Emanuel Macron, candidat à la l'Elysée, ne pouvait pas faire le voyage d'Alger sans aller fleurir la tombe de Roger Hanin, fils de Victorine Hanin et de Joseph Lévy, lui-même fils de Salomon et Messaouda Guedj. Le symbole et les messages politiques liés à ce geste électoral sont évidents. La tombe de Roger dans le cimetière israélite de Bologhine qui jouxte les cimetières chrétien et musulman, symbolise fortement la coexistence pacifique des trois communautés de l'Algérie multimillénaire et des trois religions monothéistes, ainsi que les mémoires apaisées y afférentes. Emanuel Macron se devait donc de faire le déplacement. Roger Hanin d'Aïn Beida, de la Casbah, de la rue Marengo et de Bab El Oued à Alger, était en effet un homme polymorphe et un artiste polychrome. L'évocation de sa mort, de sa tombe, de sa carrière et de son souvenir, renvoie le chroniqueur à un texte testamentaire, une sublime déclaration d'amour indéfectible à son pays ancestral l'Algérie. Ce fut le premier avril 1999, dans les colonnes de l'Humanité. Le titre est tout un symbole pour tout ce qu'il évoque comme sens premier et second. Déjà le titre où tout est dit : «Je me dois à l'Algérie» ! A cette date, le grand Roger se posait la question essentielle de sa vie, en se demandant «où en suis-je de l'Algérie ?» Lui qui disait «mon pays», chaque fois qu'il évoquait l'Algérie, écrivit ces lignes de lumières et d'amour éblouissants : «L'Algérie ne me doit rien, mais moi je dois à l'Algérie. Je dois d'y être né, d'un père d'Aïn-Beida, d'un grand-père et de toute une lignée venue de la basse Casbah. Je dois à l'Algérie d'avoir vécu de soleil, d'avoir été nourri de son amour pudique et braillard, excessif et profond, ensemencé des cris de la rue, où j'ai appris la vie, la lutte, la fraternité...» Pour finir son ode de reconnaissance par cette affirmation qui valait profession de foi : «Je viendrai bientôt». Depuis, Roger, le Tigre qui se parfume à la dynamite au cinéma, Hanin de «Djamaâ Lihoud» à Alger est revenu dans sa ville natale. A plusieurs reprises et une ultime fois le 13 février 2015 pour y rester ad vitam aeternam ! Mais à sa mort, des sionistes et des racistes des deux bords de la Méditerranée avaient conjugué leurs efforts et redoublé de féroce crétinerie pour souiller sa mémoire. Et le présenter notamment comme un prosioniste défenseur de l'Etat d'Israël. Un fake, grossier montage, publié en effet par un site pro-sioniste et relayé alors par des réseaux proches du FN en France, avait été relayé, partagé et amplement commenté par une armée d'antisémites et de ségrégationnistes algériens, pour déshonorer, post mortem, Roger Hanin, dont il n'ont pas admis l'enterrement dans sa terre natale qu'il a toujours revendiquée comme sein maternel et berceau paternel... parmi ces profanateurs de sépultures, il y a des journalistes et des politiques, dont des islamistes, mais pas seulement. Au sujet de cet immonde monde, l'écrivain Philippe Claudel avait dit un jour que «l'idiotie est une maladie qui va bien avec la peur, l'une et l'autre s'engraissent mutuellement, créant une gangrène qui ne demande qu'à se propager». Cette gangrène, on l'a bien touchée du doigt sur les réseaux sociaux qui n'ont jamais porté aussi mal leur nom ! Et, foi du philosophe suisse Henri-Fréderic Amiel, «l'idiot n'a point de cervelle, mais il a le croc venimeux». On en a eu donc la consternante preuve à l'occasion des funérailles de Roger Hanin. A peine enseveli sous la terre natale, et voilà que sa tombe est symboliquement profanée, sa mémoire réellement souillée et son honneur allégrement bafoué ! Par une armée de crétins on line et des profanateurs en robes de procureurs post mortem ! Ces Jivaros antisémites, qui confondent imbécilement «Juif», «Israélien» et «Sioniste», en l'occurrence confession, nationalité et idéologie, ont relayé, partagé et commenté, ad nauseam, un faux texte attribué à Roger Hanin par un site de propagande sioniste. Précisément, un blog raciste et antimusulman français, shoah.over-blog.fr. Publication qui a détourné, en l'attribuant fallacieusement à Roger Hanin, une lettre raciste, anti-algérienne et pro «Algérie Française», adressée en son temps à l'acteur Djamel Debbouze, à l'occasion de la sortie du film «Indigènes». La lettre en question avait été publiée sur le site www.les 4verites.com par un ancien activiste de l'OAS durant la guerre d'indépendance de l'Algérie. Il s'agit de Roger Holeindre, journaliste, écrivain et militant d'extrême-droite, historique du FN et antigaulliste. C'est cette lettre que le Shoah-blog a falsifiée en adjoignant la signature de Roger Hanin, et en la «sortant» opportunément le jour de sa mort. Le but de la manœuvre était aussi flagrant que grossier : salir la réputation d'un immense artiste fier de ses racines algériennes et qui n'a surtout jamais glorifié l'Etat sioniste d'Israël comme un vulgaire Enrico Macias. C'est donc sur ce minable faux document que de fieffés imbéciles se sont appuyés pour déshonorer Roger Hanin. Et, du même coup, critiquer le pouvoir algérien qui aurait été, selon leur délire schizophrénique, coupable du crime de «deux poids et deux mesures» à l'égard de l'académicienne Assia Djebbar. Leur chef d'accusation : elle n'aurait pas bénéficié du même traitement, supposé de faveur, que l'acteur lui-même. Il se trouve aussi qu'une feuille de choux arabophone, raciste, antisémite, misogyne, intégriste, xénophobe, misanthrope et antikabyle, a publié le même faux du blog sioniste en question, en «Une», avec le titre racoleur de «ce que les Algériens ignorent de Roger Hanin qui a été enterré à Alger». Décidément, la dégueulasse crétinerie de certains n'a pas de limites, comme l'ignoble propagande sioniste ! La manipulation est d'autant plus cousue de fil blanc, que le nom d'Holeindre a été transformé en Holein, devenu, par miracle de la manip, Hanin chez les internautes. Et le tour manipulateur était joué ! En tout cas assez simpliste pour que des moutons de Panurge racistes et antisémites tombent dans le panneau. Ces antis-pouvoir, par principe et non pas de principe, ont saisi l'occasion pour dénigrer ce même pouvoir. Il en était ainsi de l'islamiste Abderrezak Mokri, opposant de guimauve. Il avait pointé lui aussi le prétendu «deux poids et deux mesures» du pouvoir en termes d'honneurs rendus le même jour à Assia Djebbar et Roger Hanin. Alors même que ce traitement fut parfaitement symétrique, comme constaté dans les faits. On le voit bien, l'antisémitisme est le frère jumeau du crétinisme médiatique, le sosie même de la cécité politique et de l'indigence intellectuelle. Enfin, comme le disait George Courteline, «Pauvre idiot, tout en vous, tout respire et trahit la démence !» Et, en fin de compte, «un benêt restera toujours benêt, un lourdaud restera lourdaud jusqu'à sa fin», comme l'affirmait Arthur Schopenhauer. Sauf que, comme le souligne le proverbe russe, le crétin peut être dangereux, étant donné «qu'être encombré d'un idiot est pénible, mais être encombré d'un idiot plein d'initiative est pire». N. K.