcha sous la canonnière de l'Armée d'Afrique menée par les soudards du général Daumas et du capitaine Pein, est à jamais ostracisé dans un genre imposé par le fait colonial nourri jusqu'à l'heure par quelques nostalgiques impénitents.
Mohamed ben Ali Benchabira, qui a soulevé le ksar et les tribus environnantes, sera contraint à l'exil en Tunisie pour laisser place à une occupation coloniale d'acculturation. Et ce n'est pas pour autant que la région sera réduite. Les soulèvements des Ouled Amor Ben F'redj, des Ouled Sidi Brahim et des Ouled Ameur ponctueront cette période tumultueuse jusqu'en 1871, année de la grande insurrection des
Mokrani.
Dès 1854, la cité est déclarée : «impropre à la colonisation !» Que restait-il donc comme avenir à l'agglomération servie, avantageusement, par un cadre géo-topographique singulier que le tourisme, non pas culturel loin s'en faut, mais exotique fait de caravanes chamelières à «bassour», ghaïta, bendir et autres contorsions figuratives renvoyant à la vie pastorale. Il est pour le moins curieux que la «ghaïta», cette musette d'origine ottomane, se trouve incluse dans les us musicaux d'une région réputée à prédominance bédouine où seuls la «gasbas» et le «bendir» ont droit de cité.
Son cercle militaire, créé en 1855, mènera une lutte sans merci contre les écoles coraniques que les communautés citadines géraient avec bonheur jusque-là ; et pour tourner définitivement la page de la sourde résistance, il décide de la création en 1857 de la première école française. Le territoire couvrant une vingtaine de «arouch» sera «promu» au rang de commune mixte dès 1874, ouvrant ainsi la voie au «Bureau arabe» et au «Caidat» de sinistre mémoire.
Cette incrustation allait inaugurer les «sentiers lumineux des bienfaits de la colonisation» ; c'est ainsi que les sœurs Baille érigent leur premier hôtel appelé le «Petit Sahara», en 1913, qui sera plus tard repris par la «Compagnie transatlantique» dont il portera le nom jusqu'à une date récente.
C'est en cette même année que le peintre orientaliste Alphonse Etienne
Dinet décide d'y élire domicile. D'aucuns croient, dur comme fer, que cet illustre peintre à fait connaître Bou Saâda au monde entier. Pour se donner bonne conscience, on intellectualise cet âge d'or comme une «Andalousie perdue» par l'évocation des séjours fugaces de Gide, de Maupassant, Colette, Bernard Shaw, Simone de Beauvoir, Giscard d'Estaing en qualité de commis aux Impôts et une kyrielle de peintres orientalistes. La seule et modeste retombée économique artisanale fut celle du meunier Ferrero, un migrant d'origine italienne, qui fit d'ailleurs long feu pour, en définitive, aller sous d'autres cieux, devenant le magnat des pâtes alimentaires déclinées sous la même appellation.
Nous, nous affirmerons le contraire, c'est plutôt la cité folklorisée à son corps défendant qui l'a fait connaître au monde. Chose que confirme de manière implicite le penseur et humaniste Malek Bennabi dans son écrit sur le personnage : «Il eut la chance sans doute de se rendre à Bou Saâda. On peut imaginer son premier contact avec cette nature où son regard de peintre était soudain saisi par un paysage inaccoutumé fait de vert sombre et d'ocres vifs».
Ces œuvres qui participaient plus de la restitution de mœurs différentes de celle d'une Europe trépidante en mal de spécimens ethnico-anthropologiques à découvrir éveillèrent bien des curiosités. La cité devenait ainsi un lieu de villégiature exotique doté d'un certain confort hôtelier. La piscine de mise écartait toute idée de barboter par grande chaleur avec des indigènes dans une quelconque «guelta». Les premières œuvres du jeune peintre ne s'arrêtèrent pas seulement à la vie quotidienne d'une communauté nouvelle qu'il découvrait, mais introduisirent l'art de dénuder des personnages féminins auxquels il était offert une misérable obole de quelques sous. Il fera, après sa conversion à l'Islam, amende honorable, mais le mal est déjà fait et durablement.
Les inconditionnels vous rétorqueront : «Il a défendu le prophète de l'Islam dans une conférence remarquée à Paris !» Il faut savoir, cependant, gré à cet humaniste d'avoir pris position après avoir mesuré la détresse humaine d'une communauté en déshérence qui l'a adopté. Reconnaissante, la cité le lui rend bien à travers l'éponymie du musée national, d'une rue, d'un collège, d'un bureau de poste et d'une association.
Il n'en demeure pas moins que sa personnalité si illustre soit-elle ne doit pas occulter celles qui l'ont précédées dans la cité, tels que l'Emir El Hachemi, l'Emir Khaled, ou Salah Chouikh, dit Ghandi.(Membre fondateur de l'ENA)(1) ou ses contemporains, Belkacem El Hafnaoui, (l'un des pères fondateurs de la sahwa)(2), Abderrahmane Dissi (maître à penser de Abderrahmane Djillali), Dr Aïssa
Bensalem (alter ego de Ferhat Abbas) et Mohamed Bisker (intellectuel et militant au long cours).
D'autres personnalités, aussi illustres l'une que l'autre, viendront plus tard dans la cité attirées par son particularisme culturel alliant avec bonheur agro-pastoralisme et citadinité. Nous évoquerons, à titre indicatif, Mohamed Boudiaf, Mostefa Lacheraf qui ont fait leurs premières classes à la mythique école indigène «Lucien Chalon», Cheikh Bachir El Ibrahimi, Cheikh M'Barek El Mili, Malek Bennabi et bien d'autres encore.
Pas moins d'une dizaine de personnalités de la région feront partie de l'Association des Ouléma. A l'avènement de l'illustre association, Cheikh Naïm Naïmi mènera tambour battant un travail de sensibilisation en direction des masses par l'entremise des chefs de file spirituels, Cheikh Zerrouk Al Khalifa, Si Belaïdi Lograda, Si Abdelkader Amari et beaucoup d'autres. Il en résultera une médersa libre dont la construction sera financée par une souscription publique. L'éveil nationaliste que le «Cercle de la fraternité» suscite auprès de la jeunesse aboutira à la création du premier groupe scout «El Fadhila» en 1941, sous la conduite de Ali Abdelkrim (PPA/MTLD, mort en 2015) et Hamida
Abdelkader (UDMA, assassiné par les forces d'occupation coloniales). Aux premières lueurs de l'insurrection armée de Novembre 1954, Abdelkader Amrane, surnommé plus tard «Zine Ettala» par son co-détenu Moufdi Zakaria au pénitencier de «Barberousse», livrait des armes à Amar Ouamrane pour le maquis de Palestro. Ismaïl Bouchelalègue et Ali Benaïssa, morts au combat dans ce même maquis, auront été ses premières recrues.
La cité et ses environs sont dans la tourmente de la guerre ; la première confrontation armée avec les forces d'occupation avait lieu en décembre 1955 à Dermel (El Hamel) sous la conduite de Achour Ziane. Le lieu n'est pas fortuit, il renvoyait à une autre bataille que les tribus environnantes menèrent contre les troupes du 3e Tirailleurs algériens mené par le lieutenant colonel Fabien Pierre Edmond
Gandil.
Sous les ordres de ce triste sire, la colonne de pacification du Hodna lors de la répression de la révolte de la province de Constantine est attaquée, le 2 octobre 1864, au camp de Dermel. Plus de 2000 fantassins et 1000 cavaliers se ruèrent sur le camp.(3)
A la disparition de Achour Ziane, en décembre 1956, les troupes de Si El Haouès et Si Amor Driss constituées de part et d'autre de Bou Saâda sous l'étendard du FLN/ALN, mèneront la lutte contre les contingents aéroportées du colonel Katz et du chef d'escadron Jean Poujet qui consignera ses faits de guerre dans un ouvrage intitulé Bataillon RAS.
Il qualifiera d'ailleurs Si El Haouès de fin stratège et à qui il eut affaire lors d'une confrontation au djebel Meharga. Hautement stratégique, la région fera l'objet d'un regain d'intérêt non observé jusque-là ; la découverte des immenses réserves de pétrole de Hassi Messaoud à la «Une» de la presse occidentale allait encore ajouter à la rude ténacité de l'armée française et à la mobilisation de plus de moyens, entre autres la division dans les rangs de l'adversaire.
Ce qui fut fait par l'avènement des contre-feux de Bellounis au Sud et de Cobus dans l'Ouarsenis.(4) A ce titre, l'ALN dut faire face à deux belligérances alliées puissamment équipées. La population ballottée entre les deux camps et dont la différenciation n'était pas souvent aisée subira des exactions multiples (exécutions sommaires, rackets, viols). Dans cet épisode douloureux de la guerre de Libération nationale, le lieutenant de Section administrative spécialisée (SAS) Phillipe Gaillard revient sur ces événements dans son livre L'Alliance ou la guerre du général Bellounis.
Prenant le mont Zaâfrania dans la région de Ben S'rour comme siège de son état-major général, la Wilaya VI sous la conduite de Si El Haouès et plus tard Si Chabani, aura mené 27 des 35 batailles recensées par la revue de la wilaya de M'sila commémorant le 60e anniversaire du déclenchement de la Révolution du 1er Novembre 1954.
La mémorable bataille de Djebel Thameur où périrent les colonels Si El Haouès et Si Amirouche et leur escorte fait partie de ce glorieux palmarès du sacrifice où la région a marqué sa participation à l'émancipation nationale en lettres d'or. La dernière en date sera celle que mènera le colonel Chabani dans le massif de Boukhil, les 17 et 18 septembre 1961 à El Kerma.
Mohamed Bellounis, ce chef de guerre qui se réclamait du Messalisme, défait une première par l'ALN dans les monts des Beni Yalla, s'installe en juillet 1957 à Dar Chioukh près de Djelfa. Voici ce qu'en dit l'une des nombreuses littératures : «Il fonde au printemps 1957 l'Armée nationale du peuple algérien (l'ANPA), soutenue financièrement et militairement par le gouvernement français. Il reçoit une aide logistique qui lui permet de s'étoffer. Avec environ 3000 hommes, il travaille dans un vaste haricot d'environ 80 000 km2, d'Aumale à Aflou».(5)
Ce vaste haricot d'implantation ne comprenait pas Bou Saâda, qui n'était même pas prévue dans sa zone d'influence au départ(6), mais il l'inclura pour réduire et couper les sources d'approvisionnement de l'ALN dont elle était l'une des pourvoyeuses principales (sic, Amor Sakhri, Tahar Ladjel et Mohamed Tahar Khalifa, anciens officiers de la Wilaya VI encore en vie). On fait parfois porter, on ne sait pour quel dessein, un bandeau à l'histoire pour glorifier certains mythes et stigmatiser certains faits authentifiés par leurs propres acteurs.
C'est ainsi qu'est passé sous silence un événement majeur dit «Affaire de Bou Saâda»(6) où Aline Aïcha Mekki, conseillère municipale, joua un rôle majeur dans la libération des 72 civils détenus, dont 3 d'entre eux furent froidement assassinés, il s'agit de Ahmed Mèch, Attia El Bahi et Ahmed Kermadouche.
Militants de l'Organisation politico-administrative (OPA), séquestrés par les DOP (Détachements opérationnels de prévention) qui spoliaient la demeure de Ali Ben Salah Legoui, père de Mohamed Lamine de l'APS assassiné en 1994 par la barbarie terroriste, le reste des détenus eut la vie sauve grâce à l'action opportune de Aline Aïcha. Cette militante oubliée a alerté l'opinion française, en 1959, par l'intermédiaire de l'influent quotidien Le Monde sur les conditions de détention de ces militants et l'arbitraire dont ils faisaient l'objet.
Le président français, Charles de Gaulle, ne put que s'incliner en délégant une mission d'enquête à demeure. Le deuxième fait historique et non des moindres fut le pilonnage au mortier de l'hôtel «Transat» qui recevait, en 1961, un illustre hôte en la personne du ministre des Armées, Pierre Mesmer himself.
Ces faits hautement significatifs ne font l'objet d'aucun intérêt, ne serait-ce qu'à travers une prosaïque plaque commémorative ; à moins que le flou ne soit savamment entretenu pour alimenter plus de déni.
Et comme pour tout mauvais sort, l'augure sera néfaste pour la cité plusieurs fois séculaire, en ce 24 mai 1962, au lendemain de la cessation définitive des hostilités guerrières. En ce jour, l'armée française sous la conduite du général Rouyer, chef de la ZSA de Médéa, décide de la reddition de Abdallah Selmi, dauphin en titre et successeur du général autoproclamé Mohamed Bellounis. Etaient présents à la cérémonie du «Transat» : Abderrahmane Farès, président de l'Exécutif provisoire, accompagné de deux délégués, Dr Chawki Mostefaï, Mohammed Benteftifa, le préfet Mahiou et deux représentants des Wilayas IV et VI du FLN, ainsi que le général Rouyer, commandant de la ZSA de Médéa.
Abderrahmane Farès et son aréopage prenaient acte de la reddition du désormais ex-colonel Abdallah Selmi.(7) Une page de l'histoire tumultueuse de la région venait d'être tournée. D'ailleurs, l'on se demande pourquoi on rattache les noms des sinistres Bellounis et Abdallah Selmi à la région qu'ils subjuguèrent de manière sanglante ?
Ce questionnement est d'autant plus légitime au regard de ce qui est communément admis comme certitude. Bien que ce soit la région de Bou Saâda qui a abrité les faits d'armes et construit les mythes de Si El Haouès, Si Chabani et Si Amor Driss, ce sont de fait M'Chounèche, Oumache et El Kantara, leurs lieux de naissance respectifs qui en tirent le principal dividende historique.
Et c'est légitime ! Et pourtant l'inverse n'est pas vrai quand il s'agit de traîtres tels que Bellounis et Selmi. Ainsi, l'arrêt peut être souvent sans appel. Comme un malheur ne vient jamais seul, un autre événement majeur vint bouleverser la paisible oasis lors de crise politique de l'été 1962, où l'état-major général de l'ALN s'y installera provisoirement dans les hôtels «Transat» et «Le Caïd».
Ces deux anciens joyaux du tourisme oasien seraient-ils la malédiction de la cité du bonheur ou un simple hasard de l'histoire ? Et c'est en cette occasion que l'ALN devenait Armée nationale populaire (ANP)(8), pour partir conquérir le pouvoir central basé dans la capitale du pays.
Et comme dit l'adage, jamais deux sans trois ; le colonel Chabani qui n'était plus en odeur de sainteté avec le président Ahmed Ben Bella et Houari Boumediene, son ministre la Défense, est à la tête, en 1964, d'une sédition dite des Wilayas. Il se retirera à Bou Saâda où il avait laissé de nombreux frères d'armes ; il y sera arrêté et conduit à la prison d'Oran.
La suite est connue de tous. Mais c'est à Biskra que sera érigé le musée du djihad éponyme, tout comme la substitution de celui des «Deux colonels - Si El Haouès et Si Amirouche» érigé à Bou Saâda, par celui de M'sila, sous la sacro-sainte prééminence du chef-lieu de wilaya sur toute autre agglomération. Ainsi s'achève la saga d'une région, à califourchon entre le Hodna et les Ouled Naïl, qui n'eut pas l'heur d'avoir de grandes tentes influant sur le cours de l'histoire comme ces dernières pour prétendre à un meilleur sort que celui auquel elle est vouée.
En dépit de ses riches tablettes historiques flamboyantes, elle n'en sera que mal payée en retour. L'indépendance acquise, elle végète depuis lors dans un modeste statut de sous-préfecture datant de 1958, ratant à chaque fois le coche du développement. Elle observera, dans un silence mortifère, la promotion administrative d'anciennes bourgades, immédiatement voisines, à l'est, à l'ouest et au nord. Récemment, c'est dans son sud immédiat qu'on érige une wilaya déléguée.
Faudrait-il maintenant n'espérer plus rien sauf que de s'en remettre la providence ? Avec plus de 500 000 habitants, l'ex-commune mixte de Bou Saâda «concassée» en 6 nouvelles daïras couvrant 23 communes, soit la moitié de l'ensemble de la wilaya de M'sila, dispose d'à peine une dizaine d'unités économiques privées dans le secteur des matériaux de construction.
Des aires agricoles, nouvellement acquises sur les regs sablonneux, ne peuvent prétendre à prendre en charge une main-d'œuvre juvénile en attente d'une occupation lucrative.
Le secteur des services bégaye, notamment le transport et la poste et télécommunications. Un espoir, cependant, fut éphémèrement nourri par la promulgation de la loi portant Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT) en juin 2010 qui cite nommément Bou Saâda comme futur pôle économique de l'audiovisuel, industrie cinématographique comprise. La population a vite déchanté à l'annonce de cette industrie à Adrar et à Sidi Bel Abbès.
La liste fastidieuse des besoins d'une région trop longtemps confinée dans la pénombre serait trop longue à dérouler. Pour clore le propos, nous paraphraserons un ami, expert et enseignant universitaire en économie, qui dit : «L'Etat s'arrête à la wilaya !» Et c'est bien vrai en toute apparence !
Notes de renvoi :

1) Ali Mahsas - Le Mouvement révolutionnaire en Algérie. p. 54.
2) Mohamed El Korso - Lieux de résistances culturelles.
3) www.military-photos.com/gandil
4) Ali Haroun- La 7e Wilaya
5) Wikipédia
6) Barkahoum Ferhati - Aline alias Aïcha Mekki, la résistante de Bou Saâda (Le Soir d'Algérie du 02/01/2011)
7) Phillipe Gaillard - L'Alliance : La guerre d'Algérie du général Bellounis
8)M. Harbi et G. Meynier-FLN : Documents et histoire (3)www.military-photos.com/gandil.htm.


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