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A la fontaine de Sidi Djeliss, les Constantinois puisent leurs derniers souvenirs
Au cœur d'un quartier qui fut l'une des places névralgiques de la médina de Constantine
Publié dans La Tribune le 28 - 05 - 2009


Photo : A. Lemili
De notre correspondant à Constantine
A. Lemili
«Du haut de ses quatre-vingts ans, cheïkh El Hachemi se laisse caresser par les doux rayons du soleil bravant le froid pénétrant de janvier. Au cœur de Sidi Djeliss, un quartier qui fut un jour l'une des places névralgiques de la médina de Constantine, l'octogénaire est assis à même le sol sur une minuscule paillasse. Du haut de ses quatre-vingts ans, cheïkh El Hachemi se laisse caresser par les doux rayons du soleil, assis sur un doux tapis en alfa, adossé à une murette chancelante, vestige d'une ancienne demeure dont on semble avoir dénié la valeur historique. Le vieil homme paraît captivé uniquement par le bruit sourd et régulier du maillet de l'homme qui s'affaire dans la petite chaudronnerie voisine, l'un des derniers symboles vivants de ces vieux métiers en voie d'extinction.»
Des “s'ni” et “sinia” (plateaux de cuivre ciselé), des “kirouana” (petites bassines en métal), des “tandjra” (récipients où l'on chauffait de l'eau) et des “qattar”, alambics servant à égoutter l'eau de rose et de fleurs d'oranger, se dressent côte à côte à même le mur noirci et attendent d'être réparés, soudés ou réemboutis pour être trempés dans une matière argentée qui leur fera retrouver leur lustre perdu.»
Ce sont, là, deux paragraphes pris au hasard parmi un chapelet d'écrits (expurgés d'une note de présentation du consulat de France sur le patrimoine algérien) tout aussi nostalgiques les uns que les autres et qui ne peuvent finalement que donner avec la plus grande précision l'importance d'un quartier de la vieille ville, la vraie vieille ville, celle que d'aucuns parmi les derniers citadins qualifient non sans ergoter de «soura't lebled» (nombril de la cité).
Il en existe encore de plus parfaits et plus proches de la réalité parce qu'écrits par l'un de nos confrères (B. Hamidechi), plus imprégné que tous de la ville de Constantine dont il a vécu et vit encore pulsions et pulsations. Mais Sidi Djeliss, c'est beaucoup de choses, de souvenirs et d'effluves mnémoniques qu'un simple
arrêt sur la fontaine qui, éternellement, trône sur la place, peut tout résumer.
Une fontaine qui a vu défiler des générations et des personnages illustres entre politiques, hommes de culture, de religion, sportifs, scientifiques aussi bien algériens, parfois, toutes nationalités et religions confondues.
Sidi Djeliss est, aujourd'hui, immensément désert de jour comme de nuit. L'essentiel de ses habitants a été déplacé, et que l'expression nous soit accordée, un «Exodus» que ne traduit que la douleur intérieure toujours vivace éprouvée par ceux qui y sont nés ou qui ont vu disparaître ceux qui les ont enfantés au début du siècle dernier.
Seule, donc, la vieille fontaine et tout aussi jeune par la fraîcheur qu'elle exhale, d'une part, et des bienfaits qu'elle dispense aux gens, généralement humbles, ou aux touristes de passage qui y viennent obligatoirement comme dans un ultime pèlerinage presque testamentaire à l'endroit de leur descendance.
Point de chute de tous les visiteurs lors de la guerre de libération nationale, petit souk quotidien et qui gagne en importance une fois par semaine, tout y était disponible : fromage, poulet de ferme, œufs, lait de vache et petit lait. Ces deux derniers produits étaient vendus dans ce que l'on nommait la «qasma». Autrement dit, un paysan rapportait une outre de petit lait, proposait un prix et le modulait en fonction du nombre d'acheteurs. Une fois
l'affaire conclue, il se chargeait de vider mesure par mesure à égalité l'outre jusqu'à épuisement du contenu.
La fontaine de Sidi Djeliss, grâce à la profusion d'eau débitée, permettait la parfaite hygiène des produits commercialisés et plus particulièrement l'état des lieux impeccablement restitués une fois le marché levé.
Aux cris des vendeurs venait alors en écho celui asséné par le maillet des dinandiers à l'ouvrage ou encore le gazouillis des oiseaux prompts à récupérer en rase-mottes tout ce qui pouvait l'être en grains de blé tendre.
Ces bruits, ces clameurs ou encore les murmures des élèves fréquentant l'école Jules Ferry, les déplacements furtifs des femmes en «mlaya» se rendant au bain, font partie dorénavant du passé et remplacés par un tumulte indéfinissable.
Quant à la fontaine, elle permet encore de sauver les apparences pour ceux qui n'arrivent pas encore à se départir de leur nostalgie.


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