S'il faut bien reconnaître que les sanctions prononcées par la commission de Kamel Mesbah dans l'affaire du match de Coupe d'Algérie entre le CABBA et l'ESS sont «incompréhensibles» du fait surtout qu'elles soient disproportionnées, il n'en demeure pas moins que les «réactions» des dirigeants des deux clubs voisins sont tout autant incompréhensibles voire indigestes. Le dossier qui a mis une longue semaine avant de connaître ses premières décisions, la ligue d'Abdelkrim Medaouar devant créer une commission d'enquête pour déterminer l'ampleur des dégâts en vue de prendre d'autres mesures envers les deux clubs incriminés, a fini par connaître un premier éclairage. Les incidents qui ont éclaté à la fin du match CABBA-ESS, mardi dernier à Bordj Bou-Arréridj, ne sont pas du seul fait des excités de l'équipe locale. C'est la principale conclusion à tirer à la vue des décisions prises par la CD/LFP présidée par Kamel Mesbah. Ce dernier était intervenu samedi passé à la télévision publique pour expliquer le pourquoi du retard pris dans le traitement du dossier, affirmant que mis à part les rapports des arbitres, ceux du délégué et chargé de la sécurité durant cette rencontre des quarts de finale de la Coupe d'Algérie n'étaient pas disponibles lorsque la commission de discipline a prononcé le premier verdict, jeudi. En l'occurrence, laisser le dossier ouvert et convoquer l'entraîneur tunisien de l'ESS pour la réunion du lundi 16 mars. Lundi, c'est au tour du président de la ligue Abdelkrim Medaouar de reprendre le fil des évènements en assurant que «personne n'influence» les décisions de la commission de discipline qu'il qualifie d'«indépendante» pour dire que ledit dossier, et d'autres par le passé et certainement ceux à venir, n'a jamais fait l'objet d'interventions d'en haut ou d'une quelconque partie. Medaouar savait bien que l'affaire qui a fait réagir officiellement le MJS ne pouvait être «jugée» de manière ordinaire. A savoir que contexte oblige, elle devait être jugée par le même jury mais dans l'esprit d'une juridiction d'exception. Et c'est là où les réactions des dirigeants des deux associations, le CABBA et l'ESS, se feront entendre. D'abord, les Sétifiens par la voie de M. Azzedine Arab «offusqué» par les sanctions infligées à l'Entente qui serait, pour lui et pour nombre d'observateurs d'ailleurs, une «victime» pas le bourreau. «Nous sommes sous le choc. Nous ne nous attendions aucunement à ce que nous soyons sanctionnés de la sorte alors que nos supporters étaient la cible de la furie des fans adverses», affirme le président du CA/SSPA qui annoncera que l'ESS introduira un recours pour contester ces décisions «injustes et illégales et faire valoir nos droits». De son côté, le patron du Ahly Bordj Bou-Arréridj, Anis Benhammadi, affichera son «étonnement» suite aux sanctions qui lui ont été infligées personnellement. «Ce n'est pas normal qu'on m'accable pour des déclarations faites avant le match. Dans ce cas, moi aussi il fallait m'entendre pour avoir ma version des faits», ironisera-t-il pour rappeler que la CD/LFP ne juge que les faits contenus dans les rapports des officiels. Dans la forme, les deux dirigeants ont totalement raison : les juristes de la commission de discipline ont été influencés par des ondes négatives et le verdict prononcé est en totale contradiction avec les lois et règles. Pour autant, dans le fond, le match CABBA-ESS a connu une fin «apocalyptique» et les causes de ces dérives ne peuvent être en dehors du cercle des acteurs et animateurs de ce derby par trop épicé pour faire honneur au football. Les deux clubs sont responsables à des degrés variables. Ils méritent d'être sanctionnés encore plus lourdement. Juste qu'il fallait s'assurer que le verdict soit conforme aux textes réglementaires qui, dans ce cas précis, sont restés muets pour au moins une raison : leur adaptation à un phénomène de violence devenu plus récurrent et plus ravageur et devant lequel le législateur algérien continue d'appliquer des textes désuets, dépassés. M. B.