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Leçon de tamazight à Oran
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Publié dans El Watan le 13 - 10 - 2017

Implantée en plein cœur de la ville, l'école primaire Yousef Ibn Tachfine est l'un des six établissements scolaires qui assurent des cours de tamazight à Oran. El Watan Week-end vous propose une immersion dans une salle de classe qui a abrité, dimanche dernier, un des cours de cette langue ancestrale.
L'engouement des élèves était au rendez-vous et tenait notamment à la formidable énergie déployée par la jeune institutrice qui a repensé son outil pédagogique. Cette enseignante a distillé son talent et surtout son intarissable volonté en classe. Sans jamais ménager ses efforts, elle a su susciter une bonne réactivité et beaucoup d'émulation chez les élèves. Le cours porte sur une drôle et petite histoire de Djeha, le célèbre personnage mythique, qui concentre un immense patrimoine de philosophie populaire.
Djeha achète un kilo de viande pour les besoins de consommation de la famille, soit un fait quotidien, triviale. Puis, à son insu, sa femme mange cette viande, sans se soucier de la partager en famille. D'où une situation de conflit exacerbée par une explication fallacieuse de la bonne épouse prétendant que c'est leur chat domestique qui a dévoré cette viande.
Enfin, l'histoire se termine avec une chute, inattendue, voire franchement drôle, et qui se résume aux paroles que Djeha a lancées à sa contradictrice femme médusée. «Le chat pèse à peine un kilo, soit autant que la viande que j'ai achetée. Si le chat a mangé la viande, alors où est-il ? Si le chat n'a pas mangé la viande, alors où est la viande ?» ironise-t-il après avoir pris le soin de bien soupeser le pauvre félin. Ce texte est lu et relu en tamazight, à haute voix par les élèves qui participaient activement.
La prononciation est différente d'un élève à l'autre, mais l'essentiel est ailleurs : l'ambiance est vraiment studieuse ! «Le bon déroulement de ce cours signifie que tamazight se développe bien. Comme vous voyez, l'engouement est incontestable», se réjouit El Hachemi Assad, secrétaire général du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA), qui a assisté à cette leçon.
«Les raisons de cet engouement sont multiples. Les réticences de certains parents, qui craignaient d'encombrer le cerveau de leurs enfants en leur enseignant trois langues à la fois, ont été levées. On sait aujourd'hui que les élèves apprennent mieux une troisième langue. Les trilingues réussissent souvent mieux que les autres», témoigne de son côté une enseignante rencontrée dans la cour de l'établissement.
«L'enseignement de tamazight progresse à Oran et connaît un succès. Grâce à une synergie entre plusieurs acteurs, dont les jeunes enseignants, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghabrit, le HCA et la Fédération des parents d'élèves, qui œuvre pour la promotion de l'enseignement de cette langue. Nous avons mis en place une commission pour soutenir le devenir et le développement de l'apprentissage de tamazight», affirme fièrement Kamel Mohamed, membre du bureau national de cette fédération des associations des parents d'élèves.
Beaucoup reste à faire !
Quel est l'état des lieux de l'enseignement de cette langue, 68 ans après l'éclatement de la première étincelle revendicative et 37 ans après le Printemps amazigh ? Vingt et un ans après son introduction dans le système éducatif, l'enseignement de cette langue est passé de 37 690 élèves répartis dans 16 wilayas en 1995/1996, à plus de 254 000 inscrits actuellement. Le nombre d'enseignants a, quant à lui, bondi de 233 à 2040 durant la même période.
«Ces chiffres sont appelés à être revus à la hausse puisque le ministère de l'Education s'est engagé pour la généralisation de l'enseignement de cette langue à travers d'abord 38 wilayas et, à terme, à tous les élèves des 48 wilayas», souhaite El Hachemi Assad. Ces chiffres ne masquent, par ailleurs, pas les difficultés majeures de l'enseignement de cette langue. «Il y a d'abord un manque chronique d'enseignants dû à la faible mobilisation de postes budgétaires par la Fonction publique, et la qualité mais aussi la quantité des supports pédagogiques et didactiques», constate un enseignant rencontré dans la cour de l'école Ibn Tachfine.
De son côté, M. Assad rappelle «l'engagement du ministère de l'Education de mobiliser davantage de postes budgétaires d'enseignants de tamazight». «La hausse du nombre des élèves inscrits à l'enseignement de cette langue ne compense pas l'effritement de la pratique sur le terrain», relève un enseignant.
«Malgré une progression continue du nombre d'élèves concernés, l'enseignement de tamazight présente certaines fragilités, dues notamment à sa limitation au palier primaire et au collège», note pour sa part une enseignante. Une des raisons invoquées par plusieurs enseignants que nous avons interrogés est liée à «l'aspect facultatif et non obligatoire». Un constat partagé par M. Assad. «Il est difficile de motiver des élèves à poursuivre l'étude de cette langue quand cet enseignement est facultatif», tranche, pour sa part, une enseignante.
Le succès de cette langue auprès des élèves n'enraye pas, sur le terrain, le tarissement de la pratique. «Il y a une synergie entre le ministère de l'Education et le HCA, pour renforcer l'encadrement et l'accompagnement des enseignants en formation continue. Nous attendons la réforme de deuxième génération comme document de référence pour développer l'enseignement de tamazight», s'impatiente El Hachemi Assad.
Comme première mesure, ce dernier préconise de «proposer un amendement de la loi de l'orientation de l'Education nationale». «Il y a deux leviers à actionner : la formation continue des enseignants et une qualité du manuel à la hauteur, pour une meilleure anthologie scolaire», recommande-t-il. Les quatre départements de tamazight forment, chaque année, des centaines de licenciés et de titulaires de mastère appelés à épouser la carrière d'enseignant.
Un cinquième département ouvrira ses portes l'année prochaine à Bouzaréah (Alger). «Beaucoup de diplômés de ces instituts ayant la chance de décrocher un poste budgétaire optent pour la mobilité et travaillent très loin de chez eux, à Oran, Saïda et même au sud du pays. Les établissements qui les accueillent ne leur offrent, toutefois, pas les conditions socioprofessionnelles minimales.
C'est mon cas. Je viens de Tizi Ouzou et je travaille ici à Oran. Je suis hébergée dans une auberge de jeunesse moyennant 9000 DA par mois. Le règlement m'oblige de quitter cette auberge à 8h et je n'ai le droit d'y rentrer qu'après 17h. Pendant la journée, que je sois fatiguée, malade ou pas, je dois rester dehors et attendre 17h ! Ce sont des conditions précaires et pénibles», témoigne une enseignante.


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