La sélection nationale de football a provoqué de très fortes sensations au sein de la population algérienne ces derniers mois. Sa qualification au Mondial sud-africain, après un parcours des plus difficiles, a été perçue comme un couronnement logique de tous les efforts fournis par Ziani et ses coéquipiers. Elle a surtout montré à quel point les Algériens, avides de bonnes performances, peuvent s'unir autour de leur équipe, en premier lieu, et du drapeau national, par la suite. L'engouement créé autour de la sélection est sans pareil. Il n'y a qu'à voir la rapidité avec laquelle se sont écoulés les 55 000 billets du match Algérie-Serbie, prévu mercredi prochain au stade du 5 Juillet. Des dizaines de milliers de personnes, venues des différentes régions du pays, se sont déplacées vers le stade afin d'acquérir un billet d'entrée qui va leur permettre de suivre, à partir des tribunes, cette rencontre. Il faut rappeler que cet intérêt pour les Verts s'était amplifié au mois de juin de l'année dernière lorsque, à l'occasion de la seconde journée du troisième tour des éliminatoires jumelées de la CAN et de la Coupe du monde, l'Algérie avait battu, au stade de Blida, la sélection égyptienne sur le score de trois buts à un. Lors de la première journée, qui s'est jouée au mois de mars de la même année, les Verts étaient revenus du Rwanda avec le point du nul (0-0). Au-delà du fait que la rencontre face à l'Egypte, jusque-là double champion d'Afrique, avait un cachet particulier, étant donné que les matches entre les deux équipes ont, de tout temps, été assimilés à des «derbys», c'est la manière dont les Verts ont remporté le match qui avait donné l'espoir aux Algériens de se qualifier au Mondial. D'autant que l'Egypte avait été accrochée chez elle lors de la première journée par la Zambie (1-1). L'Algérie a eu, à l'issue de cette seconde journée, trois points d'avance sur son adversaire. A partir de là, tout est possible. Avec un esprit de gagneurs donc, les Fennecs se sont déplacés en Zambie et ont remporté une victoire (2-0). La phase retour, qui a débuté au mois de septembre dernier, est quelque part avantageuse pour les Algériens puisqu'ils reçoivent deux fois de suite la Zambie puis le Rwanda, même si l'ultime match se jouera en Egypte. Effectivement, les Verts avaient remporté ces deux matches de Blida. Mais, au même moment, les Egyptiens revenaient dans la course à la qualification, eux qui ont également enchaîné plusieurs résultats positifs. Le dernier match du Caire est ainsi devenu décisif pour les deux équipes. Pour se qualifier, l'Algérie ne devait pas, dans le pire des scénarios, perdre par une différence de deux buts, synonyme d'un match d'appui. Malheureusement pour les Verts ce scénario se réalisa. Mais, auparavant, une vive polémique avait éclaté entre les deux parties suite à une agression violente de la délégation algérienne par des supporters égyptiens, deux jours avant la rencontre, un caillassage qui a causé trois blessés parmi les Verts, en l'occurrence Halliche, Saifi et Lemouchia. Cet événement fâcheux souleva la consternation de toute la famille footballistique. Seulement, la Fédération internationale de football (FIFA) ne l'a pas vu ainsi. Le match a donc été maintenu, dans les conditions que l'on sait et l'Egypte l'emportera sur le score de deux buts à zéro. Le match barrage se jouera quatre jours plus tard au Soudan. Un choix, précisons-le, des Egyptiens. D'énormes manifestations de colère, après l'agression de l'équipe algérienne, ont eu lieu dans différentes régions du pays. Des centaines de milliers de supporters scandent des slogans à la gloire des Verts. Ils réclament également des moyens pour pouvoir effectuer le déplacement à Khartoum afin de soutenir la sélection. La compagnie aérienne Air Algérie décide d'organiser un pont aérien. Les sponsors affluent pour financer le billet. En l'espace de quelques jours seulement, la machine s'est mise en branle. Plus de 10 000 supporters ont pu se rendre dans la capitale soudanaise. Le 18 novembre, l'Algérie remporte ce match sur la plus petite des marges grâce à un magnifique but de Antar Yahia. Les Verts sont qualifiés au Mondial. Des millions de citoyens ont manifesté leur joie pendant plusieurs jours. Les joueurs, arrivés le lendemain du match, ont été accueillis comme des héros. L'Algérie revient sur le devant de la scène footballistique internationale après une absence de vingt-quatre ans du plus grand événement footballistique. Mais, cela n'a pas suffi, pour l'instant du moins, à donner un «souffle» au Championnat national dont les matches se jouent, souvent, à huis clos. Si les rencontres de la sélection nationale provoquent un engouement extraordinaire, c'est la chose inverse qui se déroule pour ce qui est des empoignades du championnat. Cela s'explique, peut-être, par le fait que l'ossature de l'EN est composée majoritairement de joueurs évoluant à l'étranger. Le championnat ne produit presque plus, sauf à de rares exceptions, d'éléments pour la sélection. En tout état de cause, quel que soit le regard que portent les supporters sur le Championnat algérien, pour plus d'un, il est impératif que les autorités compétentes profitent de cette dynamique pour impulser des réformes sérieuses dans le secteur sportif en général. Les Algériens savent apprécier le rendement de leur équipe. Et cette dernière est applaudie même en cas de défaite, pour peu qu'elle produise un football de bonne facture. L'élimination en demi-finale de la Coupe d'Afrique des nations, en Angola, face à l'Egypte, et sur un score lourd, en est la preuve. A cette occasion, beaucoup de supporters se sont déplacés à l'aéroport Houari Boumediene pour accueillir leurs Verts. A. A.
