Houari Benchenet a dévoilé, lundi soir au TRO, son tout dernier titre, un hommage poignant et très émouvant au chantre de la chanson oranaise, Blaoui El Houari. L'intro, évoquant la tristesse, est exécutée au violoncelle, tandis que les paroles sont accompagnées d'une mélodie au violon à déchirer le cœur. «Kiwsal dhak lakhbar» (quand la nouvelle est tombée), entonne l'artiste qui, à un moment, submergé par l'émotion, ne s'est pas privé de laisser couler quelques larmes. La chanson évoque la mort du «cheikh», mais aussi son parcours, notamment son engagement pour la cause nationale et sa jeunesse avec la bande qui l'accompagnait à son époque (el banda zahouania). Son attachement au terroir (la poésie melhoun) et ses clins d'œil à la jeunesse (yad el marsam) ont été également rappelés dans cette chanson interprétée en play-back. Le spectacle organisé au TRO par un mécène avait pour intitulé L'unité nationale, d'où la présence autant des autorités locales, des élus, mais surtout des candidats aux prochaines élections locales, toutes tendances confondues. «Aujourd'hui, nous célébrons l'Algérie dans son ensemble», a déclaré l'humoriste Bessam, invité à l'occasion pour un intermède ayant rehaussé l'ambiance après les moments d'émotion suscités par la première chanson. Ensuite, Houari Benchenet est revenu sur scène, mais cette fois avec un orchestre complet, pour interpréter quelques-uns de ses succès. L'un des plus connus, Arssam wahran, est cette ballade oranaise de Cheikh Mekki Nouna, qui mêle des moments de nostalgie à un hymne à la ville, ses quartiers et ses personnages illustres. Une autre de ses plus belles chansons, Rani mdamar, où il dit en substance, «rani mdamar khellouni nhadj laamar, khelouni netfakar li rahet ounsatni», une chanson sur l'exil et le chagrin d'amour. Il déclame d'abord «hak brayti fi hadh el ounouane ou djib li ya mersoul lakhbar ezina» (voici l'adresse et ramène moi de bonnes nouvelles). Houari Benchenet sait aussi faire de l'ambiance avec des chansons sur le rythme karkabou. Des moments de joie de vivre, comme avec Ana lyoum lakite ezine (Aujourd'hui j'ai rencontré la beauté) caractérisent aussi le spectacle du chanteur. Le titre est particulièrement rythmé, avec une cadence effrénée pour la circonstance, un appel à la danse mais aussi aux youyous, comme on en entend lors des fêtes. Au fait, Houari Benchenet a la caractéristique de jouer sur plusieurs registres. Il sait manier le verbe pour déclamer de la poésie, il maîtrise les codes du vieux raï inspiré des poètes du melhoun mais il s'essaie aussi souvent aux ballades modernes pour, au fond, exprimer la même chose, la vie, ses vicissitudes et ses promesses.