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«Tous les historiens doivent avoir accès aux archives»
Le chercheur français en histoire Maurice Mauviel :
Publié dans La Tribune le 05 - 07 - 2016

Pour l'écriture de l'histoire de la colonisation française de l'Algérie, «naturellement, tous les historiens doivent avoir accès aux archives, à toutes les archives», a affirmé, hier, l'auteur de Labyrinthe algérien : passé masqué, passé retrouvé, Maurice Mauviel, dans un entretien à l'APS, précisant que celles d'Aix-en-Provence (France) «très riches sont ouvertes à tous». Toutefois, ajoutera l'universitaire, il doit être possible, par les moyens de reproduction qui existent actuellement, de «faire en sorte que les deux pays puissent posséder un double des documents».
La question des archives occupe une place importante dans les relations algéro-françaises. Elle est même un des dossiers les plus sensibles. L'Algérie ne cesse de réclamer la restitution de ses archives, toutes ses archives, que l'administration coloniale a expédiées en France au lendemain de la signature des Accords d'Evian en 1962. Mais la France louvoie, manœuvre et diffère pour retarder cette remise d'une documentation qui apportera des preuves des crimes coloniaux. Pis, elle a même décidé de garder secrètes les archives de l'administration coloniale prétextant que ce sont des documents «internes» alors que la législation internationale est claire : les archives écrites sur le sol du pays colonisé reviennent à ce dernier.
Concernant l'écriture de l'histoire, Maurice Mauviel, dont l'ouvrage de plus de 400 pages, présente de nombreux Algériens et Algériennes ayant marqué l'histoire, dira que «pour le passé antérieur à 1945, par exemple, il existe de nombreuses sources qui ne retiennent pas suffisamment les historiens ou pas du tout parfois». Pour son ouvrage, il a précisé qu'il s'est «efforcé de suivre les leçons de Germaine Tillion qui souligne que l'histoire algérienne et l'histoire française (au sens large du terme) depuis 1830 sont liées», soutenant que l'historien de la colonisation en Algérie «doit posséder un minimum d'information sur les deux histoires et s'efforcer de les lier pour mieux appréhender le passé». «Autrement, a-t-il averti, on se condamne à une histoire unilatérale, partielle, tronquée et réductrice». «Beaucoup d'individus cultivés aujourd'hui, journalistes et historiens, ne s'attachent pas suffisamment à ce que je pourrais appeler la périodisation de la présence française en Algérie depuis 1830». «L'historien doit diversifier ses sources», car, «bien souvent, plus ou moins consciemment, il tend à utiliser celles qui vont dans le sens de son idéologie, de ses passions, de sa colère». C'est à cette démarche la plus objective possible qu'il s'est astreint dans la rédaction de son ouvrage, qui sera édité en Algérie chez El Kalima en septembre prochain. L'historien explique à ce propos qu'il n'a pas en tête de se «confronter» aux versions connues de l'histoire de la colonisation française, mais qu'il a «essayé de montrer que certaines sources, n'allant pas dans le sens de l'histoire qui prédomine, sont refoulées ou ignorées». «Je me suis efforcé dans mon livre de souligner le caractère vicié du colonialisme tout en mettant en lumière l'Algérie chaleureuse», dira-t-il, faisant remarquer qu'il a esquissé quelques aspects de la complexité qui n'apparaît guère dans l'historiographie actuelle (algérienne, française ou autre). M. Mauviel fera remarquer que les réactions, entretiens et recensions autour de son ouvrage montrent que les lecteurs sélectionnent «ce qui va dans le sens de leurs habitudes, de leurs préoccupations, de leurs lectures», souhaitant qu'ils «dépasseront leur horizon habituel pour embrasser l'ensemble».
Revenant à la colonisation de l'Algérie, il dira que c'était une revanche et une compensation à l'humiliation subie par la France en 1815 lors du congrès de Vienne, après la chute de Napoléon Premier. L'historien considère que la répression brutale contre El Mokrani, suivie d'une spoliation sans précédent des terres algériennes dans le Constantinois est en partie une revanche lâche d'officiers supérieurs et de généraux défaits en 1870 par les Prussiens, soutenant qu'en 1832 le gouvernement français ne savait pas encore ce qu'il allait faire en Algérie. «Il est important de connaître le contexte européen et la situation intérieure en France pour appréhender les comportements coloniaux en Algérie», a-t-il expliqué, affirmant que l'expédition de 1830 (Sidi Fredj) s'inscrit dans un cadre plus vaste qui préparait en quelque sorte 1830.
Au sujet des restes mortuaires des premiers résistants algériens, conservés au Muséum national d'histoire naturelle (Mnhn) de Paris, cet universitaire, qui reste préoccupé par la construction entre la France et l'Algérie de nouveaux liens, soutient les pétitions lancées en France et en Algérie appelant à les restituer à l'Algérie. «Les revendications de l'Algérie sont légitimes, mais on connaît le poids des institutions patrimoniales et culturelles de tous les pays. Une pétition circule je crois et je la signerai volontiers», a-t-il dit
A ce sujet, l'historien et chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d'Oran, Amar Mohand-Amer, a estimé, pour sa part, que le 1er novembre 1954 et le 5 juillet 1962 sont des moments de rupture et de basculement dans l'histoire de l'Algérie. «Fondamentalement, le 1er novembre 1954 et le 5 juillet 1962 sont des moments de rupture et de basculement dans l'histoire de l'Algérie», a souligné le chercheur, spécialisé dans l'histoire de la guerre d'Algérie, à la veille de la célébration du 54e anniversaire du recouvrement de l'indépendance nationale.
Pour l'historien, l'indépendance de l'Algérie n'a pas été un processus facile. Le FLN a toujours subordonné la fin de la guerre à la signature d'un accord global et c'est pour cette raison que le cessez-le-feu, le 19 mars 1962, a été proclamé juste après la signature des Accords d'Evian, une journée auparavant, le 18 mars», a-t-il estimé.
Le Dr Mohand-Amer a encore indiqué que 1962 reste une année de larmes et de sang avec le redoublement de férocité de l'OAS (Organisation de l'armée spéciale), notamment dans les grandes villes où elle s'est attaquée aux civils musulmans et européens et aux infrastructures pratiquant ainsi la politique de la terre brulée. Pour lui, l'histoire est le socle de l'unité nationale. «Les peuples qui ont donné à l'histoire toute sa place ont réussi à consolider leur ancrage historique et national», a-t-il affirmé.
De son côté, le Dr Benzenine Belkacem, chercheur et directeur du Crasc d'Oran, a estimé que la célébration de la double fête nationale de la jeunesse et de l'indépendance doit être une occasion pour réfléchir sur l'état des lieux de la recherche liée à l'histoire contemporaine nationale. «Le 5 juillet 1962 est un événement majeur de l'histoire de l'Algérie». Il est également une occasion pour les chercheurs algériens, notamment les jeunes d'entre eux, de réfléchir à l'état des lieux de la recherche liée à l'indépendance du pays, comment faire de cet événement un élément de réflexion pour l'intérêt de la nation, de la société tout entière.
R. C./APS


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