Résumé de la 2e partie n Tout en sachant la liaison de son compagnon avec une serveuse de restaurant, Françoise refuse la séparation d'avec Erni... Et le procureur fait comprendre au président qu'il peut poursuivre. Ce qu'il fait, en le remerciant d'un signe de tête. «Quoi qu'il en soit, ni l'accusée ni Erni Schmidt n'ont rien décidé et, le lendemain soir, le témoin a quitté l'appartement comme d'habitude. Mais l'accusée ne put rester chez elle. Elle courut vers sa Fiat 500 et se mit à parcourir le quartier. Lorsqu'elle aperçut la victime Erni Schmidt, celui-ci n'avait pas pris sa voiture. Il marchait sur le côté gauche et lui tournait le dos. L'accusée dirigea sa voiture vers lui. Il y eut un fracas. Le témoin fut lancé en l'air et retomba sur l'asphalte. Il était sans connaissance. «C'est avec une commotion cérébrale et de nombreuses contusions qu'il fut hospitalisé. L'accusée fut incarcérée provisoirement. Aujourd'hui, elle comparaît devant nous, accusée de tentative de meurtre contre Erni Schmidt.» Dans le silence qui suit le récit du président, tous les regards se tournent de nouveau vers le procureur. Dans les rayons de soleil qui tombent des étroites fenêtres, on voit son crâne luisant dodeliner gravement : «Messieurs les jurés, déclare-t-il, nous nageons dans l'absurde... Mais l'absurde ne doit pas vous faire oublier que nous sommes ici pour rendre un jugement et que derrière cette absurdité se dissimule bel et bien une tentative criminelle passible de la prison à perpétuité. «Evidemment, vouloir écraser un homme avec une Fiat 500 c'est assez grotesque. Pourtant tel a été le cas. Et n'oubliez pas que si la Fiat 500 avait été une lourde Mercedes, Erni Schmidt serait probablement mort. «Evidemment, il paraît absurde de prétendre mettre son grain de sel dans les affaires d'un homme et d'une femme qui ont réglé entre eux un différend et affirment aujourd'hui s'entendre à merveille. Mais pas du tout. Au contraire, ce sont ces gens qui vous font injure. Je sais que mes apartés vous ont tout à l'heure choqués. Je voulais vous montrer que, parce que sans retenue, sans un certain respect des formes, tout procès tournerait vite à la farce et qu'il n'y aurait plus de justice possible. Or, j'estime que ce témoin principal réchappé d'une tentative d'assassinat, qui reprend soi-disant la vie commune avec la femme qui a voulu le tuer, ne respecte pas la justice. Il se fait acteur d'une farce organisée par la défense pour vous paralyser, messieurs les jurés. Il est difficile de punir lorsque la victime pardonne. Il est difficile de condamner lorsque l'on sait que l'on va séparer un couple et priver un enfant de la présence de sa mère. Ce n'est qu'une mise en scène à votre intention. «Mais je tiens à vous dire ceci : «Premièrement : il est évident que l'accusée a agi sous le coup de la jalousie et de la colère et qu'au moment où elle a heurté son amant, c'était dans un esprit de meurtre. A ce moment il lui était à tout le moins parfaitement égal qu'il meure après la collision. C'est donc bel et bien une tentative criminelle. «Deuxièmement : en ne condamnant pas cette femme, vous manqueriez à votre devoir de justice sans servir le moins du monde la cause de ce couple et de son enfant. Je suis certain que l'accusée et Erni Schmidt se sépareront définitivement dès la fin du procès. Si ce n'est à la fin du procès ce sera dans six semaines ou dans six mois. C'est probablement déjà entendu et réglé. Et s'ils étaient sincères ? Pensez-vous... Eh bien vous aurez le bon sens de comprendre que deux êtres qui ne s'entendent pas au point de vouloir s'entre-tuer ne pourront jamais avoir une vie de couple normale. A quoi bon vouloir favoriser l'union d'une carpe et d'un lapin ?» (A suivre...)