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Coronavirus, médecine traditionnelle, fake news et réalités
Publié dans Le Soir d'Algérie le 12 - 04 - 2020


Par Amel Bouzabata(*)
Face à la pandémie de nouveau coronavirus connu sous le nom de Covid-19, avec 75 4948 cas de contamination, 36 571 décès au total dans le monde affectant 203 pays, et face à un système de soins défaillant vis-à-vis d'une transmissibilité redoutable, plusieurs pays tentent de trouver des moyens palliatifs persuadés du pouvoir préventif et curatif de certains remèdes traditionnels: médecine traditionnelle chinoise, aromathérapie, consommation excessive d'ail, de gingembre, rupture de stock de sirops naturels contre la toux, etc. Quelle est la situation actuelle de la pratique de la médecine traditionnelle face au Covid-19, quand on sait qu'aucun nouveau traitement médicamenteux ni de prévention vaccinale à l'efficacité prouvée n'ont été encore mis au point ? Le Covid-19 reste-t-il sous l'œil des divergences politiques et scientifiques ?
Qu'est-ce que le Covid-19 ?
Coronavirus ou CoV (du latin, virus à couronne) est le nom d'un genre de virus appartenant à la famille des coronaviridae, et doit son nom à l'apparence particulière du virus avec une frange de grandes projections bulbeuses ressemblant à une couronne solaire. Les coronavirus se transmettent de l'animal à l'homme. Les chauves-souris et les oiseaux sont des hôtes idéaux pour les coronavirus.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les coronavirus (CoV) forment une grande famille de virus qui provoquent des manifestations allant du simple rhume à des maladies plus graves telles que le syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS) et le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS).
Le dernier coronavirus qui a été découvert est responsable de la maladie à coronavirus 2019 (Covid-19). Le Covid-19 est la maladie infectieuse causée par l'agent infectieux SARS-CoV-2, découvert avec l'apparition de la flambée à Wuhan (Chine) en décembre 2019. La symptomatologie du Covid-19 est décrite par l'OMS comme bénigne, apparaissant de manière progressive: fièvre, fatigue et une toux sèche, avec parfois des douleurs, une congestion nasale, un écoulement nasal, des maux de gorge ou une diarrhée.
Quelle est la situation en Afrique ?
Le 11 mars 2020, l'épidémie de Covid-19 devient une pandémie, avec 75 4948 cas de contamination, 36 571 décès au total dans le monde, 203 pays sont touchés par cette épidémie. En Afrique, le Covid-19 a été retrouvé dans près de 40 pays. Les pays du Maghreb restent les principaux foyers du Covid-19. Selon les derniers chiffres officiels de l'OMS consultés en ligne le 31 mars 2020, l'Egypte, l'Algérie, la Tunisie et le Maroc ont respectivement enregistré 656 cas, 511, 362 cas et 574 cas. En Afrique subsaharienne, l'Afrique du Sud est le pays le plus touché avec 1 326 cas.
Fake news, Covid-19 et croyances populaires
Les croyances ont joué un rôle dans toutes les épidémies et à toutes les époques. On assiste dans la région de Ghardaïa aux convictions populaires du pouvoir magique de quelques ingrédients antiviraux et antigrippaux: thym, verveine, basilic, miel, huile d'olive, gingembre frais, armoise et cannelle. A la recherche de recettes traditionnelles, beaucoup croient dans le pouvoir miraculeux des plantes, renforçant leur immunité pour se protéger du Covid-19. Face à beaucoup de pratiques très populaires, l'OMS a publié en ligne des conseils pour en finir avec toutes les idées fausses perçues comme moyens de guérison du Covid-19. Manger de l'ail peut-il aider à prévenir l'infection par le nouveau coronavirus ? Selon l'OMS, l'ail est un aliment sain qui peut avoir certaines propriétés antimicrobiennes. Cependant, rien ne prouve que la consommation d'ail protège contre le nouveau coronavirus. Une autre fake news démentie par l'OMS: l'huile de sésame empêche le coronavirus de pénétrer dans l'organisme. A ce jour, aucune preuve scientifique ne valide les propriétés antivirales vis-à-vis de l'agent infectieux SARS-Covid-2 de l'huile de sésame.
Avec la pandémie du Covid-19, les fake news sur le coronavirus s'étendent partout dans le monde : des amulettes au Mexique pour se protéger contre le démon du Covid-19.
En Chine, un sirop dénommé «Shuanghuanglian» est considéré comme le remède miracle. Incroyable, déchaînement collectif, rupture de stock, queues interminables, au point que les autorités chinoises ont forcé les médias à publier que ce remède ne pouvait ni guérir ni prévenir le Covid-19. Mais en vain, la demande est toujours en hausse. Le Covid-19 entre populisme et scepticisme, ne serait-il pas un châtiment divin pour avoir affaibli des peuples déjà appauvri ? Beaucoup le croient.
Médecine traditionnelle et réalités
Actuellement, on parle de renforcer son système immunitaire. Alors s'agit-il d'un problème d'immunité, puisque dans 80-85% des cas, les symptômes disparaissent au bout d'une semaine à dix jours, alors que dans 15 à 20% des cas, une pneumonie s'installe entraînant une prise en charge en milieu hospitalier. Qu'en est-il des maladies infectieuses ?
Les médecines douces sont efficaces sur la base des choix des produits, qui permettent d'optimiser le fonctionnement du système immunitaire et renforcer sa réactivité. Pour cela, l'immunostimulation est présentée dans le domaine des aliments et des compléments alimentaires, comme une augmentation de la capacité à résister à une infection par exemple virale, ou bactérienne en période hivernale, par une augmentation de l'efficacité ou de l'ampleur de la réponse de l'organisme. Micronutrition, oligoéléments, homéopathie, phytothérapie, aromathérapie, médecine traditionnelle chinoise toutes sont dotées d'une excellente notoriété pour stimuler le système immunitaire, et ont été utilisées en première intention pour le traitement des maladies infectieuses, exemple: grippe, rhume, rhinopharyngite, mal de gorge, angine, laryngites, bronchites, sinusites. Beaucoup d'exemples d'espèces médicinales sont utilisés dans le domaine infectieux. L'échinacée est très utilisée pour renforcer le système immunitaire et efficace en prévention ou en début d'infection respiratoire. Selon European Medicine Agency, plusieurs essais cliniques ont démontré l'efficacité et la sécurité de l'échinacée dans le traitement des infections respiratoires.
Le ginseng est connu et vénéré depuis 4 000 ans, réputé fortifiant, revitalisant, dynamisant, des réactions naturelles de défense. Il est utilisé en association avec l'échinacée pour booster le système immunitaire contre les infections bactériennes, virales et les maladies auto-immunes. Ses propriétés sont attribuées à la présence de ginsénosides et de polysaccharides.
L'ail est très utilisé en période hivernale pour prévenir les infections respiratoires. Une étude publiée en 2009 dans Iranian Journal of Virology a montré que l'extrait d'ail inhibait in vitro la prolifération ainsi que la pénétration cellulaire du virus de l'influenzae (H1N1). Le potentiel protecteur du gingembre frais dans l'inhibition du virus respiratoire syncitial humain VRS ou HRSV a été décrit par le Journal of Ethnopharmacology. Les HRSV sont la cause la plus fréquente des infections respiratoires des jeunes enfants. La prescription de 300 g/mL du gingembre frais stimulait les cellules respiratoires à sécréter une protéine antivirale appelée interféron bêta.
De plus, les apports de certains oligoéléments sont également importants pour la réactivité du système immunitaire, exemple le cuivre, et le zinc. Les apports se font habituellement par une alimentation variée et de qualité. Les médicaments sont administrés lorsqu'une carence existe.
Au Maghreb, la consommation d'un mélange de céréales torréfiés, de légumineuses, et assaisonnée avec des épices (la marjolaine, la coriandre, l'anis et le fenouil), ainsi que des aromates tonifiantes, astringentes aux propriétés antiseptiques, est très populaire. Elle est connue sous le nom de «rouina» en Algérie, et de «bssissa» en Tunisie, riche en magnésium, en zinc et en calcium.
L'huile essentielle d'eucalyptus riche en eucalyptol (80-85%) est très utilisée dans le traitement des problèmes respiratoires. Elle aseptise les voies pulmonaires et fluidifie les mucosités pulmonaires. Elle est utilisée pour les frictions, inhalations, fumigations, et les diffusions dans l'atmosphère. Les propriétés anti-inflammatoires et anti-infectieuses de l'huile essentielle d'eucalyptus, ainsi que du 1,8-cinéole ont été confirmées.
L'huile essentielle de ravintsara obtenue à partir de la distillation des feuilles est fortifiante du système immunitaire, dotée de propriétés antivirales et anti-infectieuses puissantes. Elle est indiquée en prévention lors des épidémies grippales et affections rhinopharyngées.
Cependant, malgré le succès de toutes ces thérapies comme moyens préventif et curatif des maladies infectieuses, aucune recherche scientifique n'a prouvé leur efficacité dans le traitement du Covid-19.
La médecine traditionnelle chinoise (MTC) a joué également un rôle important dans la bataille contre l'épidémie de nouveau coronavirus. Selon la tradition chinoise, le système immunitaire du patient reste le point crucial à analyser dans la médecine chinoise traditionnelle. Dans ce cadre, un programme de prévention du Covid-19 a été lancé dans 23 provinces de Chine. Une étude publiée dans le Chineese Journal of Integrative Medicine a recommandé la racine d'astragale, la racine de réglisse, la racine de silère, le rhizome d'actractyle, le rhizome de chèvrefeuille et le fruit de forsythia à titre préventif contre le Covid-19. En dépit de cet enthousiasme, la communauté scientifique reste toutefois sceptique, vu l'absence de rigueur dans les essais cliniques. L'assurance de l'efficacité et de l'innocuité d'un remède traditionnel est nécessaire pour la sécurité des patients traités.
Actuellement, en raison de l'urgence sanitaire, la chloroquine ou l'hydroxychloroquine connues pour leurs propriétés antipaludiques ont été autorisées dans plusieurs pays en Afrique, ainsi que la combinaison chloroquine-azithromycine ou l'association Iopinavir/Ritopinavir pour le traitement des patients atteints au Covid-19. Depuis le 31 mars 2020, les autorités sanitaires algériennes ont décidé d'adopter la chloroquine comme traitement du Covid-19 à tous les cas confirmés.
En parallèle, le Burkina coopère avec le Bénin voisin, qui a, lui aussi, autorisé l'usage de la chloroquine à des fins thérapeutiques. Les deux pays conduisent un essai clinique international dénommé Api-Covid-19. Cette étude est coordonnée par une équipe de l'Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS), qui vise à évaluer l'efficacité clinique et virologique d'un médicament à base de plantes nommé Apivirine chez les patients atteints au Covid-19.
Toutefois, beaucoup reste à faire. Tout comme la découverte de la quinine de l'écorce du quinquina, ou de l'artémisinine de l'armoise annuelle connue pour ses propriétés antipaludiques, il faudra beaucoup de persévérance mais aussi de la chance, pour que le Covid-19 devienne un jour une source naturelle de médicaments.
A. B.
(*) Maître de conférences en pharmacognosie, Université Badji-Mokhtar, Annaba.


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