Ce mot, les jeunes l'emploient à tout bout de champ : «Ne me fais pas de smir !», «Pas de smir, s'il te plaît !» «Il fait beaucoup de smir»... Quant à celui qui fait du smir, on l'appelle smirdis : c'est apparemment un mot composé, mais on ignore la provenance et la signification de ce «dis» ! Mais avant de chercher l'étymologie de ce mot, expliquons-le d'abord. Le smir, dit-on, c'est l'action de mettre quelqu'un dans la gêne, voire de lui faire honte en public. Un père ou une mère qui admoneste son fils ou sa fille devant tout le monde lui fait du smir ; un créancier qui réclame son dû fait du smir à son débiteur ; un enseignant qui interroge un élève sur une question à laquelle il ne peut pas répondre lui fait du smir ; contredire quelqu'un, le mettre dans l'embarras, c'est toujours du smir. La règle est de ne pas dire à quelqu'un qui se trompe qu'il se trompe pour ne pas lui faire du smir : «Tout, s'il te plaît, mais ne me fais pas de smir, attends que les autres ne soient pas là !» Quand la remarque désobligeante ou la réprimande est faite en privé, il n'y a pas, en effet, de smir. Entre parents ou amis, on peut se faire mutuellement du smir. L'origine du mot est loin d'être claire. Il y a bien, en arabe, un verbe, samara, qui présente plusieurs significations : passer la nuit à causer, veiller, crever l??il avec un fer rougi, couper le lait avec de l'eau, lâcher, clouer... «Clouer» est peut-être le sens du mot : ne cloue-t-on pas au pilori la personne que l'on accable de smir ? Mais aIlez savoir ! Il y a aussi le berbère smir (faire verser) : il s'agirait alors, pour celui qui fait du smir, de «verser dans la bêtise ou l'excès». Quoi qu'il en soit, le sens du mot est obscur... Ce qui ne l?empêche pas d'avoir la faveur des jeunes et des moins jeunes puisqu'il a fait intrusion dans le langage commun !