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Un vécu misérable
Oued El Alleug (Blida)
Publié dans El Watan le 28 - 08 - 2007

Cela fait 34 ans que je subis la corvée d'eau quotidienne ! » C'est l'exclamation d'un père de famille près de l'unique robinet public d'eau potable. 45 000 habitants sur une superficie de 55 km2 et une densité de la population de 730 hab/km2 font de Oued El Alleug une commune moyenne de la wilaya de Blida.
Sise sur l'axe nord-sud, elle se trouve à mi-chemin entre Blida et Koléa, occupant une place centrale également entre Mouzaïa et Boufarik sur l'axe est-ouest. A vocation agricole, le chômage semble endémique, à voir les longues processions de jeunes occupant les trottoirs et les cafés. Commune de passage en direction de la mer, les boutiques et devantures de magasins se spécialisent dans les produits de vacances et les haltes nutritives. Le mouvement des yeux pour suivre les véhicules qui passent au ralenti ou à vitesse moyenne renseigne sur l'ennui caractérisant l'ambiance de la localité. Même les commerçants ne sont pas accueillants. « L'entrain manque par la faute de toutes ces supérettes qui raflent toute la clientèle », dira un épicier à qui la remarque sur la qualité négative de l'accueil n'avait pas plu. Les platanes producteurs d'ombre ramenaient des files entières d'estivants qui observaient une halte pour prendre des glaces, mais la toute proche commune de Koléa a repris le leadership dans le domaine et la fin des vacances n'arrange pas les affaires. Les longues processions de véhicules durant toute la saison estivale ne marquent plus l'arrêt à Oued El Alleug. Tout juste si la cité communale avec ses ralentisseurs oblige quelques pères de famille à faire leurs emplettes. Pastèques, melons, figues, pêches et bananes le disputent à la pomme de terre posée par sacs de 10 kg à même le sol aux côtés de l'oignon et de la tomate. La Gendarmerie nationale avait dû interdire, en juin dernier, tout commerce sur la RN au motif que plusieurs agressions d'automobilistes avaient eu lieu au moment des arrêts momentanés ou par l'obligation de la présence de ralentisseurs. « Des véhicules isolés étaient agressés la nuit, surtout les week-ends, et les malfaiteurs se volatilisaient dans la nature à la faveur de l'obscurité », avouera un résidant de la cité communale. Sise à quelque 2 km du chef-lieu de la commune, la « Communale » dispose d'une quarantaine de baraquements où s'entassent quelque 50 familles sur la rive gauche et quelques constructions RHP sur la rive droite où dix locaux à usage professionnel terminés depuis quelques mois attendent toujours leur distribution. L'électricité branchée d'une baraque à une autre d'une manière précaire et dangereuse alimente les foyers mais le branchement d'eau potable n'existe pas depuis l'implantation de ces constructions illicites en 1973. Les files d'attente devant l'unique robinet, hiver comme été, n'ont jamais incité les pouvoirs publics à trouver une solution. « Eradiquer les constructions ou nous permettre d'acheminer l'eau dans les maisons », dira avec force un jeune. Il a un enfant à qui il est promis sans doute le même avenir que celui du père. Calculée, la superficie de l'endroit ne dépasse guère 1 ha et les différents exécutifs communaux et de wilaya qui se sont succédé auraient pu prendre l'initiative de mettre fin à cette image de favella longeant une des plus importantes routes nationales. Un jeune de 22 ans, diplôme de plomberie en poche, jure : « Ma vie est terminée, gâchée par ce quotidien où rien ne se passe », avouera-t-il. L'idée d'une annonce de demande d'emploi ne lui avait jamais traversé l'esprit et, en accord avec quelques amis, il s'est promis l'achat d'une valise de plomberie avec laquelle il ira proposer ses services dans les nouvelles cités, comme celle de Diar El Bahri.
Une ancienne porcherie
D'autres jeunes se mettent en groupes pour s'approvisionner au marché de gros de Boufarik ou Attatba afin de ramener légumes et fruits qu'ils exposent aux passants. Il n'est point question de risques liés aux arrêts momentanés et les ralentisseurs semblent faire leurs affaires puisqu'ils suscitent les arrêts. Dans le dédale des baraquements se cache ce qui reste du mur de l'enclos d'une ancienne porcherie coloniale. C'est là que se sont érigées ces habitations où les conditions d'hygiène sont loin de répondre aux normes. Les indigènes qui travaillaient chez les colons habitaient en face, là où sont édifiées aujourd'hui les résidences RHP, une école primaire et une mosquée. Manquent une salle polyvalente et un stade. « Nous n'avons que la route nationale pour unique occupation », constate un jeune scolarisé en 2eAM. La file des jerricans de 20 l s'amenuise à mesure que le temps passe. « Le robinet d'eau potable laisse couler l'eau jusqu'à 13h ou 14h et il faudra attendre le lendemain », dira un père de famille. Est-ce suffisant pour tous les besoins de trois personnes occupant un baraquement ? Ailleurs, cette quantité ne suffit pas à une seule personne. Les indus occupants de cet espace public appréhendent toujours le moment où des décisions d'évacuation de l'endroit leur seraient adressées. « On ne se rappelle de notre existence qu'au moment des élections avec des promesses qui nous font entrevoir une vie meilleure puis c'est le silence menaçant. » Quelques jeunes se débrouillent des boulots à Zéralda, Blida et dans des chantiers qui voient le jour un peu partout autour de la Cité communale, d'autres érigent des tables au pied des platanes et proposent légumes, fruits et volaille. Pas de vacances pour les jeunes enfants, pas d'assistance sociale et un penchement quasi naturel vers tous les vices. Discrètement, un jeune parle de commerce de drogue et de vol dans les gares routières et arrêts de bus de Blida et Koléa.
Marché informel au gré des saisons
Entre la Cité et Oued El Alleug, pas loin du siège de la Gendarmerie nationale, se dresse une procession de ballons, nageoires, matelas pneumatiques et bouées propres aux joies de la mer. Hichem, 20 ans, exclu du collège depuis quatre années, avoue s'adonner à ce commerce en famille et qu'il demeure la journée entière sur le bas côté de la route à proposer ses produits. « Nous nous entraidons mes frères et moi depuis six années et c'est tout ce que nous avons trouvé comme commerce. » L'approvisionnement se fait au niveau du marché d'El Harrach et la marge bénéficiaire ne dépasse guère les 20%. Hichem trouve normal que l'Etat ne les aide pas et qu'ils doivent se débrouiller seuls : « Les 10 locaux de la Cité ont déjà trouvé leurs propriétaires avant que la première pierre n'ait été posée », confiera-t-il. « C'est un Etat où seul le riche peut encore s'enrichir et le zaouali demeurera zaouali toute sa vie. » Blasé à 20 ans, aucune morale ne peut lui être enseignée : « Les règles du jeu ne sont connues que des ‘'s'hab dawla'' et tout le monde sait que nous n'aurons rien malgré le pétrole qui coule à flots », dira-t-il avec un regard perdu vers le nord en direction de la mer, source d'espoir d'une vie meilleure. Comme un spectateur de rencontres de tennis, ses yeux vont des véhicules rentrant sur Blida à ceux qui se dirigent vers la mer : gauche-droite ; les voitures neuves peuvent être comptabilisées, celles conduites par les jeunes filles ou jeunes femmes, les autres qui emmènent de jeunes garçons rieurs. De nouvelles classes dans la société algérienne, avec une ostentation difficile à supporter quand on n'a pas le sou. En pleine Mitidja, dans les riches terres agricoles, à quelques dizaines de kilomètres de la capitale d'un des plus riches pays d'Afrique, des jeunes montrent leur désespoir et ne rêvent que de vivre à l'étranger avec tous les dangers que cela comporte. Le rêve est au bout et le cauchemar ne réside que dans la mort par noyade.


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