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Algérie : Consensus pour une transition politique et économique soft
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Publié dans El Watan le 05 - 02 - 2018

La situation en cours en Syrie et les développements récents en Iran, au Mali, en Libye et au Sahel en général où l'on signale le redéploiement des chefs de l'EI auxquels il est prêté la volonté de créer l'Etat islamique du grand sahara (EIGS), près de nos frontières, la concentration des forces armées occidentales dans la bande du Sahel, viennent rappeler que le «printemps arabe» n'est pas près de s'estomper.
Même si le cas iranien obéit à un contexte particulier de redistribution des cartes au Moyen-Orient et de la volonté de réduire l'influence perse dans ce que d'aucuns appellent le «croissant shiite», ces événements doivent être considérés comme un rappel, un avertissement pour de probables déstabilisations. Lors de l'apparition du phénomène du printemps dit arabe en 2011, et au moment où les troubles étaient à leur paroxysme en Tunisie, en Libye, en Egypte et en Syrie, tout le monde avait les yeux rivés sur l'Algérie et s'attendait à un effet domino ; pour certains, ce n'était qu'une question de temps.
Néanmoins, a contrario de tous les scenarii projetés et à l'encontre de toutes les analyses, le pays a tenu et c'est tant mieux, car personne n'aurait parié sur les dépassements hasardeux et incontrôlés de la rue, dans un contexte de révolte régionalisée.
Cette réticence et cette méfiance de la population à se lancer dans des événements au devenir incertain prouvent la maturité du peuple algérien, et trouve par ailleurs son explication dans un certain nombre de causes, parmi lesquelles on peut répertorier ci-après les plus marquantes :
- le peuple algérien a vécu dans sa chair le plus violent des terrorismes marqué par la terreur, des massacres de masse, des destructions, l'exil interne et externe, l'isolement du pays… avec à la clé plus de 200 000 morts.
Cette période tragique qui a touché tout un chacun de manière directe ou indirecte, et qui a laissé des traces indélébiles, les Algériens n'en veulent plus ; ils ont en quelque sorte déjà payé ;
- les destructions massives, les assassinats, les bombardements, l'éclatement des pays en tribus, les conflits ethniques, l'absence d'Etat et d'ordre dans les pays dont certains sont les voisins immédiats de notre pays (Tunisie, Libye, Mali…) sont autant de drames que les Algériens ne souhaitent pas pour leur pays, pour leurs enfants ;
- d'autre part, grâce à la rente pétrolière, on ne peut nier que le pouvoir algérien a, en dépit des incohérences économiques, du gaspillage et de l'entêtement à s'enfermer dans des schémas sans issue, assuré à travers les transferts sociaux une certaine redistribution de la rente :
- la politique du logement (urbain, rural) ;
- le soutien à l'emploi des jeunes (Ansej, ANEM…) ;
- les augmentations de salaires ;
- le soutien des prix (alimentaire, électricité, gaz, eau, essence…) ;
- le système de santé ;
- l'école gratuite ;
- la restructuration des entreprises publiques (maintien de l'emploi notamment) ;
- le retraitement de la dette fiscale des entreprises publiques et privées ;
- le reprofilage de la dette bancaire des entreprises publiques et privées ;
- l'accès au commerce extérieur pour de nombreux opérateurs privés ;
- l'accès aux marchés publics pour le privé ;
- les rattrapages en matière d'infrastructures de base...
On peut discuter des résultats obtenus, des insuffisances, mais la réalité est là, comme en témoigne l'évolution du niveau de vie des Algériens, même si bien pensé, notre pays aurait pu prétendre à mieux et peut-être en dépensant beaucoup moins. Ce système de redistribution, s'il a traduit quelques travers et induit un niveau et un mode de consommation tirés par les revenus issus des seules ressources des hydrocarbures, a permis à un grand nombre d'accéder à l'emploi, à des biens matériels, comme par exemple le logement, les véhicules, les équipements domestiques et autres biens de consommation, à des conditions avantageuses (aides, prix, mode de paiement, crédit à la consommation…).
Pour ne prendre que l'exemple du logement, dont le programme du gouvernement a annoncé 2 millions d'unités, ceux qui n'ont pas pu exaucer le rêve de devenir propriétaire vivent dans l'espoir d'y arriver un jour ; les exemples de proches y ayant accédé, les distributions régulières à travers le territoire, les annonces de programmes et les promesses réitérées des responsables politiques étant là pour maintenir cet espoir.
Toute cette frange de la population qui a bénéficié d'un logement et celle qui attend d'en bénéficier un jour n'ont aucune envie de prendre part à des événements qui pourraient les empêcher de profiter de leurs biens pour les premiers, ou qui feraient s'envoler le rêve tant caressé d'en bénéficier dans quelques mois ou quelques années, pour les autres.
Il en est de même de tous ceux qui ont durant ces 15 dernières années bénéficié à un titre ou à un autre de cette redistribution (logement, commerce, importation, marchés, emplois..).
Néanmoins, depuis 2014, suite à la chute drastique de la rente pétrolière qui a engendré une grave crise des ressources, nous assistons à une effervescence du front social qui se manifeste par des grèves des différentes corporations (santé, éducation, Air Algérie, retraités de l'ANP….), alors que l'Etat n'a plus les mêmes moyens financiers pour satisfaire les différentes demandes comme en 2011.
L'aisance financière du pays et l'ouverture économique, notamment le commerce extérieur, ont favorisé l'apparition de groupes sociaux économiques nouveaux, dont certains ont accumulé des richesses considérables en un temps relativement court.
Cette aisance financière a ainsi permis l'affirmation ainsi que l'émergence de nombreuses sociétés activant dans l'importation, le BTPH, l'industrie et les services qui jouent aujourd'hui les premiers rôles et qui participent de manière active à la vie économique, notamment en termes d'emplois et de création de richesse (58,8% d'emplois dans le privé).
Ces opérateurs organisés dans les associations patronales pèsent de plus en plus dans la décision et les options économiques du pays.
A la suite de ces groupes, d'autres moins importants, mais en grand nombre, ont tiré profit de cet appel d'air favorisé à la fois par l'engouement de la population pour les produits étrangers, après les années de «feu» et tiré par l'évolution des salaires, pour s'adonner à l'importation de tous types de produits (quelques dizaines d'importateurs en 1994 et plus de 45 000 en 2014).
Tous ces groupes activant de manière légale ou informelle constituent à l'évidence non seulement une force financière (voir le poids de l'informel dans l'économie), mais pèsent aussi en termes d'emplois et de stabilité et aspirent à jouer un plus grand rôle.
Tous ces groupes qui se sont constitués à la faveur de l'ouverture économique et qui ont une existence formelle et informelle et qui impactent de manière directe ou indirecte la vie socioéconomique, ainsi que tous les autres qui y tirent leurs revenus doivent être pris en compte et intégrés dans tout projet de recomposition.
Sur le plan partisan, en dehors des partis dits du pouvoir, qui ont une existence historique, ou de ceux émanant du pouvoir, qui bénéficient de moyens importants et qui de fait se confondent avec le pouvoir lui-même, (partis/Etat), les autres partis, à de rares exceptions, n'ont d'existence que par la volonté du pouvoir.
Dans un système politique ouvert, la majeure partie de ces formations politiques ne pourraient prétendre à aucune représentation, qu'elle soit locale, régionale ou nationale. Ces partis n'ont ni la capacité, ni même la volonté qui normalement anime tout parti politique d'accéder un jour ou tout au moins de participer à l'exercice du pouvoir. La situation présente qui leur octroie de menus avantages (budget, sièges APC, sièges APW, sièges APN, sièges Sénat…), est inespérée pour la grande majorité d'entre eux et qui dès lors s'accommodent d'une représentation de façade.
Au demeurant, depuis le «pluralisme», ces partis n'ont pas été capables de présenter de programme alternatif, l'usure du temps et le non-renouvellement des personnels ayant fini par leur ôter toute crédibilité, comme le montre leur absence d'emprise sur la société. Du reste, figés dans des postures individualistes et nombrilistes, marquées par la querelle des égos, ces partis n'ont jamais pu constituer une force représentative et encore moins une menace face au système qui les manage plus qu'ils ne les manipule.
La même analyse est valable pour la majorité des associations pour la plupart «maison» qui vivent de subsides versés par l'Etat et qui n'ont d'existence que le nom. Cette situation a contribué à vider de sa sève toute velléité d'existence de ces partis et associations en tant que réceptacles des préoccupations de la société et de véhicules de médiation dans les conflits sociaux, laissant le pouvoir seul face à la population.
Ainsi, à la classe moyenne traditionnelle formée des cadres et petits commerçants, dont l'importance donne la mesure de la santé économique et sociale d'un pays, est venue se substituer une classe de «possédants» incapable de jouer ce rôle de baromètre indispensable dans toute organisation sociale.
Ce système qui favorise le statu quo reste fragile et n'est pas immunisé contre des mouvements sociaux de masse nourris par le mécontentement populaire, qui pourraient conduire à des manifestations incontrôlées et s'avérer dangereuses pour la stabilité, voire pour l'intégrité du pays, et ce, malgré la capacité de résilience traditionnelle du peuple algérien.
En ce qui concerne les puissances étrangères, il faut se rendre à l'évidence et comprendre que celles-ci ne sont mues que par leurs intérêts et ne voient prioritairement l'Algérie que sous l'angle de sources de matières premières pour leur industrie, de marché pour leurs productions, et sous le prisme sécuritaire qui est en ce qui nous concerne l'endiguement des flux migratoires et la lutte anti-terroriste, au Sahel notamment (G5).
En dehors de ces préoccupations majeures, toutes les autres, y compris celles liées aux droits de l'homme, sont reléguées au second plan et comptent très peu dans la balance des relations internationales. Elles sont tout au plus agitées via quelques parlementaires, les médias et les associations, le plus souvent pour faire pression et fragilisées lorsque les circonstances le rendent nécessaire.
Il n'y a, en conséquence, rien à attendre de ce côté-ci, ces puissances s'accommodant d'un système qui en définitive leur convient, les arrange (peut-on croire à la sincérité des recommandations du FMI pour aider «un Maghreb au bord du chaos» ?)
Il faut que l'ensemble des acteurs politiques et sociaux puissent à travers un extraordinaire travail arriver à transcender leurs différences, les rancœurs et les attitudes égoïstes de manière à penser Algérie avant tout (Algeria First), surpasser les craintes et rétablir la confiance pour tracer un cap qui permettrait sur le court/moyen terme d'arriver à construire une véritable alternative de gouvernance qui ressortirait d'une situation apaisée.
Etant donné les graves défis et les dangers qui menacent la nation, ce projet est possible à la condition de garantir une transition soft, loin de celles dramatiques marquées par des règlements de comptes, qui sont en général la règle dans les pays ayant connu des bouleversements violents. Notre pays n'est pas entièrement immunisé, il ne faut pas oublier qu'une majorité de la jeunesse (25-35 ans) qui représente environ 60% de la population, qui n'a pas connu la décennie noire et qui aspire à une vie meilleure, peut être tentée par un saut dans l'inconnu, et ce, sans compter la masse des jeunes chômeurs diplômés.
Il faut donc, au plan politique, faire preuve de maturité et proposer un scénario et un timing qui permettraient véritablement de construire un consensus démocratique progressif, dans le cadre d'institutions mixtes, plus représentatives, assurant une participation plus large à tous les niveaux (APC, APW, APN, Sénat, gouvernement, autres institutions et organes représentatifs de l'Etat, monde économique, activités syndicales…).
L'émergence de personnalités crédibles, réputées pour leurs compétences, leur intégrité morale et leur positionnement à des postes de responsabilité est une nécessité vitale, au même titre que l'élagage de certains personnels usés, désavoués, qui ne sont plus de leur temps, qui ont certainement été utiles à un moment donné, mais qui sont aujourd'hui totalement dépassés, et qui sont objet de rejet presque épidermique de la part de la population, qui ne comprend pas la persistance de leur maintien.
Une telle voie est possible ; elle verra l'affirmation de parties véritablement représentatives de la population, ainsi que l'émergence d'une société civile, véritable courroie de transmission et d'instrument de mesure de la société.
C'est pourquoi il nous paraît important d'arriver à construire un consensus non pas intra-muros, mais un consensus qui réunirait autour du pouvoir les parties véritablement représentatives de la société.
Cette approche politique et sociale doit être consolidée par une vision économique globale, privilégiant les secteurs porteurs de croissance et d'emplois (énergie, agriculteurs, TIC, pétrochimie, tourisme...) dans le cadre de :
- réformes structurelles adaptées au contexte de mondialisation et de modernité (économie numérique, énergies renouvelables) ;
- l'assouplissement de la fiscalité et de la réglementation ;
- l'amélioration de la gouvernance pour attirer les IDE et la diaspora qui peuvent contribuer financièrement et transférer la technologie et le savoir-faire indispensables pour le décollage des PME ;
- l'affirmation du rôle régulateur de l'Etat, privilégiant l'efficacité économique dans l'allocation des ressources ;
- la libéralisation économique et la décentralisation sous forme de pôles économiques régionaux en liaison avec les spécificités locales ;
- la libération de toutes les énergies mises en hibernation, faute d'une gestion des ressources humaines adaptée ;
- la mise à niveau prioritaire des services publics comme l'éducation et la santé.
Pour rappel, l'Espagne post-Franco est bien arrivée à s'entendre autour d'un consensus, auquel y compris les extrêmes (droite/gauche) ont pris part, pour justement éviter un naufrage au pays ; et Dieu seul sait le passif qui sépare ces partis qui se sont affrontés durant la guerre civile qui a engendré plus d'un million de morts et plus de 400 000 exilés.
Il est de la responsabilité du pouvoir d'organiser une transition soft et un passage de témoin en mettant en œuvre un processus favorisant l'émergence de formations politiques véritablement représentatives ayant une emprise réelle sur la société ainsi que d'un tissu associatif (la société civile), éclairée et moderne en phase avec son temps.
Il est tout aussi de la responsabilité des autres parties de participer dans le cadre d'un pacte consensuel à accompagner cette transition pour permettre d'élaborer une vision et tracer un cap qui permettrait à travers des avancées d'ouverture de hisser notre pays au niveau de ceux émergents et de lui éviter des luttes stériles, qui ne peuvent présager que de perspectives sombres non souhaitables. C'est à ce type de consensus politique et économique auquel nous souscrivons.


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