Artisanat - Le stand de M. Achour, sculpteur sur bois, a clairement «volé la vedette» aux autres artisans qui exposent depuis jeudi dernier au Palais de la culture Malek-Haddad. Cet artiste présente, au moyen d'œuvres étonnantes réalisées sur du bois mort et des troncs d'arbre délaissés, des scènes de la vie quotidienne, des huttes africaines, des calèches et de magnifiques voiliers qui ne cessent pas de surprendre des visiteurs souvent ébahis par sa dextérité et le soin qu'il apporte aux détails. Retraité d'une entreprise de fabrication mécanique, Achour, la soixantaine allègrement dépassée, occupe son temps libre à la sculpture sur bois, un violon d'Ingres qui s'est vite transformé en passion. C'est pourtant sur le tard que ce «dada» a pris Achour pour ne plus le lâcher. Le début de l'aventure a commencé en 2006 lorsqu'en vacances à El-Kala, dans la wilaya d'El-Tarf, ce bricoleur enthousiaste aperçut, dans une vitrine de la cité côtière, un voilier en bois. Sa passion est venue de là, car voulant acquérir l'objet, il s'est vu rétorquer qu'il n'était pas à vendre. «J'avoue que cela m'a énormément frustré, à tel point que l'idée de créer mes propres voiliers commença à germer dans ma tête», lâche-t-il. En fait de voiliers, Achour en a confectionné plusieurs types. Galions, goélettes, drakkars, chebecs ou caraques, aucun engin flottant propulsé par le vent n'a plus de secrets pour cet artiste. Au stand dédié à la sculpture artistique sur bois, une embarcation de Vikings, avec dragon sculpté en proue et en poupe du navire, suscite la curiosité de nombreux visiteurs. «Mon projet commence avec des recherches que j'effectue sur les caractéristiques et les spécificités du voilier que je veux réaliser, pour donner le cachet d'authenticité et de conformité à mon œuvre», souligne Achour, qui a aussi plusieurs autres «tours» dans sa besace. Des scènes de tous les jours, l'artiste sculpteur présente un prototype de la vie dans la campagne où, devant une maison de bois, une femme s'affaire à rouler le couscous dans une écuelle façonnée avec des copeaux de bois, quand une autre passe le couscous dans le tamis en hêtre alors qu'une troisième broie des graines de blé dans un moulin traditionnel modelé à partir de débris de bois. «Tous les produits utilisés proviennent de la récupération», affirme Achour, précisant qu'il s'approvisionne souvent en morceaux de bois récupérés de vieux meubles, de chaises, de cadres en bois, abandonnés, qu'il redimensionne selon ce qu'il veut en «sortir». L'outil principal utilisé pour la création des ces œuvres est la scie. Des lames dentées surgissent des petites merveilles créées avec passion, goût et avec, surtout, un luxe de détails et beaucoup d'originalité. Pour marquer sa participation au Salon de l'artisanat et fêter le cinquantenaire de l'indépendance, l'artiste sculpteur a façonné un soldat, vêtu de vert, le fusil sur l'épaule, visiblement prêt à en découdre pour défendre son pays. La figurine est parmi les produits les plus photographiés par les visiteurs du salon. «L'idée du djoundi m'est venue quand les responsables de la Chambre de l'artisanat m'ont demandé de participer à ce salon organisé dans le cadre du cinquantenaire du recouvrement de l'indépendance, je voulais rendre hommage, à ma façon, à ceux qui nous ont offert la liberté», dit-il.