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Les dessous d'un partenariat gagnant-perdant !
Retour sur les péripéties du complexe El Hadjar avec Mittal
Publié dans El Watan le 12 - 06 - 2017

Le complexe d'El Hadjar, ce colosse d'acier dont la privatisation a été présentée comme un pari réussi, est devenu aujourd'hui une imposante masse de ferraille. Ce fer de lance de l'industrie industrialisante algérienne a englouti des centaines de millions de dollars dans le processus de remise en forme de ce géant en acier et que Lakshmi Mittal a fini par mettre à genoux.
Contrairement à ce qui se fredonnait en boucle depuis octobre 2001, à savoir «2,2 millions de tonnes par an (MT/an) d'acier à l'horizon 2015, puis 2016 et 2017», de manière plus accentuée en 2014 -lorsque la BEA avait accepté de débloquer des lignes de crédits 600 M $-, pour convaincre la masse de la relance d'El Hadjar, c'est une imposante masse de ferraille qu'est devenu aujourd'hui ce complexe sidérurgique.
Lors d'une récente sortie médiatique, Maâmar Habache, l'actuel président du conseil d'administration (PCA) de Sider El Hadjar, avait annoncé la production de 29 000 T de fonte et l'exportation dans les tout prochains jours de 4700 T de la gueuse de fonte : «Sans verser dans le triomphalisme, les sidérurgistes, les ingénieurs et technologues d'El Hadjar ont réalisé un exploit inédit, celui de remettre en marche le haut fourneau HF après plus de 19 mois d'arrêt total des installations de la zone chaude.» Mieux, s'enorgueillissait-il, comme pour mieux marquer sa première sortie médiatique, «jusqu'au 1er mai, nous avons produit 2000 T d'acier diamètre 14. Au 31/12/2017 nous projetons d'atteindre 680 000 T d'acier (vendable et produits).
La production devrait évoluer progressivement et nous sommes bien partis et je peux vous le garantir, pour hisser la production à 1,2 M T, niveau, faut-il le rappeler, qui n'a jamais été atteint depuis l'entrée en production du complexe (1969). Mieux encore, les 2,2 MT sont à notre portée et nous les réaliserons à court terme». Dit autrement à l'horizon 2018, 2019… Pour cela, insistera-t-il, devrait être menée à son bout le plan d'investissements pour lequel ont été injectés par l'Etat 720 millions de dollars.
En effet, après la première phase «Brown-Field» qui a nécessité la mobilisation de 88 % des 437 M $, le reste (51 M$) affecté à la réhabilitation à venir des autres installations névralgiques, est en passe d'être mis en route, à en croire le PCA de Sider El Hadjar, la seconde phase, Greenfield. Les études déjà finalisées, les opérations de modernisation dont les coûts s'élèvent à quelque 283 M$, concerneront en particulier les laminoirs.
En attendant, le complexe est maintenu sous perfusion financière, les deux milliards de dinars, représentant les besoins du cycle de fonctionnement mensuel, sont à la charge de l'Etat. Aussi, «nous exhortons la tutelle à faciliter la mission des jeunes ingénieurs algériens qui font des efforts colossaux pour permettre au complexe, mis à terre par l'ex-actionnaire étranger, de se relever en leur accordant des crédits d'accompagnement», insistera, dans une déclaration à El Watan-Economie, M. Habache.
D'autant que la santé financière de l'ex- ArcelorMittal Algérie (AMA), devenu Sider El Hadjar, est des plus fragiles : Plus de 104 milliards de dettes héritées de celui qui, d'octobre 2001 à mi-août 2016, a pu, en revanche, s'emparer, de manière directe et indirecte, de bénéfices estimés par d'anciens hauts cadres dirigeants du complexe, à 500 millions de dollars au minimum.
Mittal a failli
La question que d'aucuns se posent : Avant le départ du numéro un mondial de l'acier, a-t-on exigé des explications sur ses manquements retentissants aux engagements contractuels, investir 175 millions de dollars, rénover le complexe et porter la production de 800 000 à 1,5 MT/an ? La question demeure à ce jour pendante.
«En réalité, Mittal était venu en Algérie pour ses propres intérêts. Il a fini par casser El Hadjar au nom de ses profits personnels et de ses associés. Je préfère ne pas entrer dans les détails», se contente de dire le PCA d'El Hadjar, récusant, au passage, avec fermeté, les spéculations selon lesquelles la multinationale de Lakshmi Mittal, avant de renoncer à l'ensemble des parts (49 %) du capital, aurait négocié une contrepartie financière, l'équivalant de ce qu'il a concrètement «investi».
Dans sa filiale algérienne, ses investissements se limitent, d'après nombre de cadres sidérurgistes contactés, à l'acquisition d'un nouveau laminoir pour quelque 56 millions $, presque le triple, 150 M $, représentant le prix de rachat des 70 % de parts en 2001, selon des sources bancaires internes à l'entreprise et enfin «la moyenne des deux sommes, arrangement difficilement obtenu grâce à la médiation d'arbitres internationaux auxquels ont eu recours les deux ex-associés», à en croire des juristes spécialistes en droit international interrogés. «Je dis et répète, Mittal n'a bénéficié ni d'une indemnisation, ni prime ou d'un quelconque bonus.
Cela je peux vous l'assurer et le certifier», tranchera, sous le regard acquiesçant d'Elhadi Laskri DG de l'entreprise, M. Habache, en réponse aux journalistes l'ayant interpellé sur ce point sensible et visiblement fort incommodant. Ainsi, c'est l'ex-ministre de l'Industrie, Abdesselam Bouchouareb qui est conforté dans ses affirmations lorsqu'au lendemain de la signature, le 7 août 2016, de l'accord de cession définitive d'El Hadjar entre la multinationale ArcelorMittal et le groupe publique Imetal, le ministre de l'Industrie s'était empressé de déclarer que «la transaction s'est faite à titre gracieux, l'Algérie n'a déboursé aucun centime».
Comme il s'est gardé de trop s'étaler sur l'affaire des défaillances graves à l'actif des deux multinationales intervenues dans la réhabilitation du HF à l'origine des glissements dans les délais de son redémarrage : «Les entreprises étrangères défaillantes ayant précédé celle qui a réussi, en collaboration d'ingénieurs algériens, les travaux de rénovation du HF, ont lourdement compromis la livraison dans les délais. Nous étions contraints de différer la remise à feu». «Sans entrer dans les détails du préjudice subi, a-t-il, encore une fois répété, les procédures nécessaires ont été engagées à leur encontre et le précontentieux sera tranché par les juridictions compétentes», a-t-il tenu à préciser.
Mauvais choix et de décisions irréfléchies
Par leurs flagrantes malfaçons, les deux multinationales, faut-il le souligner, ont failli, plus d'une fois provoquer une véritable catastrophe. La menace d'une explosion du HF était bien réelle. Il s'agit là d'une glissade parmi tant d'autres qui ont jalonné l'histoire d'El Hadjar et fini, au fil du temps, par l'entraîner vers le fond. En effet, des situations similaires, l'usine en a vécues par le passé.
D'ailleurs, nombreux sont les anciens cadres de l'ex-SNS à s'en souvenir encore : ‘‘au début des années 80, une anomalie, forte concentration d'acétylène (C2H2), avait été relevée de la centrale à oxygène Cox N°4. Une grande catastrophe, explosion de cette centrale, évitée de justesse grâce à nos ingénieurs qui s'en étaient rendu compte à temps. Nous avions alors saisi le fabricant fournisseur, l'allemand Linde, spécialisé en cryogénie et 2e constructeur mondial d'installations de séparation d'air à l'époque.
Après avoir entamé les travaux de réparation, les Allemands étaient repartis pour ne plus revenir. Nous avions dû nous rabattre sur un autre constructeur pour la remettre en marche'', se remémorent-ils. Le comble, ironisent-ils, C'est ce même constructeur défaillant (Linde) qui sera, une fois encore, sollicité pour la réparation de la Cox N°3 (le complexe en comptait 4) suite à de graves micro-explosions survenues en 1994 et 1996.
Ce qui avait coûté à Sider près de 5 millions de deutschemarks et 17 M DA». C'est dire que 2016, marquée par l'officialisation du divorce d'avec ArcelorMittal, n'a, décidément, pas clos la sombre saga du complexe El Hadjar. Elle a juste définitivement refermé un chapitre pour en écrire un nouveau, puisque le géant de l'acier, sclérosé de toutes parts, patauge dans la coulée continue de déconvenues, mauvais choix et de décisions irréfléchies.
En somme, «El Hadjar, qui a toujours la mine noire et intubé en continu, n'est toujours pas près de respirer un oxygène pur. Il y arrivera, peut-être, le jour où ceux qui décidaient et décident toujours de son sort auront réussi à convertir leur esprit pour le rendre moins réfractaire au changement. Voilà des années qu'ils se la coulent douce pendant que notre géant de l'acier se faisait admirablement laminer. La fonte de la sidérurgie nationale et la réduction directe des effectifs, de tous horizons et agglomérations, qui en vivaient, ne leur faisaient ni chaud ni froid.
Ce n'est que très tardivement qu'ils se sont rendu compte que le conglomérat Lakshmi Mittal les a bel et bien embobinés», métaphorise un ancien cadre de feue SNS, reconverti dans le consulting. Et ironie du sort : « S'appuyant sur une étude sociologique très approfondie, une organisation des Nations unies avait, dans les années 70, soit lors de la naissance d'El Hadjar, mené une enquête où elle avait conclu que l'Algérien avait une mentalité…industrielle», se souvient, avec dépit, cet ex-Sniste reconverti dans le consulting international.


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