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20 mai 1957: La Bataille de Sidi Semiane à Cherchell (Première partie)
Publié dans Le Maghreb le 05 - 07 - 2012


Par OULD EL HOCINE Mohamed Cherif
Sidi Semiane (Cherchell) est à mi-chemin des monts du Zaccar et de la mer. Situé au cœur de plusieurs douars il fait partie du territoire de la wilaya IV (zone II, région III). Il est relié à la vallée du Chélif par la route qui part de Cherchell et traverse les monts du Zaccar. Après la bataille de Sidi Mohand Aklouche du 26 avril 1957, lors de laquelle le commando Si Zoubir était sorti victorieux d'un grand accrochage avec le 29e Bataillon de Tirailleurs Algériens (B.T.A.), dont la base était installée à Fontaine-du-Génie (Hadjrat Ennous, Cherchell), nous étions demeurés dans la région, guettant d'autres occasions de batailles. La compagnie nouvelle - la katiba El Hamdania - avait été formée en faisant fusionner trois sections comptant chacune trente cinq moudjahidine, à savoir : la section de Si Djelloul Benmiloud (Cherchell), celle de Si Kaddour (Zeralda) et le commando Si Zoubir. Nous avions donné à notre katiba le nom d'El Hamdania en mémoire de notre compagnon le chahid Si Hamdane, de son vrai nom Mohamed Benabderazak, qui était natif de Mouzaïa. Les chouhada Si Zoubir et Si Hamdane étaient des chefs braves, courageux et pleins de sagesse, dont l'aura et le prestige avaient largement dépassé les frontières de la wilaya IV, l'un de leurs plus hauts mérites militaires ayant consisté dans la planification et l'exécution de la grande et mémorable embuscade qui eut lieu le 9 janvier 1957 à Tizi Franco (Beni Menacer, Cherchell), qui comptera parmi les plus éclatantes victoires remportées par les maquisards de l'A.L.N. sur les forces armées colonialistes françaises. Au moment où la katiba El Hamdania se trouvait dans le douar Hayouna, un agent de liaison vint nous apporter une lettre du capitaine Si Slimane, dans laquelle il disait que les soldats français avaient pris l'habitude de faire des incursions fréquentes et répétées au douar Nouari, près de Sidi Semiane, dont ils martyrisaient les habitants, et que de ce fait il y avait lieu de se rendre sur place pour mettre fin aux agissements humiliants et néfastes de la soldatesque française. Il nous fallait effectuer une longue et harassante marche de plus de trois heures pour arriver à Sidi Semiane. Aussi sommes-nous partis de Hayouna à 23 heures pour pouvoir atteindre Sidi Semiane à 3 heures du matin. Suivant le plan d'attaque arrêté par Si Youcef, Si Ali et Si Moussa, la section de Si Kaddour avait commencé par aller prendre position en face de Sidi Semiane, à proximité du Djebel Lemri; quant aux deux autres sections, elles étaient parties s'embusquer tout près du bord de la route, à l'orée du bois situé derrière le douar Nouari. Aux environs de 4 heures du matin, nous avons commencé à entendre le ronflement des moteurs des transports de troupes. Si Moussa s'était mis à circuler d'un groupe à l'autre, nous enjoignant de bien nous camoufler et d'être très prudents. La journée s'annonçait très difficile. Nos guetteurs nous avaient fait savoir que deux importants convois militaires se dirigeaient vers nous en provenance du littoral, le premier arrivant par l'oued Messelmoune et le second par l'oued Sebt. Ces convois arrivaient de Cherchell, Novi, Fontaine- du-Génie, Gouraya et Dupleix, l'ennemi ayant concentré ses forces pour opérer un grand ratissage. Il nous était impossible de quitter notre position sans risquer de nous faire repérer. De toute manière, il était trop tard pour que nous puissions battre en retraite devant cette massive concentration de troupes ennemies, et nous étions donc obligés de leur faire face, malgré la disproportion effarante des forces déployées par l'armée française avec la centaine d'hommes que comptait notre compagnie. Le soleil commençait à se lever et nous pûmes voir à ce moment-là des flopées de soldats débouchant du Djebel Lemri, puis se mettre à courir pour aller prendre position face à la section de Si Kaddour. Les soldats français venant de Miliana, El Khemis, Aïn-Defla, et des autres postes militaires environnants ne s'étaient pas encore rendu compte de la présence de la section de Si Kaddour, qui se trouvait derrière eux et risquait donc de les attaquer. Quant aux soldats qui étaient venus de la vallée du Chelif, derrière le Zaccar, ceux-ci commencèrent tout de suite à descendre vers l'emplacement des deux autres sections de notre katiba, ignorant manifestement l'emplacement de celle de Si Kaddour. À notre immense surprise, nous voyions le dispositif d'encerclement qui resserrait son étau autour de nous. Une fois de plus, nous étions victimes d'une trahison, tel que nous en avions déjà fait l'expérience un certain 26 avril 1957 à Sidi Mohand Aklouche! L'ennemi connaissait notre emplacement de façon exacte. Nous nous retrouvions ainsi pris au piège à cause de la trahison manifeste d'un agent double, qui avait réussi à se jouer de la vigilance de nos propres réseaux de contre-espionnage. Nous venions de comprendre pourquoi Si Kaddour n'avait pas attaqué les soldats qui, inconsciemment, étaient venus se poster en offrant leurs arrières aux tirs des fusils des hommes de sa section: il s'était rapidement rendu compte que l'ennemi concentrait ses forces autour des positions des deux autres sections, sans toutefois inclure la sienne dans leur plan tactique. Au moment où l'étau refermait ses mâchoires autour de nous, l'aviation ennemie s'était mise à son tour de la partie, et nous vîmes surgir plusieurs appareils qui commencèrent à tournoyer dans le ciel, virant sur l'aile, puis fonçant en piqué, avant de remonter pour continuer leur survol de Sidi Semiane, communiquant nos positions exactes au PC opérationnel. Tout près du douar, nous pouvions entendre les harkis qui criaient, chantaient et dansaient de joie, en nous lançant : "Vous êtes tombés dans notre souricière, rendez-vous donc, bande de sales communistes !" Pour un traquenard, c'en était bien un, et des plus vicieux encore! L'aviation n'arrêtera pas de bombarder nos positions pendant plus d'une heure. Fort heureusement pour nous, il y avait de grands rochers à l'intérieur de la forêt qui nous fournirent d'excellents et très salutaires abris contre les tirs aériens. Après le départ des appareils ennemis, nous nous sommes enfin résolus à bouger, pour tenter de briser l'encerclement infernal dont la nasse se refermait de plus en plus étroitement sur nous. Nos chefs tentèrent alors d'opérer une sortie rapide et vigoureuse sur la droite, et nous avons suivi leur exemple, mais cela fut peine perdue, car l'ennemi avait installé plusieurs mitrailleuses tout le long de la route, ainsi que des milliers de soldats en position de combat, qui, sûrs de leur faits et pleins d'arrogance devant la modestie de nos effectifs et de nos moyens, avaient l'air de nous dire : "Allez donc! Avancez, venez, nous vous attendons de pied ferme." Ayant rapidement étudié notre situation, nous nous sommes dit que si nous engagions le combat de ce côté pour briser l'encerclement et passer, nous devions ensuite compter avec l'oued (qui était large et profond) dont la traversée nous demanderait beaucoup de temps, sans oublier que nous serions alors totalement à découvert, nous offrant en cibles privilégiées pour l'aviation ennemie. Sur l'autre flanc de la montagne, des hélicoptères de type "banane" vomissaient leurs chargements de troupes, nous coupant toute possibilité de retraite du côté droit. Si Moussa revint en arrière et nous entraîna à sa suite pour tenter une échappée du côté gauche. Mais ce fut pire encore, car des milliers de soldats occupaient toute la surface d'un terrain plat et découvert, ce qui nous contraignit de regagner rapidement notre position initiale au cœur de la forêt. Si Moussa conservait tout son calme au milieu de cette situation apparemment sans autre issue possible pour nous que la mort ou la capture par l'ennemi avec tout le cortège de souffrances qui en serait la conséquence inéluctable. Ce fut d'un ton à la fois ferme et serein qu'il nous dit: "Ne vous affolez pas, mes frères, et soyez courageux. Il nous est impossible de tenter une sortie par l'avant, car le gros des troupes ennemies nous guettent de ce côté-là. De plus, en agissant de la sorte, nous mettrions en péril la vie des habitants du douar Nouari, chose que nous ne nous pardonnerions jamais s'il devait nous arriver d'en être responsable! Pas d'issue non plus sur nos arrières, car la route s'arrête au rocher qui nous surplombe…" Tout cela débité sans panique ni énervement, sur le ton d'un simple constat des faits. En plus de ses capacités militaires prodigieuses, ce que nous admirions le plus chez Si Moussa Kellouaz El Bourachdi, c'était sa parfaite maîtrise de soi dans les pires moments de la vie périlleuse et mouvementée du maquisard. Pas le moindre tremblement dans la voie, pas une seule lueur d'incertitude dans le regard. Nous en étions toujours au même point, quand, soudain, un porte-voix grésilla et nous entendîmes ces paroles: "Kellouaz Moussa, c'est moi le commandant Gaudoin, tu te souviens de moi, bien sûr! Rappelle-toi: nous avons fait la guerre d'Indochine côte à côte. Nous étions de sacrés bons copains, moi et toi, et nous avons cassé du Viet-minh ensemble. Alors maintenant, je te demande de te rendre avec tes fellagas, et je te donne solennellement ma parole d'homme d'honneur et d'officier que je ferai tout pour t'aider." Nous étions figés d'étonnement d'entendre ces paroles, et Si Moussa n'en fut sûrement pas le moins étonné! Ce dernier nous apprit que, durant la guerre d'Indochine, il avait le grade de sergent- chef, tandis que le commandant Gaudoin, lui, n'était alors que lieutenant. Aujourd'hui, ils se retrouvaient dans une autre guerre, d'un autre type celle-là, chacun dans son camp, avec un avantage certain pour le commandant Gaudoin, avantage qui reposait uniquement sur la supériorité numérique et matérielle… Le commandant Gaudoin continuait sa "bonne" action psychologique en faisant appel avec une patience consommée au "bon sens" de Si Moussa, en ne lui proposant pas moins que de se rendre.
Si Moussa nous dit : "Ne bougez pas, laissez-le radoter!" De l'intérieur du bois, on avait une vue parfaite, permettant de noter dans tous ses détails l'état du déploiement des soldats français dans le périmètre d'encerclement. "Kelouaz, continuait à brailler ce bon samaritain de commandant Gaudoin, je sais bien que tu es à l'intérieur et que tu m'écoutes. C'est vrai, je connais ton courage, tu es un preux soldat, un véritable héros, mais il est inutile que tu tentes quoi que ce soit, tu n'as aucune chance de te sortir, toi et tes compagnons, du pétrin où tu es, rendez-vous donc tous avant qu'il ne soit trop tard pour vous, sinon vous êtes tous condamnés à périr." Nous nous demandions avec appréhension ce que l'ennemi allait tenter contre nous. Ce fut l'artillerie qui entama la curée en pilonnant nos positions avec les canons 105 sans recul et les mortiers 75 durant toute une heure. Nous n'avions pas quitté nos abris de fortune derrière les gros rochers qui, tels des menhirs, dressaient verticalement leurs masse imposante dans la forêt où nous nous étions réfugiés. Si Moussa tenait toujours à entreprendre une percée de l'encerclement, projet téméraire, certes, mais qui semblait manifestement promis à un échec certain. Pendant que nous méditions sur notre sort, nous avions entendu des soldats qui discutaient au-dessus de nous. J'ai tout juste eu le temps d'alerter mes compagnons, et nous nous sommes immédiatement mis à l'abri. Nous ayant repérés eux aussi, ils nous lancèrent des grenades suivies de quelques tirs de fusil, qui, fort heureusement, ne nous atteignirent pas. L'aviation revint ensuite à la rescousse, cette fois avec des bombardiers B29 et T6 Morane, qui firent pleuvoir autour de nous une quantité impressionnante de roquettes et de bombes incendiaires, tandis que l'artillerie reprenait le pilonnage forcené de nos positions, et que les soldats y allaient de leur côté du feu de leurs mitrailleuses et fusils-mitrailleurs. Combien allions-nous pouvoir encore tenir face à ce déluge infernal ? Si Moussa nous ordonna de le suivre, en prenant garde aux flammes. Nous avons tenté alors de forcer le barrage de soldats sur notre flanc gauche, sans arriver cependant à le franchir ;nous avons tout de suite rebroussé chemin, le moral abattu devant ce mur de désespoir qui nous cernait impitoyablement. Mais Si Moussa, qui avait l'habitude de ces moments de détresse, était toujours là pour nous encourager et nous empêcher de flancher: "Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir!" nous disait-il sur un ton égal et sûr. Nous le suivîmes ensuite pour aller tenter notre chance du côté droit. Nous nous sommes alors mis à marcher en file indienne, sur une distance de 150 mètres dans une voie large d'une soixantaine de mètres, avançant péniblement dans une atmosphère brûlante et suffocante, car toute la forêt avait pris feu. Me tournant du côté droit, je m'aperçus que j'étais le dernier de la file, alors que le groupe de Si Brahim Khodja devait m'emboîter le pas. Le feu et la fumée nous avaient séparés! La forêt s'était vite transformée en une impitoyable fournaise. Après une rapide concertation, Si Moussa, Si Ali et Si Youcef décidèrent que nous devions foncer nous mettre à l'abri derrière une gigantesque masse rocheuse longue d'une quarantaine de mètres, qui, vue de face, offrait la forme d'un croissant. À la base de cette muraille monolithique, était un fossé d'environ 40 cm de profondeur, qui allait nous permettre de nous allonger sans redouter d'être atteints par les flammes. Nous entendions toujours des tirs sur notre flanc gauche: c'était le groupe de Si Brahim Khodja qui tentait une percée de son côté. L'accrochage durera une quinzaine de minutes, puis ce fut le silence. L'artillerie a de nouveau relancé l'accrochage, concentrant cette fois ses tirs sur le flanc gauche, c'est-à-dire sur le groupe de Si Brahim Khodja. Nos valeureux compagnons avaient pensé que leur offensive allait faire croire à l'ennemi que nous allions entreprendre une percée identique du côté droit, ce qui l'aurait porté à disperser sa puissance de feu. Si Djelloul Benmiloud, le chef de la section de commando, présent parmi les éléments du groupe de Si Brahim, qui était sous son commandement, avait préféré tenter une sortie désespérée, quitte à mourir les armes à la main, plutôt que de rôtir vivant! De notre abri, nous pouvions suivre sans difficulté tous les mouvements des soldats ennemis, qui, tout à coup, avaient commencé à se démener dans tous les sens. Ce qui nous fit deviner que nos frères du groupe de Si Brahim Khodja s'étaient résolus à tenter le tout pour le tout et avaient engagé un combat dont la puissance rageuse et sans recul avait pris de court la soldatesque ennemie. De notre côté, nous pouvions entendre toutes les conversations des soldats français, que notre nouvelle position nous permettait de voir, tout en restant hors de leur champ de vision. L'un d'eux disait: "Ah! mon commandant, si j'avais eu le mortier, mon commandant !…", ce qui nous fit comprendre que nos compagnons avaient réussi à passer, et que seule l'aviation avait pu les poursuivre. Il était une heure de l'après-midi, et il régnait une chaleur d'enfer. Le feu avait ravagé tous les arbres, et fort heureusement nous étions demeurés allongés sous le rocher, cependant que les flammes commençaient à décroître, laissant les troncs d'arbres poursuivre leur lente calcination au milieu d'un décor fumant et désolé. Une terrible soif s'était emparée de nos organismes que l'inhumaine chaleur ambiante continuait de dessécher. Devant cet état critique, Si Moussa fit de nouveau appel à un nouvel effort de résistance de notre part, nous assurant que nous n'allions pas tarder à passer ce dernier cap difficile pour aller donner ensuite une belle leçon aux troufions français qui s'étaient empressés de chanter victoire. Il voulait gagner du temps et tenir jusqu'au soir. La nuit était toujours avantageuse pour les moudjahidine, dont elle était l'ami sûr et discret, le masque et le bouclier… Ainsi, il nous sera plusieurs fois donné de constater que les soldats français refusaient le combat de nuit, parce que le manque de visibilité les privait immanquablement, en la circonstance, du soutien de leur aviation. De plus, ils redoutaient de tomber dans une embuscade sur le chemin du retour à leurs bases, ainsi que ce fut le cas à Tizi-&Franco (Menacer) et à Dupleix (Damous), respectivement le 9 janvier 1957 et le 28 février 1957. Soudain, n'en croyant pas mes yeux, j'ai dit à Si Braham Brakni, qui se trouvait à côté de moi: "Est-ce que tu vois ce que je vois? Est-ce bien des soldats qui arrivent vers nous? - Oui, c'est exact!", me répondit-il. Je m'empressais alors de faire passer l'information à Si Moussa, lui disant: "Des soldats français arrivent directement sur moi: que dois-je faire?" Comme nous étions allongés l'un derrière l'autre, nous pouvions transmettre de bouche à oreille nos messages, rapidement et avec la plus grande discrétion possible. La réponse de Si Moussa m'arriva rapidement : "Fais très attention, me disait-il, ne bouge surtout pas et ne tire que si tu ne vois pas d'autre solution." J'avais bien compris ses instructions : seul Braham Brakni et moi-même étions en mesure de tirer sur les arrivants, car nous étions allongés face à la direction d'où ils venaient.


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